Partie 53

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Passant un dernier coup de peigne dans les cheveux de son fils, Dylan eut la satisfaction que Chris Ricardo était prêt. Vêtu de son boubou tout blanc, le petit dégageait un charme certain que son père ne cessait d'admirer. Après l'avoir légèrement parfumé, Dylan le souleva puis se mit à le chatouiller. Christopher semblait fort amusé, et Dylan était ravi de le voir si heureux et insouciant.

-- Becci, descends s'il te plaît, s'écria Dylan.

-- Oui, j'arrive, répondit-elle depuis sa chambre.

Dylan consulta sa montre avant de relever la tête. Il n'avait pas appelé sa femme car Andrea était déjà présente dans le salon, assise à quelques centimètres de lui. Il s'avança pour lui donner le petit.

-- Comment s'est passée ta journée ? lui demanda-t-il.

-- Bien, répondit simplement Andrea.

Elle se mit à manipuler son téléphone, empêchant ainsi Dylan de poursuivre la conversation car si elle n'avait pas oublié une chose, et bien c'est toutes les fois où Dylan avait pris la défense de sa cousine pendant les deux semaines que cette dernière avait passées avec eux. En effet, Rebecca n'avait pas manqué une seule occasion pour la rabaisser. Comme si cela ne suffisait pas, Dylan lui demandait à elle de garder son calme au lieu de parler à sa cousine. De ce fait, Andrea avait décidé d'ignorer son époux.

-- Mon amour, je suis là ! Cria Rebecca en descendant les escaliers. J'aimerais que tu fasses monter ma fermeture éclair s'il te plaît.

Mon amour, mon amour. J'ai envie de lui crever les yeux à celle-là, pensa Andrea. Elle leva aussitôt les yeux pour contempler la tenue décolletée arborée par la cousine de son époux, observant attentivement les gestes de Dylan qui remontèrent la fermeture éclair. Ses prunelles glissèrent lentement sur le visage du jeune homme avant qu'elle ne détourne le regard.

-- Comment me trouves-tu, interrogea Rebecca en effectuant un tour sur elle-même.

-- Tu es belle, d'une ravissante élégance. Assurément, mon père sera ravi de te revoir en personne.

Belle, d'une ravissante élégance, songea Andrea. Et puis quoi d'autre ?

Elle se leva à l'appel de son époux et entreprit de le suivre. Rebecca marchait à ses côtés. Arrivés devant la voiture, au moment de s'y installer, Rebecca décida de se faire entendre.

-- Andrea, dit-elle en fixant la concernée avec un air de défi, un sourire subtilement dessiné sur ses lèvres. J'aimerais emmener Christopher avec moi.

Dylan s'arrêta, observant la scène. Il vit sa femme ignorer Rebecca et prendre place dans le véhicule. Le jeune homme ressentit une pointe d'irritation face à ce manque de respect.

-- Andrea, sors immédiatement de cette voiture.

-- Je n'en ai nullement l'envie, répliqua-t-elle sans bouger d'un pouce.

Rebecca feignit d'envoyer un message mais appuya pour enregistrer la scène.

-- Andrea, je ne répéterai pas une troisième fois : SORS DE CETTE VOITURE ! lui lança-t-il.

La jeune dame pressentit que la situation risquait de tourner au vinaigre si elle persistait dans son entêtement. Finalement, elle posa les pieds à l'extérieur.

-- Me voici, pourquoi m'as-tu demandé de sortir ?

-- Donne-lui l'enfant !

Le ton glacial employé par son époux l'enveloppa subitement d'une chape de sueur froide. Andrea n'avait pas anticipé une telle colère en lui. À son tour, elle s'irrita et riposta en conséquence.

-- Non !

-- Et pourquoi donc ?

-- Parce que si elle ne m'aime pas, pourquoi feindre alors de s'intéresser à mon fils ? Non, elle ne l'emportera pas.

