Snowfall - Scott Buckley
Je parviens parfois à les aimer,
Ces instants d'effondrement
Où le moindre détail s'écroule, la moindre raison d'y croire encore
Un brin d'herbe dans le vent,
Les divagations du ciel, instable,
Et des nuages qui le fuient sans cesse
Je crois que tout le monde le ressent, cet instant de vie et de mort
Je crois que tout le monde le ressent,
Et j'ai pourtant l'impression d'être la seule,
À manquer d'air
À hurler à travers le vacarme du monde, ou ce qu'il en reste,
Hurler tout ce qui a perdu de son sens
Mais, ça n'existe déjà plus,
Ça a déjà cessé de battre
Profondément en moi, et partout ailleurs
Ça a cessé de résonner,
Dans les tréfonds de mon être, et aux racines de tous les arbres,
Qui illuminent le monde, chaque soir,
À force de lumière, de rêve et d'éphémère
Je crois bien, que tout a cessé d'exister
Je ne suis pas folle
Je ne devrais pas être la seule à le ressentir,
Être étranglée sans aucune force, clouée au sol sans raison
Je ne devrais pas être la seule, à me sentir disparaître,
Au moment où tout le reste a trouvé bon de le faire
De rejoindre l'agitation aveugle de ceux qui ignorent,
De ceux qui oublient, pour ne pas cesser d'être
Mais ça fait déjà bien longtemps, que l'idée d'existence ne vibre plus,
Quand je les regarde
Se mouvoir, et se fondre avec grâce,
Dans la lumière du jour
Mais le jour, ça fait longtemps qu'il les a oublié
Le jour, ça fait longtemps qu'il ne se soucie plus
De les éclairer
Les âmes errantes,
Qui ont oublié qu'elles erraient
Que le jour ne s'était jamais levé, certains matins
Et les étoiles étaient mortes,
Sans même qu'ils ne les aient admirées une seule fois
Une seule fois
Ça n'aurait pas valu le coup,
Parce que les étoiles, elles sont déjà mortes
Et eux, aussi
Je crois pourtant qu'ils se seraient bien entendus
Ces gens-là, et les étoiles disparues
Je crois que ça aurait pu prendre sens
Pour la première fois
Et le ciel aurait pleuré,
Le ciel aurait pleuré
Sans aucun doute.
Je crois que c'est comme ça que je parviens à les aimer,
Que je les admire sans le vouloir,
Ces instants de ruines, de vide, de détresse en sourdine
Ces instants qu'on ne nomme pas, parce que les mots eux-mêmes,
N'auraient jamais pu y croire.
Je crois que j'imagine les yeux de ces personnes-là,
Les yeux immenses de ceux qui ont cessé d'exister,
Levés vers le ciel
Les étoiles, mystérieuses, et le soleil qui se consume
L'obscurité qui vacille, si on penche la tête,
Et les Lucioles qui collapsent,
Dans leurs yeux grand ouverts
Sans mêmes qu'ils n'aient besoin d'y croire.
Je les vois, à la fenêtre des immeubles,
Debout au beau milieu des avenues,
Allongés sur la route,
Ou encore assis paisiblement sous le fracas de la pluie
Je les vois, et je m'approche d'eux
Doucement, pas à pas entre les précipices béants,
Les souvenirs qui dansent,
Et l'avenir qui se suicide
J'avance,
Sans les quitter du regard,
J'avance
Et je vois le temps rebondir contre leur silhouette,
Comme s'il ne pouvait plus les atteindre
Comme si brusquement,
Ils avaient cessé d'en avoir peur
Comme si le monde n'avait plus à être,
Parce qu'ils savent maintenant, qu'il a été
Et que ça suffit peut-être, pour le faire resplendir encore un court instant
Honorer ce qu'on en a perdu,
Pleurer, sans ignorer pourquoi
Étirer ses lèvres,
Et sourire
Pour la dernière, l'énième, ou la première fois
Parce qu'on avait jamais trouvé aussi beau, agréable,
Aussi vivant,
Sensationnel
De se laisser porter par ce dont on ne connaît rien
Et dont on crèvera avec certitude,
Si on ne cesse de le fixer si impunément.
Mais je crois qu'eux, ce soir,
À travers toutes les étoiles de l'univers,
Sourient
Ils sourient si fort,
De se savoir déjà morts.
Ils sont ces instants.
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L'ivresse des Lucioles
PoetryParfois, Je pourrais presque te voir Au coin d'une rue, À la lumière d'un porche Tu habites désormais ces lieux, Aux parfums de nostalgie Tu cohabites avec les lucioles, Et moi, Je te regarde Inlassablement, Dans cette lueur de rêve. _ _ _ Recueil t...