Partie 54

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Plusieurs minutes avaient précédé le grand tumulte engendré par le décès soudain de Monsieur Marcabeli. Les Mballa très vite informés, arrivèrent sur les lieux. Andrea ne put s'empêcher de courir dans les bras de son père pour exprimer son chagrin. Celui-ci, bien qu'éprouvant une profonde peine, ne versa pas une seule larme, contrairement à sa femme qui ne dissimulait pas sa tristesse. Dans un coin de la maison, tenant des documents de l'entreprise qui l'indiquaient comme le dirigeant, Dylan s'était assis pour pleurer son père. Rebecca, quant à elle, sortit immédiatement de la pièce pour ne revenir que quelques minutes plus tard.

Après quelques heures, les Mballa prirent congé de la famille. C'est alors que Dylan quitta sa cachette et rejoignit les autres. Il n'eut pas besoin d'appeler pour que le corps de son père soit pris en charge, car Raphaël l'avait déjà fait. Le jeune homme informa donc l'industrie de la triste nouvelle et ordonna que le lieu soit fermé jusqu'à ce que l'enterrement ait lieu.

-- Allons-nous en d'ici, dit-il après avoir raccroché.

Aucune des deux femmes ne prononça un mot. Elles avaient suffisamment observé pour comprendre que ce n'était pas le moment opportun et qu'aucun geste brusque ou mot déplacé ne serait le bienvenu. Andrea s'assit à l'arrière du véhicule, laissant ainsi Rebecca à côté de Dylan, tenant Christopher dans ses bras.

La voiture s'arrêta après de longues minutes de silence. Rebecca, habituellement si loquace, ne faisait que pleurer son cher oncle. Face à cela, Andrea eut une grande envie de la consoler mais se retint par crainte de provoquer une nouvelle dispute. Dylan descendit du véhicule, le visage impénétrable. Il pénétra dans le salon avant de prendre place sur un divan. Rebecca et Andrea le suivirent. Alors que l'une se dirigea vers la cuisine pour préparer un thé chaud pour son mari, l'autre préféra s'asseoir sur une chaise.

-- Combien t'a-t-il proposé pour ce travail ? interrogea soudainement Dylan.

Andrea lui apporta le thé mais il le refusa et ordonna à sa femme de partir. La jeune femme obéit immédiatement, craignant d'attiser davantage la colère de son époux.

-- Alors, vas-tu me dire combien il t'a proposé ou non ? reprit Dylan en direction de Rebecca.

Cette dernière feignit l'incompréhension, surprise par les paroles de son cousin.

-- Je ne vois pas de quoi tu parles, répliqua-t-elle. Que tentes-tu d'insinuer ?

-- Que tu travailles pour Roland.

-- Quoi ? s'étonna Rebecca. Moi travailler pour Roland Hassana ? Jamais. D'ailleurs, qui est cet homme ?

-- Tu ne le connais pas ? demanda expressément Dylan.

-- Non, je ne sais pas de qui il s'agit. Je ne l'ai jamais rencontré.

-- Et son nom de famille ? L'aurais-tu deviné ?

-- Non. À quoi joues-tu ? Tes questions me semblent accusatrices.

-- Parce qu'elles le sont.

Rebecca avala sa salive rapidement et fit mine de tousser. Son stratagème dura trois minutes pendant lesquelles la jeune Marcabeli trouva quelques idées.

-- Écoute-moi bien cousin, je viens de perdre mon oncle et je ne supporterai pas que tu m'accuses ainsi.

-- Le petit, dit Dylan. Pourquoi as-tu voulu le prendre ? Cette vidéo, pourquoi l'as-tu enregistrée ? Certainement pour faire des rapports à ton employeur.

-- Dylan, arrête ! Je ne te permets pas de m'accuser ainsi.

-- Alors tu les tiens séparés. Excellent ça, trois millions seront à nouveau versés sur ton compte ,cria Dylan. N'est-ce pas le message que Roland t'a envoyé hier ?