-- Bon, intervint Rebecca. Mon amour, laisse tomber. Si elle refuse de me confier son fils alors n'insistons pas.

-- Andrea tu sais quoi ? Si la décision finale t'incombais, je n'aurais pas insisté, commença Dylan en s'approchant d'elle. Mais le problème réside dans le fait que C'EST À MOI DE PRENDRE LES DÉCISIONS DANS CETTE MAISON. Confie-lui l'enfant si tu ne veux pas me mettre hors de moi et risquer un mois enfermée à domicile.

-- Non ! persista Andrea. Non et non !

-- Je vais compter jusqu'à trois. Et si tu ne m'obéis toujours pas, je serai vraiment désagréable à ton égard.

-- Ce n'est pas la peine d'en arriver là, déclara Andrea.

Elle confia son fils à Rebecca, puis se rassit dans la voiture. Les deux autres personnes en firent de même.
Une fois arrivés à destination, les jeunes gens pénétrèrent rapidement dans le salon.

-- Bonjour monsieur, mesdames. Par ici s'il vous plaît, leur indiqua la dame chargée des travaux de la villa, en leur faisant signe de la suivre.

Elle avait l'air terriblement attristé.

-- Qu'est-ce que nous irons faire dans la chambre à mon père ? demanda Dylan. Ne peut-il pas nous recevoir ici ?

-- Non, désolée monsieur, mais votre père a souhaité vous recevoir dans sa chambre, lui répondit la jeune femme.

Sur ce, ils avancèrent sans que personne n'en rajoutât. La porte de la chambre de monsieur Marcabeli s'ouvrit sur lui, agonisant sous son drap.

-- Papa ! s'écria Dylan en se pressant à son chevet.

-- Papa ! répéta-t-il en levant la tête pour regarder la dame de maison, les yeux humides. Que lui est-il arrivé ? demanda-t-il.

-- Monsieur votre père souffre d'une tumeur au cerveau depuis de nombreuses années et il vous l'a caché. Ce matin, le docteur Esso Paul lui a injecté des calmants en attendant qu'il rende son dernier souffle.

-- Quoi ? s'agita Dylan. Papa ? C'est vrai ce qu'elle raconte ?

-- Dylan... mon... fils, peina à articuler monsieur Marcabeli de ses lèvres séchées par le manque d'entretien.

C'était donc pour cela que depuis quelques jours il ne se rendait plus au travail ? pensa Dylan, choqué par la situation. En observant le bilan de santé de son père, le jeune homme constata qu'il n'y avait plus aucune solution.

Des larmes roulaient sur les joues d'Andrea. Son corps se remplit d'une sensation brûlante. Instinctivement, elle avança une main sur sa bouche pour retenir ses sanglots pendant que Rebecca tentait tant bien que mal de cacher ses émotions. Mais ses yeux mouillés la trahissaient.

Toujours sous le choc, Dylan se mit à genoux et donna la main droite à son père qui le lui avait demandé.

-- Andrea ma fille, tu viens ? continua monsieur Marcabeli.

La concernée avança lentement, sûrement réchauffée par la tristesse. Elle s'approcha et monta s'asseoir sur le lit, à côté de son beau-père. Là, elle lui donna également sa main et monsieur Marcabeli assembla les deux mains l'une dans l'autre.

-- Mon fils, dit-il alors que sa voix continuait de s'affaiblir. Promets-moi de toujours prendre soin de cette perle et de ne jamais l'abandonner.

-- Mais papa tu...

-- Promets-le moi.

-- Je te le promets, Père.

-- Merci, murmura Oscar.

Puis, après quelques minutes, ses yeux se closèrent à tout jamais.

-- Papa ? Papa !

-- Monsieur Marcabeli, ne fermez pas les yeux maintenant. Supplia Andrea en larmes.

Dylan se leva et éloigna cette dernière de son père.

-- Il est mort, lui dit-il.



Déchirante Promesse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant