COVER PLAY : Tome 6 : Ne me quitte plus du tout

199 Jinn

-Tu fais quoi ? Tu rentres ?

-Ouais. Je suis rincé.

-Je t'accompagne alors, ou pas ?

-Pas aujourd'hui, on voit ça plus tard.

-Comme tu veux. À bientôt alors... Jinn.

J'abandonne la boîte, ainsi que cette meuf, pour me rendre à mon appartement.

Il est approximativement trois heures du mat' et je dois me lever dans pas moins de quatre heures.

Une routine épuisante et insatisfaisante.

Mes journées sont trop longues et trop remplies. Je n'ai plus de temps pour moi, ni pour... Mira...

J'aurais voulu lui écrire, mais le matin, je suis bien trop dans la précipitation, quant au soir... Mon téléphone n'a plus de batterie.

Ou alors, peut-être que tout ceci ne sont que des prétextes.

Peut-être que je n'ai tout simplement plus la force de continuer ainsi...

Peut-être que lui parler sans la voir et l'avoir me devient insurmontable et insupportable.

Et peut-être aussi qu'il est plus simple pour moi d'éviter la conversation parce que j'ai trop honte de celui que je deviens et que je ne tiens pas à m'en justifier.

Je voulais qu'elle soit fière de moi et voilà aujourd'hui où j'en suis... À quoi j'en suis réduit...

Si elle voyait dans quel état je suis, si elle savait de quelle façon je procède pour signer des contrats, si...

Je recharge mon portable en rentrant, pendant que je file sous la douche.

Et avant de me coucher, je l'allume (multimédia).

Son dernier message remonte à il y a deux jours.

Un simple "courage pour ta journée" qui me l'avait ce jour là, égayée.

Et depuis... plus rien.

Elle ne m'écrit presque plus depuis quelque temps...

Sûrement lassée de devoir rester constamment sans réponse...

Même aujourd'hui, je me suis abstenu de lui écrire. C'était pourtant la rentrée et je suis sûr qu'elle attendait un mot encouragent de ma part, lui prouvant que je pouvais bien penser à elle...

J'aurais pu... J'ai voulu... Et la vérité c'est que je n'ai pas arrêter d'y penser... Et j'en ai bâclé mon taf, ce qui m'a été reproché...

Je ne peux pas me permettre se genre d'évasion. Ce serait contre-productif. Il est donc préférable de me tenir éloigné d'elle aussi bien physiquement, puisque nous n'en avons pas le choix... que mentalement.

Et tard le soir, je lui écris toutes mes pensées. Ce que je voudrais lui dire et lui faire ressentir. Avant de me rétracter... Et de garder tout ceci dans un coin de ma tête, effaçant finalement ses messages qu'elle ne recevra jamais...

Je souffle, saoulé et vanné, avant d'ouvrir la notification d'Enzo qui, malgré mon mutisme, continue de m'envoyer certains de ses debriefings.

Je mets en fonction son fichier et...

Putain...

Ça faisait longtemps...

La voir et l'entendre jouer sur son piano à queue est réconfortant.

Elle devait être heureuse de le retrouver, comme je l'aurais été de la surprendre...

Mon pote l'a fait pour moi et je lui enverrais un message afin de le remercier pour ça.

J'observe mon bébé, dos tourné sur son instrument... Et caresse l'écran de mon pouce, à défaut de pouvoir la toucher directement...

Elle me manque putain et je souhaiterais pouvoir la retrouver, mais... ma vie est actuellement en stand-by.

Tout mon temps présent, je ne le savoure pas et le consacre... le sacrifie, à mon avenir.

Mais lorsque j'aurais fait le tour, lorsque j'aurais réussi à me faire un nom pour mon talent et non pas pour ma gueule, alors... À ce moment-là, je pourrais aller la retrouver. Et plus jamais, putain ! Plus jamais je ne la laisserais...

Je ferme les yeux, étendu sur mon pieu, en récupérant le foulard qu'elle m'avait laissé avant que je ne parte.

Il n'a presque plus son odeur... Mais c'est tout ce que j'ai... Ça... Et le son de sa voix, sur cette mélodie nouvelle que je ne connaissais pas.

Ou peut-être suis-je trop alcoolisé pour simplement m'en rappeler...

« Tant que je t'aimerais », hein...

Toujours...

Nous tiendrons, toujours, le coup...

Putain, Mira...

Je suis dans mon lit, elle dans le sien... L'un de nous n'est pas à sa place.

Je resserre son foulard dans mon poing.

J'aimerais tellement qu'elle soit là... avec moi...

Mais, à défaut d'être dans ma vie, elle sera dans mon rêve. Parce que, c'est tout ce qu'il me reste d'elle.

Elle sera mon insomnie. Avant que je ne passe ma journée, à tenter d'oublier cette nuit...