Partie 13

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Cela faisait plus d'une vingtaine de minutes qu'Andrea gesticulait dans sa chambre. L'embarrassante épisode de tout à l'heure l'ayant fait perdre l'envie d'émission télévisée, elle avait juste éteint l'écran et était montée se coucher. Néanmoins, une préoccupation l'empêchait de dormir.

Elle avait vraiment envie de parler à Dylan, bien qu'il soit tard, il fallait que Dylan sache pour ses intentions de travail car elle comptait le lendemain même, s'en trouver un. Elle voulait lui parler de ce sujet classé clos afin que l'irritabilité de ce dernier prenne le dessus, qu'il s'emporte et qu'il lui autorise ce chemin, contrairement à monsieur Marcabeli qui, lors d'un dîner, s'était catégoriquement opposé à ce qu'elle songe travailler.
  
Andrea se permit de penser que Dylan convaincrait son père à ce sujet puisqu'il ne "supportait pas de la voir" comme il le faisait remarquer.

Lorsqu'elle fit sentir sa présence par de petites tapes sur la porte, Dylan qui venait de raccrocher à son appel en cours avec Rachel se redressa.
   
   -- Attends-moi au salon, héla-t-il à sa femme, sur un ton fortement désagréable.

   Andrea souffla pour se donner de la force et alla s'installer au salon. Quelques minutes plus tard, Dylan se ramena au lieu de rencontre.

    -- Alors je t'écoute, dit-il.

    Il s'assit et déposa son téléphone sur la table. Andrea le regarda pendant quelques secondes, croisa les mains et se lança :

    -- Je sais que chacun de nous fait sa vie de son côté et qu'on en a déjà parlé avec ton père...

   -- Va droit au but tu veux ? 

        Andrea inspira et reprit moins confiante.

    -- J'aimerais travailler ! Affirma-t-elle.

    Tout en avançant un petit sourire moqueur, Dylan prit son téléphone portable qu'il déverrouilla à la minute même.

   -- Seulement ça ? demanda-t-il rhétoriquement. Pourquoi faire ? tes besoins ne sont-ils pas assez comblés dans cette maison.

    -- Tu pourrais m'accorder un minimum de respect et poser ton téléphone ou c'est trop te demander ?

Ne dit-on pas que après la tempête venait toujours le calme ? Eh bien avec Andrea, il était préférable d'inverser les mots.

     -- Règle numéro un, commença Dylan, dans cette maison, je fais ce que je veux, comme je le veux et quand je le veux.

"Mais pour qui se prend-il à la fin ? Jusque-là, j'ai été assez docile et gentille, mais s'il veut la guerre, il l'aura ! Je serai dure et rebelle", se dit Andrea.

    -- Alors la règle numéro deux sera "je cherche un travail quand je le veux".

    Elle se leva de sa chaise et s'éloigna de quelques pas.

    -- Tu ne te lèves pas de table quand je te parle.

    -- Tu n'utilises pas ton téléphone quand je te parle, riposta-t-elle.

    -- Je vois, on se joue la dure à cuire maintenant. Tu n'as pas le droit de travailler sous mon toit, et si tu veux savoir pourquoi, alors pars le demander à ton père qui t'a bien vendue pour la richesse, c'était dans notre contrat.

    -- Votre contrat, tu dis ? Répéta Andrea, sous le choc. Vous avez signé un contrat pour disposer de ma vie comme bon vous semble ?

    -- Ils en ont décidé. Tu sais pertinemment que je n'y suis pour rien. Tout ce que je souhaite, c'est que tu disparaisses de mon monde.

-- Ah, mais c'est la meilleure ça. Je suis juste une marionnette à vos yeux !

    Encore une humiliation, encore un secret découvert, encore une déception vis-à-vis de son père. Que lui cachait-il encore ? Andrea sentit ses yeux se remplir de larmes.

    -- Ne fais pas ta gamine alors que tu es loin d'ignorer pourquoi tes parents ont fait ce choix.

    -- Tais-toi ! Dylan, tais-toi, cria Andrea, à bout d'émotions.

    -- Ils ont préféré l'argent à leur propre fille.

-- Tais-toi s'il te plaît ! Je ne veux rien entendre.

    -- En gros, tu ne comptes pour personne en fait, tu es inutile pour la société et pour le monde.

-- Tais-toi !

Avant qu'il ne s'en rende compte, Andrea s'était jetée sur lui, le faisant, par la circonstance, tomber de sa chaise au sol. La jeune fille était incontrôlable. Elle tapait son époux. Encore et encore. Sans pour autant cesser de pleurer. Elle lui frappait la bouche par ci, le nez par là, le front, le torse. Ses mots étaient beaucoup trop difficiles à accepter. Ils lui avaient littéralement déchiré et brisé le cœur, ils avaient été comme une larme tranchante enfoncée dans une plaie de son corps. Elle n'avait demandé que la permission et non des insultes.

Comme pour se punir, Dylan se laissa battre par sa femme. Il ressentait toute la souffrance de cette dernière par les coups qu'elle lui assénait.

-- Tais-toi, tais-toi, tais-toi, dit Andrea entre quelques sanglots. Tu n'as pas le droit de me faire souffrir, tu n'en as pas le droit.

Elle se laissa tomber sur le torse de son époux, vulnérable et peinée. Pour la première fois, Dylan sentit le besoin de la prendre dans ses bras, mais il s'en abstint. Il la fixa sobrement.

-- Je suis désolé, déclara-t-il sans plus de manières.

Andrea releva la tête et fut frappée par leur proximité. D'un geste instantané, elle s'éclipsa de lui et s'assit juste en face, à même le sol.

-- Tu crois vraiment me détester, lui dit-elle avec beaucoup de peine. Tu penses me détester sans même avoir appris à me connaître. Tu m'as rejetée dès le départ alors que je ne t'avais rien demandé, alors que je souffre également de ce mariage forcé. Tu m'as humiliée devant Matteo  et même mes parents. Tu m'as ignorée, dénigrée, rabaissée. Tu m'as à plusieurs reprises regardé avec horreur, dégoût. Tu m'as fait comprendre que je n'étais rien pour personne et maintenant que tu as gagné, laisse-moi vivre. Dylan, je veux vivre. Ne plus être sujette à tes affrontements, je n'ai jamais demandé à t'épouser. Je n'ai jamais demandé à quitter Matteo, termina-t-elle, plus inconsolable que jamais.

-- Pardonne-moi s'il te plaît !

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Alors, qu'avez-vous pensé de la réaction d'Andrea ?

Selon vous, Dylan est-il vraiment désolé ou est-ce simplement le cours de l'émotion ?

Déchirante Promesse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant