Partie 8

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C'est avec les mains sur la bouche qu'Andrea étouffait ses sanglots dans le taxi qu'elle avait emprunté. Après plusieurs minutes, elle se sentit soudainement bousculée. Elle se redressa et regarda désormais par la baie vitrée. Au lieu de voir sa maison, ce fut la devanture d'un restaurant qu'elle aperçut. Les idées complètement ailleurs, elle ne pipa mot. Chose qui parut étrange au taximan.

-- Alors, tu es d'accord pour prendre un délicieux repas avec moi ?
sortit-il à l'insu de la jeune femme.

Andrea essuya vite fait ses larmes.

-- J'aimerais bien monsieur, mais je ne peux pas. J'ai pas mal d'affaires à ranger chez moi. Et je...je ne vais pas très bien.

-- Vous n'aurez qu'à m'accorder trente minutes pour ce repas et puis voyons...laissez-moi avoir la chance de voir votre sourire. Cette belle jeune fille que je fixe n'a pas le droit d'être aussi triste, insista-t-il en enlevant sa ceinture de sécurité. Allez-y venez !

Il était trop gentil ! S'il n'avait pas été de l'âge de son père, Andrea aurait même cru qu'il lui faisait la cour.

-- Ok...d'accord. Acquiesça-t-elle en haussant les épaules.

Elle quitta le véhicule et ils cheminèrent jusqu'à l'intérieur du restaurant. Ils s'y installèrent.

-- Hum...que c'est mieux ainsi. Vous ne trouvez pas ? déclara l'homme.

-- Tutoyez-moi, j'en serai ravie.

-- Ok... Comment t'appelles-tu ?

-- Andrea Divine Mballa. Oh non, je viens de tracer tout mon extrait. Dit-elle en s'efforçant de rire sur le moment.

-- J'allais dire de même ! la taquina son interlocuteur. Alors qu'est-ce que mademoiselle aimerait déguster ?

" Mademoiselle" un mot auquel elle n'avait plus droit. Mais comment pouvait-il savoir si elle ne portait pas son alliance ? Les images de sa dernière année d'études secondaires lui vinrent subitement à l'esprit. Elle aimait tellement la compagnie de ses camarades, de ses parents, de Matteo....et de son amie Bria. En parlant de cette dernière, cela faisait plus d'une semaine qu'elle n'avait eu de ses nouvelles.

-- Tu m'entends ?

Andrea sursauta légèrement.

-- Oui oui, déclara-t-elle. Dis, vous êtes autant gentil avec tous vos clients ?

-- Oui, je m'arrange à toujours avoir de bonnes relations avec mes clients et pour ceux qui se montrent gentil(le)s avec moi, je ne manque pas de leur donner mon contact au cas où. Mais tu n'as toujours pas répondu à ma question !

-- Ah ok....je vois. Je prendrai un plat de ndolé.

-- Hum, le ndolé, s'exclama le vieil homme, pensant. Ce plat est si magistral. J'en ai mangé pendant toute une semaine pour relever un défi quand j'avais dix-sept ans. Mais à chaque fois que j'y goûtais, j'avais l'impression de découvrir pour la première fois ce plat.

Andrea fit un petit sourire rien qu'en voyant l'expression de visage de son hôte. Elle pensa également aux souvenirs que lui procuraient ce plat.

-- Ma mère l'aimait tellement qu'elle nous y obligeait, mon père et moi, à en manger quand nous ne le voulions pas. À chaque fois, mon père disait : "Qu'ai-je fait au bon Dieu ?". Le plus drôle, c'est que lorsqu'il goûtait, immédiatement l'expression de son visage changeait. Il criait toujours : "Oh que j'aime ma femme".

Déchirante Promesse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant