191 Jinn

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-Pendant que y en a qui s'amuse, nous, on doit déjà bosser, râle discrètement Enzo, en traînant sa marche à mes côtés.

-Quoi ?

Et le gars qui est en charge de nous faire faire le tour des lieux se retourne, dans le but d'inciter mon pote à se répéter...

Celui-ci ouvre démesurément les yeux, surpris d'avoir été plus ou moins entendu.

-Je disais...

-Il disait, je le reprends, en fronçant les sourcils. Que bosser ici allait sûrement être très enrichissant. Tiens, c'est une ampli Marshall DSL40CR !

Je ré-attire l'intention du mec sur son matos, qu'il se fait une joie de nous présenter, comme tout le reste, avec fierté.

Mon pote et moi, nous efforçons de ne pas bâiller. Nous avons deux semaines à tirer ici, et si dès le premier jour nous démontrons notre motivation, nous sommes mal barrés.

-Effectivement, oui, je vois que vous êtes connaisseur...

C'est un peu pour ça que je suis ici... Mais je garderais ma réflexion pour moi.

Après un trop long et inutile tour des chapiteaux et podiums extérieurs, le régisseur nous présente l'équipe de jour avec qui nous bosserons les semaines à venir. Soit un concepteur, une professionnelle en marketing, un analyste des données de l'événement, un ingénieur lumière, un responsable production, ainsi qu'un responsable médiatique.

Il nous présente ensuite nous-même en tant qu'ingénieur du son pour ma part et coordinateur pour Enzo.

Nous aurions très bien pu inverser les rôles, mais je ne tenais pas à devoir tout superviser, ni me prendre la tête à devoir intervenir en cas de problème qui, de plus, pourrait se pointer à la dernière minute et imposer des heures sup'.

J'ai donc judicieusement pris en considération que moins j'aurais de choses à gérer, plus j'aurais de temps à consacrer à ma beauté. C'est ainsi qu'avec galanterie et plaisir, je lui ai laissé cette corvée.

Le régisseur poursuit ensuite son discours pour nous donner à tous des consignes plus qu'évidentes, pendant qu'Enzo me souffle :

-J'ai faim... T'as pas faim toi ? Il est quelle heure ?

Visiblement, le bon élève est plus happé par la bouffe que par le discours du mec, qu'il devra pourtant assister les jours à venir.

J'observe donc sur mon portable, les nombres qui s'affichent, pour constater qu'il n'est pas loin de onze heures moins le quart.

Chose que je lui apprends, tandis que son ventre crie famine. Et, malgré sa détresse intériorisée, il n'est pas plus avancé puisque la torture qui lui noue le ventre perdure.

Ce n'est qu'une demi-heure plus tard qu'il se sent finalement soulagé en apprenant que nous sommes autorisés à nous barrer, afin d'aller manger et profiter de notre après-midi.

À quoi nous aura servi cette journée en avant-première ?

En bref résumé, à rien.

Si ce n'est être pris pour des sots, potentiellement incompétents et sans aucun repère. Ainsi que nous annoncer que, dès demain, nous aurons pas mal de boulot pour tout mettre en place... Chose que nous aurions de toute façon constatée directement et surtout... en temps voulu...

Enfin... En attendant, profitons pleinement de cette journée qui, dorénavant, nous appartient entièrement.

Enzo et moi filons donc sans plus tarder, ni demander nos restes, en direction de la piscine.

COVER PLAY : Tome 6 : Ne me quitte plus du toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant