Tout ira bien

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Woven Song - Ólafur Arnalds





Sur le bout de tes doigts délicats,

J'aimerais écrire,

Quelque chose de rassurant

Qui te ferait oublier

Comme on se perd parfois,

À ne plus pouvoir respirer.



Et tu saisirais,

Dans le faible éclat de mes yeux,

Mes silences les plus profonds.

De ceux qui broient la nuit

Et s'envolent comme un rire,

Braver le tissage lointain

Des étoiles,

Ternes et poétiques

Atteindre ce qu'il ne leur sera jamais permis

D'effleurer.



Tu sais,

Parfois, alors que je contemple l'univers

J'ai la sensation de le tenir,

Petit cube sombre

Entre mes doigts.

Et j'ai peur,

De voir l'infini s'achever

Au bout de ses facettes

Que ça file,

Le long de ma peau

Que je ne ressens plus mienne.



J'aimerais te dire,

À toi qui est bien trop jeune

Pour comprendre,

La danse virtuose de mes lèvres

Que ça n'est pas triste au fond,

Ne pas pouvoir saisir l'univers

Et son vacarme assourdissant

Que ça file,

Devant mes yeux impuissants

Que ça s'épuise,

Inexorablement.



Je crois que,

Mon être se vide,

De tout ce que je n'ai jamais été

Et je le regarde faire,

Serainement,

Sans même le ressentir.

Je vogue,

Doucement mutilée

À travers le monde

Et j'entends ceux que je croise,

M'assurer que tout ira bien

De cette voix qui ne m'atteint pas,

Que je ne comprends pas

Cette voix qui m'écoeure.



Et dans leurs yeux,

Je ne vois ni les lagons éthérés,

Ni les mystères flottants

Puis je me surprends à haïr,

Soudainement,

Ceux qui y parviennent.

Et j'aurais honte de dire,

À ceux qui me tendent la main

Que dans le sourire de leur regard,

Je ne vois que du vide.



Pourtant il y avait cette fille,

Hier je crois,

Dans le bus.

Ils étaient beaux, ses yeux

C'est tout ce que j'ai pu me dire

Tout ce que j'ai pu penser

Mais c'était peut-être suffisant,

Pour emplir le monde tout entier

D'un étrange sentiment,

Que je ne saurais expliquer.



Je crois qu'elle incarnait,

Une pureté extraordinaire

Et je me suis surprise,

À ne pas pouvoir la haïr

D'être tout ce que je ne serai jamais

D'être,

Tout simplement.



Je me suis surprise à me perdre,

Dans le mouvement de ses cheveux

Comme on se perd dans le vent.

Et ses pieds au sol,

Battaient la mesure

De quelque chose qui me quittait,

Lentement.



Mais je n'avais pas peur,

De ce cauchemar silencieux,

Qui m'imprégnait jusqu'à la chair.

Les fils du temps,

Se dénouent

Les pétales au creux de ma paume,

Se ternissent

Les rires s'estompent

Et c'en est beau,

Je crois.



Tu sais,

Je crois que la pâleur de la lune,

Est en ce monde ce qu'il y a de plus brillant.



Et sur le bout de tes doigts,

Je dessinerai ses yeux

Parce qu'ils étaient beaux

Et puis parce que les tiens,

Je ne les connais même pas,

Après tout.



Alors,

Tu pourras effleurer le ciel

Sans crainte.

Mes sanglots se sont tus,

Laissant place au calme

Au centre de la pièce,

Je te regarde danser

Et au sol,

En mille morceaux

L'univers,

Brisé.












L'ivresse des LuciolesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant