Jour 412
Tous ces messages... Réceptionnés de Jinn sur mon portable... sont une fois de plus la preuve que, depuis le début, le temps n'était bien qu'un prétexte...
Dans mon lit, à mon réveil, je me tourne sur le côté, les yeux toujours fixés sur l'écran. Et je parcours des yeux chacun de ses mots définissant des excuses, des mots doux ou désobligeants. Tout y est écrit sauf... des justifications... sauf... des preuves de ce qu'il peut bien avancer...
Et pourtant, tous ses messages étaient, avant aujourd'hui, tout ce que j'attendais...
Des nouvelles de lui et de son état d'humeur tout simplement. Et la plupart de ses messages sont travaillés pour faire en sorte qu'une réponse lui soit apportée, mais ce n'est que pour son dernier message, m'annonçant la proposition qu'il a eu, d'un contrat aux États-Unis, que je prends la peine de lui donner mon point de vue.
« Tu devrais accepter. »
Je ne compte pas retourner le voir sur Paris, donc... plus rien ne le retient ici...
« Le contrat devrait durer trois mois... » Me répond-il immédiatement, sans presqu'aucun délai d'attente.
Il se moquait vraiment de moi...
Et je ne vois pas la raison pour laquelle il me précise la durée de son contrat, puisque ça ne changerait absolument rien pour moi.
Cela fait approximativement le même temps qu'il a rejoint Paris et que depuis nous ne nous sommes que peu vus et entretenus.
« Alors savoures-en chaque instant. »
Puisque trois mois, c'est peu... Bien que loin de lui, ce soit une éternité...
« Ok... Tu vas me manquer, bébé... »
Mes mains se mettent à trembler et mes yeux à pleurer.
Menteur... Je ne te manquerais pas... Et en m'appelant, bébé, il fait une fois de plus comme si de rien n'était, comme si je lui appartenais toujours, alors qu'il sait pertinemment que je suis en train de lui échapper sans quoi, il ne se donnerait pas la peine de me répondre actuellement !
Il ne débat pas, n'insiste pas non plus, comme si cette nouvelle distance, bien plus imposante l'arrangeait finalement. Et c'est peut-être le cas peut-être que pour lui, ce serait plus « facile » comme ça...
Les rideaux fermés, seul un mince rayon ose entrer par la fenêtre.
Je me lève afin d'accueillir le soleil à bras ouverts.
Dans ces heures sombres, j'ai besoin de lumière.
Mais toujours fatiguée, je me laisse retomber, assise sur le banc de mon piano en ayant cette terrible sensation de chuter dans un gouffre sans fond. Et dos tourné à celui-ci, je n'ai même plus le cœur à jouer...
J'ai ce sentiment oppressant et confiné dans ma poitrine que je ne parviens pas à décrire, ni à écrire pour le poser sur papier.
Je me relève et mes jambes me portent, me donnant l'impression d'avancer sans but... Et je me laisse ainsi simplement guider par l'odeur du café chaud.
-Mégane organise une soirée chez elle ce soir ! S'exclame Matthieu, en s'adressant à Enzo lorsque j'arrive moi-même dans la cuisine.
-Un dimanche soir ?
-Bah ouais ! Ce n'est pas comme si elle ne faisait pas de soirées ou sorties tous les soirs de la semaine, lui précise-t-il, en riant.
-Ce n'est pas faux... Admet Enzo, en train de fumer, accoté à la fenêtre.
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COVER PLAY : Tome 6 : Ne me quitte plus du tout
RomansaUn nouveau départ, une nouvelle année dans l'université de Montaigne et une proposition plus qu'alléchante pour Jinn, qui devra alors prendre une décision cruciale pour sa carrière. Restera t-il pour elle ou fera t-il le choix de tout quitter, dans...