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Je le regarde avec des yeux ébahis. Les autres aussi. Après quelques minutes, le conseil se sépare et tout le monde s'en va, non sans murmurer entre eux dès qu'ils passent près de moi. 

J'ai la désagréable impression que tout se répète sans arrêt. C'est toujours la même chose. Depuis que je suis là, les mêmes événements repassent en boucle devant mes yeux. Et si tout ça changeait ? Même si les autres me haïssent, je pense que je ne suis plus à ça près. 

Est-ce que je suis si dangereuse que ça ? Oui. Mais pas pour les raisons qu'ils ont, eux. Moi je sais pourquoi. Je suis dangereuse parce qu'une partie de mon subconscient arrive à reconstruire les pièces du puzzle petit à petit. 

Sans m'en rendre compte, j'ai marché vers mon arbre. Je grimpe, et repose ma tête en arrière contre le tronc. 

Newt a dit qu'ils allaient réfléchir à mon cas. Ça veut dire que si je veux finir ce que j'ai commencé, je n'ai pas beaucoup de temps. Je vais m'enfuir. Avec ou sans les autres. Qu'ils me croient ou non. 

Pour me donner de la force, je soulève ma manche. Même si je ne me rappelle pas pourquoi, je sais comment j'ai fait ça. Et que j'avais assez mal pour vouloir en finir. Alors voir cette marque, juste là, ça me rassure. Je me dis que si je suis toujours là, c'est qu'il y a aussi une raison. C'est pourquoi je ne dois jamais arrêter de me battre. 

J'entends soudainement un bruissement. Quelqu'un marche vers moi. Je sais que ce n'est pas encore Thomas vu qu'il est au gnouf. Quelqu'un d'autre est au courant pour ma "cachette" ?

Je retiens ma respiration, ne tenant absolument pas à être découverte. Une tête blonde apparaît dans mon champ de vision. Il lève la tête et son regard vient se planter dans le mien. 

- Thomas m'a dit que tu serai là, dit Newt. 

Je ne réponds rien. Une vague d'agacement me traverse. Je ne voulais pas que les autres sachent où je vais quand j'ai besoin d'être seule. Constatant mon mutisme, il continue.

- Ça va ? 

- Vous avez terminé votre discussion, c'est ça ? Je demande en ignorant sa question.

- Non, je venais juste pour te dire que... c'est quoi ça ? 

Son ton paraît affolé. Son regard est fixé quelque part et je me rends compte qu'il s'agit de mon bras. Je me gifle mentalement en me rendant compte que je n'ai pas baissé ma manche, me rendant ainsi vulnérable. Je reste bouche bée, ne sachant pas quoi dire. 

Il répète sa question. Puis il me demande de descendre de l'arbre. Sans un mot, j'obéis. Je suis paralysée par la peur. Je m'étais jurée de garder ça secret. Et là, tout est parti en fumée. 

Ses iris plongés dans les miens, ses doigts s'enroulent autour de mon poignet. Il agrippe gentiment mon bras et son regard descend lentement de mes yeux jusqu'à la marque. Un éclair de tristesse envahit son regard. 

Je me surprend à penser qu'il m'est de plus en plus simple de deviner les émotions des gens qui m'entourent. 

Je suis toujours paralysée par une peur étrange. Des petits chocs électriques me parcourent tandis que sa main glisse sur la cicatrice. 

- C'est à cause de moi ? Il demande dans un souffle. 

Je pense un instant qu'il ne voulait pas réellement dire ça, mais j'y réponds quand même. 

- Non. Absolument pas. Pourquoi ça serait toi ? 

Est-ce véritablement une pointe d'inquiétude dans ma voix ? 

- Je... je sais pas. J'ai l'impression que tout est de ma faute depuis que tu es arrivée. Tu vas mal et ça se voit. Et comme je suis le seul à m'en rendre compte, j'avais peur que ce soit à cause de tout ce qui s'est dit toute à l'heure. Enfin, même si j'ai peut-être fait quelque chose sans m'en rendre compte et là...

- Hey. Je le coupe gentiment. C'est pas de ta faute. 

Ma main se place automatiquement sur la sienne encore en train de parcourir mon bras. 

- C'était déjà là quand je suis arrivée. 

- Et pourquoi tu l'as pas dit ? 

- Tu penses vraiment que ça aurait été une bonne idée de dire à qui veut le savoir que je voulais mourir avant d'arriver ici et que je vais porter cette marque toute ma vie ? 

- Non, bien évidemment que non. Désolé c'est juste que...

Il s'arrête. Je l'interroge du regard mais plus rien. 

- C'est pour ça que tu t'es précipitée dans le labyrinthe ? Pour mourir ? Il questionne finalement.

- Non. Enfin, je crois pas. Peut-être qu'inconsciemment je l'espérais. Mais je ne pense pas. J'avais juste besoin de réponses. Mais disons que si j'avais dû y laisser ma vie, l'idée ne m'aurait pas déplu. 

Il fronce les sourcils. Il semble réfléchir quelques instants avant de me regarder à nouveau. Cette façon qu'il a de communiquer avec ses yeux. J'ai l'impression qu'il fait exactement comme moi. 

Il attrape ma main et m'entraîne doucement. 

- Suis-moi, dit-il d'une voix emplie de douleur. 

Au premier regard | Newt & MarylynOù les histoires vivent. Découvrez maintenant