-- Je... com... ment..., balbutia Rebecca, se sentant démasquée. Comment as-tu vu ce message ?

-- Tu veux vraiment savoir ? Mon amour, s'il te plaît ramène mon téléphone dans la chambre, je prends une douche. Tu as dit cela, n'est-ce pas ?

Rebecca resta pétrifiée par le ton colérique de son cousin. Jamais il ne lui avait parlé ainsi auparavant malgré les nombreuses bêtises qu'elle avait commises en sa présence lorsqu'il restait chez eux pour les vacances.

-- Réponds ! Pourquoi as-tu accepté sa proposition ? Juste pour l'argent ? J'en ai beaucoup. J'aurais pu t'en donner plus si c'est ce que tu espérais. Mais tu as préféré te compromettre pour de l'argent sale.

-- Ne me juge pas, je t'en prie.

-- Que t'a-t-elle fait ?

-- Je désirais simplement acquérir le maximum d'argent le plus rapidement possible, comme Roland me l'a proposé en échange de mener une existence difficile à Andrea, avoua-t-elle finalement. Il m'a relaté votre passé tourmenté et affirmé son désir de voir Andrea souffrir. Qu'elle endure autant de douleur qu'il en a endurée par le passé lorsqu'elle a repoussé ses avances.

-- En quoi toutes ces informations t'ont-elles été bénéfiques puisque, malgré tout ce qu'elle a traversé, tu ne sembles pas compatir ? lui lança Dylan avec dégoût. Becci, as-tu donc perdu toute compassion ? Pourquoi accepter de lui causer de la peine alors que cette femme ne t'a guère nui ?

-- Pardonne-moi, mon amour, je te prie de me pardonner, s'il te plaît, implora soudainement Rebecca.

-- Sais-tu pourquoi j'ai insisté pour qu'Andrea te confie l'enfant ? Parce que je savais que tu prendrais bientôt la route du Mexique. Rebecca, quitte ma demeure.

-- Non, Dylan, je t'en supplie !

-- Ta valise a déjà été préparée par la femme de chambre. Reste ici car Roger viendra te chercher dans moins de dix minutes.

-- Déjà ? Dylan, accordes-tu plus de valeur à ta femme qu'à moi ? s'énerva la demoiselle. Tu le regretteras.

-- La seule chose que je regrette, lui répondit-il également avec colère, c'est de t'avoir laissé maltraiter ma femme pendant tout ce temps en nourrissant l'espoir que tu finisses par l'accepter. Il vaudrait mieux pour toi de partir d'ici, conclut-il froidement.

À cet instant, il aperçut Roger. Dylan saisit de la cuisine la tasse de thé apportée précédemment par sa femme et tourna les talons, ignorant totalement les remords affichés par Rebecca.

-- Mon amour, je t'en prie ! cria-t-elle avant qu'il ne gravisse les marches de l'escalier.

-- On se retrouve au Mexique pour l'enterrement de papa, l'informa-t-il d'un ton amer.

Dylan quitta définitivement sa présence et tenta d'ouvrir la porte d'Andrea. Heureusement, celle-ci n'était pas verrouillée. Le jeune homme entra dans la pièce et déposa la tasse sur une petite table avant de s'installer aux côtés de son épouse qui pleurait à nouveau le défunt.

-- Merci infiniment pour ton soutien, murmura-t-il. Comment te sens-tu ?

-- J'ai mal !

-- C'est douloureux mais nous ne pouvons rien y changer, affirma tristement Dylan. Je suis aussi peiné voire plus que toi mais c'est ainsi que va la vie.

Andrea essuya ses larmes avant de se blottir contre lui.

-- Je serai toujours là pour toi, sois-en certain, lui promit-elle.

-- J'en suis convaincu, souffla le jeune homme.

Ils restèrent ainsi à discuter jusqu'à tard dans la nuit où Andrea finit par trouver le sommeil. Quant à Dylan, il ne pouvait dormir tant l'absence de son père le tourmentait.

Déchirante Promesse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant