COVER PLAY : Tome 6 : Ne me quitte plus du tout

226 Mirajane

Jour 432

C'est étrange, mais... toute la semaine, j'ai eu l'impression d'être suivie. D'être épiée même, je dirais. Que ce soit en me rendant au Pub, dans la rue, en faisant les courses ou même lorsque j'ai accompagné Anthony à la bibliothèque...

J'avais indéfiniment cette sensation de ne pas être seule et c'est encore le cas aujourd'hui... en revenant de la librairie.

Enzo est à court de feuilles... Je lui ai donc proposé de passer lui en acheter puisqu'il y en a en vente dans le kiosque, non loin de mon travail.

Une fois donc mon achat terminé, je pousse la porte d'entrée du Pub pour y débuter ma soirée.

Anthony, un plateau à la main, vient directement me saluer. Et, une fois notre bise échangée, j'en fais de même avec mon responsable, ainsi que le reste de mes collègues.

Je pars ensuite, comme à mon habitude, me changer, avant d'entamer mon service du vendredi soir.

Un groupe, que je n'avais encore jamais vu jouer, se produit sur scène. Et je repense à la remarque de Jinn cet après-midi, qui m'énonçait sa déception de ne plus m'entendre chanter.

En effet, je n'ai dernièrement assisté aux Battles qu'en tant que pianiste mais, à aucun moment, et ce, depuis des mois, je ne suis passée derrière le micro.

Pourtant, des vérités, il m'en est passé un tas par la tête, mais... je n'ai tout simplement plus envie de partager mon point de vue. Je ne veux plus me confier et encore moins au concerné.

Alors... je garde tout pour moi, du moins ce qu'il ne me force pas à savoir.

Sachant que depuis notre dernière discute, il a pris, tout comme moi, énormément de recul par rapport à tout ça.

Il sait comment tout ceci va se finir et je pense qu'inconsciemment, il s'y prépare... Tout comme je le fais...

Je lui ai annoncé mon choix de tout arrêter, mais... je sais pertinemment que je ne suis pas encore réellement prête à l'oublier, alors... Une fois de plus, je laisse le temps faire et creuser de lui-même la distance entre nous. Pour ça... il est mon meilleur allié, comme il a pu être mon pire ennemi lorsque, lui, tentait de me laisser de côté...

-Je vous débarrasse ? Je propose à l'une de mes tables en salle.

-S'il vous plaît, m'accorde le client.

-Ça a été ? Je leur demande ensuite, tout en récupérant leurs assiettes et couverts.

-C'était parfait, me répond alors la femme l'accompagnant.

Je leur souris, avant de poursuivre.

-Je vous apporte la carte des desserts.

Tous deux me remercient, tandis que je rejoins la cuisine pour y déposer ce que j'ai débarrassé.

C'est en passant devant le bar que mon responsable me fait remarquer que mes horaires sont dépassés et que ma journée est achevée.

Je n'avais pas remarqué... complètement perdue dans mes pensées...

J'acquiesce donc, après avoir tout de même fait mon aller-retour et déposé comme convenu les cartes à mes clients. Puis pars ensuite de nouveau me changer, avant de saluer une nouvelle fois tous ceux qui travaillent avec moi et de rejoindre le parking, dans le but de rentrer chez moi.

Anthony, qui achève comme d'habitude sa journée en même temps que moi, sort lui-même au même moment et en profite pour m'accompagner jusqu'à mon véhicule (multimédia).

En début de semaine, je lui ai une nouvelle fois présenté mes excuses... Et heureusement qu'il n'est pas rancunier. Il a même lui-même insisté pour me faire comprendre que c'était déjà oublié et même, qu'il comprenait...

Je pense qu'il est bien le seul à comprendre pourquoi Jinn a bien pu réagir de cette façon, parce que mes amis et moi avons été beaucoup moins tolérants à son encontre.

Ce qu'il a fait n'est pas tolérable. C'est injuste, je trouve, de s'en prendre à des personnes qui n'ont rien fait et n'ont rien demandé... Surtout qu'il m'avait assuré de se remettre en question et de faire attention, puisque ce n'était pas la première fois qu'il s'emportait inutilement de la sorte...

-Le monde qu'il y avait ! Je suis bien content d'avoir terminé ! M'annonce Anthony, lorsque nous nous arrêtons tous deux devant ma voiture.

-Le groupe a beaucoup plu et a attiré pas mal de monde, c'est vrai.

C'était un franc succès.

-Quel groupe ? Me demande-t-il ironiquement. Personnellement, la seule qui a attiré mon attention, c'était toi...

Quoi ?

-Tu...

-Je ne te cache pas que tu me plais beaucoup, Mira... Me coupe-t-il alors, le regard perçant de sincérité et de douceur, me laissant de plus en plus sans voix. Et plus je passe du temps avec toi, plus j'ai envie d'en découvrir à ton sujet. Je te trouve vraiment... intéressante.

Il marque un temps de pause, attendant certainement une réponse de ma part, mais celle-ci ne venant pas, il poursuit :

-Je suis désolé si je t'ai embarrassée... Ce n'était pas mon intention... Je n'aurais pas dû... Semble-t-il alors regretter, en s'apprêtant à s'éloigner.

-Ce n'est rien, je trouve tout de même la force de lui susurrer.

Je ne pensais pas qu'il me ferait ses aveux, mais j'imagine qu'en sachant que je ne suis plus avec Jinn, il ne trouve plus vraiment de raison de s'en priver...

Il me sourit, puis s'avance finalement d'un pas vers moi.

-Tu vas peut-être me trouver un peu audacieux, ou précipité, mais... J'aimerais beaucoup t'inviter à dîner. Tu accepterais ?

Bon sang... Je suis de plus en plus gênée...

-Je ne sais pas Antho... Je ne suis pas certaine que ce serait une bonne idée... Je... j'ai...

Toujours Jinn en tête et dans mon cœur... Chose que je n'ose pas lui dire de vive voix et surtout me l'avouer...

-Je ne te plais pas ? Me demande-t-il ensuite.

-Non. Enfin, si Antho, tu es un très beau garçon, et vraiment adorable, ce n'est pas le problème, c'est juste que... C'est encore un peu trop tôt pour moi. J'ai besoin de temps et...

-Donc je pourrais t'intéresser ?

Je ne m'étais, jusque-là, pas posée la question. Et bien qu'il ne l'ait jamais caché, j'espérais qu'il ne me déclare pas ses sentiments de vive voix...

Je l'apprécie beaucoup, c'est vrai, mais ce genre de situation est pour moi extrêmement importun...

Et face à sa question demeurant, une fois de plus sans réponse, il me sourit de nouveau avant de se rééloigner d'un pas.

-Je te laisse réfléchir à ma proposition d'accord ? Et tu as tout à fait le droit de refuser, mais si tu acceptais, ça me ferait énormément plaisir, même si pour toi ce ne serait qu'en toute amitié. Je ne te brusquerais jamais, sache-le. Alors, si un jour tu es prête à vouloir refaire ta vie, je serais honoré d'être sur ta liste de petit ami potentiel, ajoute-t-il en riant légèrement, pour, je suppose, dédramatiser la situation.

-Et sache aussi, que je n'ai jamais oublié ton baiser... Peut-être qu'il n'était pas grand-chose pour toi, peut-être même qu'il ne représentait rien, mais... Pour ma part, je ne l'oublierais pas.

Ce n'était pas... vraiment un baiser... c'était plutôt, un bisou... rapide, euphorique et saoul...

Il me sourit de plus belle, avant de définitivement s'éloigner pour rejoindre sa voiture.

Je reste un instant interdite par ce qui vient de se passer, avant d'ouvrir moi-même la portière de mon véhicule et m'en aller.