Partie 30

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Andrea se retourna plusieurs fois sur le lit avant de sursauter brutalement. Elle se toucha le front et se sentit fiévreuse, une fièvre qui l'avait de nouveau fait rêver de Matteo. Ils étaient tous les deux dans un magnifique château, admirant du coin de l'œil les multiples vagues qui allaient et venaient s'écraser sur les rochers. Andrea se voyait le regarder avec joie et amour, et Matteo la serrer dans ses bras.

Revenant à la réalité, elle remarqua plusieurs photos de Rachel gisant ça et là, une montre d'homme à côté d'elle. Lorsqu'elle balaya la pièce du regard, Andrea aperçut un dressing ouvert à droite de l'endroit qui s'avérait être la salle de bain. Ce dressing couleur verte ciel lui confirma immédiatement où elle se trouvait. Son estomac se serra aussitôt. Son rythme cardiaque s'affola lorsqu'elle comprit que c'était la chambre de Dylan.

Andrea se leva brusquement et retomba à cause d'un fort vertige dû à la brutalité de l'acte. C'est à ce moment-là qu'elle remarqua avec attention sa main blessée. Si elle avait décidé plus tôt d'ignorer ce détail frappant, Andrea sut d'où lui venait ce bandage.

Dylan, C'était lui !

Elle essaya de se lever à nouveau, poussée par une envie soudaine de vomir. Andrea se traîna jusqu'à la salle de bain pour accomplir son devoir, puis se laissa tomber en larmes, les événements de la veille refaisant surface. La jeune femme tenta en vain de se lever, elle était bien trop faible pour cela. Trois jours qu'elle n'avait pas pris un vrai repas, ce qui était néfaste pour une femme enceinte. Andrea aurait voulu arracher son ventre si elle avait pu, elle ne pourrait jamais aimer ce bébé. Non, elle avait trop enduré pour que ce soit possible.

Épuisée, elle s'endormit une fois de plus. Pendant ce temps, Malika, revenue sous les supplications de Dylan qui lui avait promis de changer, traversa joyeusement le seuil de la cuisine. Une fois à l'intérieur, elle poussa un cri de peur en voyant le sang coagulé sur le carrelage. Malika remarqua des verres, des assiettes et des traces de chaussures d'homme sur le sol. Elle n'en croyait pas ses yeux. Qu'avait-il bien pu se passer?

Elle laissa immédiatement tomber les quelques tomates qu'elle avait achetées en route et porta ses mains à sa bouche. L'adolescente appela immédiatement son patron pour lui exprimer ses peurs. Celui-ci tenta de la rassurer en lui faisant comprendre que c'était malheureusement un accident qui avait été plus effrayant que grave et qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter.

Maintenant rassurée, elle nettoya la cuisine, rinça quelques légumes et prépara une salade pour Andrea comme Dylan le lui avait demandé. C'est pourquoi elle avait acheté des tomates. Il lui avait précisé que cette dernière devrait être dans sa chambre à l'heure convenue, car il savait par expérience que le réveil serait difficile pour son épouse. Malika ajouta une tranche de pain et un verre de lait au plateau avant de monter les escaliers. Elle pénétra dans la chambre lentement, cherchant du regard sa patronne. Ne la voyant pas, elle déposa le plateau et décida d'aller dans la salle de bain, attirée par la porte ouverte qu'elle apercevait.

S'abaissant à la hauteur d'Andrea, Malika murmura le prénom de sa patronne. Cette dernière, au lieu de se lever, se mit à crier à haute voix.

-- Non, arrête s'il te plaît, je t'en supplie. Dylan, s'il te plaît, ne me fais pas ça. Arrête. Je ne veux pas... s'il te plaît, ne me touche pas... arrête.

Ce fut un flot de sueur qui s'était comme emparé de la jeune femme. Andrea criait, secouait la tête en répétant toujours les mêmes choses.

-- Madame !

Elle leva le regard et heurta enfin la réalité. Cette réalité qui était qu'elle vivait toujours dans le passé.
Andrea observa un instant la jeune fille en face d'elle. Elle avança la main pour lui caresser le visage. Les larmes tombèrent immédiatement des yeux de cette dernière.

-- Tu m'aimes, demanda désespérément Andrea. Tu m'aimes n'est-ce pas ?

-- Oui Andrea, je t'aime, prononça la jeune fille avec toute la sincérité du monde.

Andrea referma ses doigts pour au final laisser tomber sa main au sol.

-- Pourquoi me déteste-t-il ?

-- Il ne te déteste pas, répondit Malika qui ne tarda pas à comprendre le "il" dont il s'agissait.

-- Pourquoi me traite-t-il comme un objet, une chose ?

Malika avala rapidement sa salive et resta confuse. Que dire ? Elle ne pouvait savoir pourquoi son patron agissait ainsi.

-- Malika, dis-moi si tu le sais, enchaîna Andrea, mettant de côté sa précédente question. Sais-tu que je suis enceinte ?

La jeune fille laissa l'étonnement s'emparer de ses lèvres. Sa patronne était enceinte ? Elle espérait de tout cœur que ce bébé n'était pas la conséquence de... Elle secoua la tête pour ne plus y penser.
Du haut de sa grande surprise, Malika n'affirma rien, laissant ses larmes parler.

-- Un bébé, c'est beau, tu ne trouves pas ? continua Andrea en souriant.

On aurait dit qu'elle était saoule, mais cette hypothèse devait être écartée de la liste de ses défauts.

-- Sauf que je déteste ce gosse.

Son sourire se figea à l'accompagnement de ses dernières paroles.

-- Ne dis pas cela, s'il te plaît, supplia finalement Malika.

-- Je n'ai pas voulu cette vie. Je n'ai pas voulu de lui dans ma vie. Je n'ai pas voulu de son bébé dans mon ventre. Je n'ai pas voulu toute cette richesse... juste Matteo. Lui ne m'aurait pas insultée. Lui ne m'aurait pas dénigrée. Lui ne m'aurait pas traitée comme un objet.

-- Désolée, je suis tellement désolée, Andrea.

-- Pourquoi pleures-tu, ma puce ?

-- Tu as tellement souffert, je...

-- Je ne souffre plus, termina Andrea d'une voix blanche. Je vis juste ma vie.

Malika se leva et l'aida à prendre place sur le lit, mais Andrea refusa, préférant rester au sol. Elle recracha immédiatement la première bouchée de salade qu'elle avala et se recoucha.

-- S'il te plaît, Andrea, fais un effort. Tu as besoin de force. Toi et le bébé.

-- Je ne suis pas enceinte, maintenant sors d'ici !

Déchirante Promesse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant