COVER PLAY : Tome 6 : Ne me quitte plus du tout

203 Jinn

Assis sur mon pieu, la tête entre les mains et les épaules voûtées, je me tiens dans une attitude de désolation extrême.

Elle ne comprend pas pourquoi j'ai refusé de parler d'elle et je n'ai pas pu lui admettre la vérité...

Je ne suis juste qu'un putain d'égoïste !

Si j'avais parlé d'elle, tout le monde aurait tenu à savoir qui elle est... Tout le monde l'aurait vue et admirée... Elle aurait été épiée et harcelée par des mecs ou bien par des paparazzis... Et je ne tenais pas à accumuler ça de plus sur mes épaules.

Je voulais, par la même occasion, la préserver et éviter que son visage ne soit partout exposé... Tout en la gardant uniquement pour moi, c'est vrai.

Et par cet acte, c'est comme si elle remettait toute notre relation en question.

Je me relève pour me diriger vers mon bureau...

J'ai menti sur ce fait pour elle, mais aussi bluffé sur beaucoup d'autres choses afin de satisfaire les attentes « de parfaits inconnus » ... Chose qu'elle m'a reprochée. Mais elle devrait comprendre que c'est le milieu qui veut ça...

Nous nous faisons tous passer pour ce que nous ne sommes pas.

Nous enjolivons les choses et modelons notre vie et nos discours afin de satisfaire et plaire à la majorité.

C'est l'une des conditions qui mène à la réussite et peut-on me reprocher d'aspirer à de grandes choses et de me donner les moyens pour y parvenir ?!

Ne devrait-elle pas tout simplement me faire confiance et croire en moi ?

Le plus important c'est que, physiquement, je ne l'ai pas trahie. Le reste, ce ne sont que des mots sans aucune importance. Et c'est de ça dont elle devrait tenir compte et se préoccuper.

Mais, au lieu de ça, chaque pas que je fais est une autre erreur à ses yeux et plus le temps passe, plus je la « déçois » ...

Je contracte ma mâchoire.

De mes actions de « dépravé » et du temps que je ne lui consacre pas.

Puis je contracte mon poing...

Mais bordel !

Je cogne celui-ci contre mon mur !

Elle pense peut-être que c'est facile pour moi ? Que je ne pense jamais à elle ?!

Elle me hante putain ! Et si elle savait comme je pense à elle, elle porterait plainte pour harcèlement mental !

Je laisse retomber mon bras toujours contracté.

J'essaye, c'est vrai, d'en faire abstraction.

Parce que le choix que j'ai dû faire, je le paye chaque jour de son absence.

Et putain ! Si elle savait à quel point ça me ronge de l'intérieur...

Alors, oui, je trouve des prétextes pour ne pas penser à elle...

Je me surmène au travail, rentre tard, me saoule la gueule et évite de l'appeler ; sans quoi, je quitterais très certainement Paris pour la retrouver !

Parce que je ne supporte plus d'entendre sa voix, sans la voir, parce que je n'arrive plus à lire les mots qu'elle m'envoie sans avoir l'irrépressible envie de l'embrasser ou la serrer dans mes bras.

Je préfère fermer les yeux sur tout ça, l'ignorer... pour ne pas délirer et sombrer dans la folie. Mais surtout pour ne pas craquer et tout envoyer bouler ici...

Je me pose sur le siège de mon bureau, et récupère mes dossiers en mains, avant de me passé la main sur la gueule.

Je suis fatigué, éreinté, mes paupières pèsent une tonne et les cernes sous mes yeux sont révélatrices de mes nuits sans elle.

Je pensais la voir ce week-end que, quoi qu'il arrive, elle ferait le déplacement. Ce n'est pas son genre d'attendre des explications par téléphone, mais visiblement, je l'ai trop vexée pour qu'elle ne vienne me confronter...

Je me pince l'arête du nez et observe une nouvelle fois le tas de feuilles devant moi (multimédia).

Des contrats signés et d'autres à faire approuver... Puis des compositions...

En ce moment, j'ai beaucoup de mal à trouver l'inspiration, je perds même trop souvent le goût de jouer de mon côté des solos...

Je bosse sans cesse et sans relâche et pourtant, j'ai le sentiment de ne pas avancer, du moins, pas comme je le voudrais.

Je ne fais que me contenter de suivre la demande et sors des musiques commerciales que je ne considère d'aucune valeur.

Tant que ça leur plaît à eux... Je leur donne... ce qu'ils attendent de moi, ouais... Tout... sauf ce qui la concerne... mes pensées et les mots de mon cœur lui sont exclusivement destinés, à elle et elle seule.

J'observe dehors la nuit tomber.

Une nuit noire et sans étoiles, en me disant que ce serait la plus précieuse d'entre elles que je voudrais voir... Puisqu'en son absence, je brûle et m'éteins...

Le manque que j'ai d'elle me vient par vagues et ce soir... Je me noie et me retrouve... sans air...

Putain... Je ne peux plus vivre sans elle...