L'affaire Goldstein

Uniformes (25)

Quand Harry entra dans la salle d'entraînement ce matin-là, Drago y était déjà. La nuit avait été courte, il avait de petits cernes sous les yeux, mais il affichait tout de même un air assez satisfait. Il regardait le sol, et lorsqu'Harry suivit son regard, il comprit : gisaient sur le parquet des restes parfaitement ciselés d'un des cubes qui leur servaient de cobayes pour les sortilèges. Il avait réussi son sort de découpe.

Et tout s'enchaîna très vite, ce fut comme s'il progressait plus en un entraînement que depuis le début de leurs séances.

Sa force magique restait un peu fragile mais il arrivait à lancer les sorts les plus simples. Puis au fur et à mesure, les moins simples. A la fin, Harry et lui étaient exténués, mais ravis.

L'épisode de la veille avec les grapcornes avait dû atténuer son blocage. Ou peut-être était-ce autre chose ? Harry l'ignorait, ce qui ne l'empêchait pas de se sentir satisfait. S'il s'écoutait il serait allé le féliciter physiquement. Mais il ne s'écouta pas.

Le jour suivant, ce fut la même chose. Malefoy progressait remarquablement vite. Toutefois il évitait soigneusement Harry, et tous contacts qu'ils auraient pu avoir, ce qui plongeait le brun dans un état de confusion versatile : il ne savait pas s'il devait se réjouir de son ascension et donc conserver cette distance pour qu'il continue dans ce sens, ou s'il devait se sentir affecté par cette froide cordialité à laquelle il avait le droit malgré ses efforts pour se rapprocher de lui.

Nonobstant son envie grandissante de le voir, le toucher, le sentir, Harry consentit finalement à se calquer sur l'attitude de Malefoy : pour l'instant la finale s'approchait dangereusement vite, ainsi que la suite de la mission, Drago avait besoin de toute sa concentration. La culpabilité lui était devenue une compagne trop familière ces derniers temps, et il préférait ne pas la revoir trop rapidement.

A la SHARE tout se passait bien aussi, le rythme sans caméra était plus facile à tenir, et ces petits épisodes moldus sortaient Harry de sa zone de confort, il finit par beaucoup les apprécier.

De plus là-bas il avait le droit à beaucoup de reconnaissance depuis la diffusion de son interview improvisée, et, bien que la célébrité lui était aussi sympathique qu'un détraqueur, ce n'était pas désagréable, sachant qu'ailleurs il avait plutôt le droit au stress, à la pression, ou aux remontrances.

Du côté de Luna ça allait aussi : le bébé grapcorne se portait bien et la mère s'était rétablie dans un temps record. La blonde exultait de joie, de plus aucun autre kidnapping ni attaque envers des créatures magiques n'avait eu lieu depuis la dernière, ce qui contribuait nettement à sa bonne humeur.

Sans oublier que, maintenant que Drago et Harry savaient pour elle et Maisy, la cheffe de service venait bien plus souvent retrouvée son aimée au square Grimmaurd, ajoutant un peu plus de bonheur au tableau.

C'est dans ces moments-là qu'Harry comprit à quel point Drago avait pris de l'importance à ses yeux : tout avait beau être tout rose, il se sentait perpétuellement le coeur lourd que le jeune homme l'évite. Dès qu'il croisait ses yeux c'était comme si un millier de papillons avaient élu domicile à l'intérieur de lui, et dès que Malefoy rompait le contact, immédiatement, les papillons devenaient de plomb.

Harry se rendait compte qu'il le cherchait, tout le temps ; ce n'est pas qu'il voulait le voir, c'est qu'il en avait besoin. Viscéralement, désespérément besoin. Il arrivait à respirer pleinement uniquement quand le serpentard se trouvait dans son champ de vision.

Il en venait à se demander combien de temps il allait pouvoir supporter cette situation. Ce qui l'embêtait aussi c'était qu'Hermione semblait se douter de quelque chose, elle lui jetait sans cesse des regards suspicieux, et il savait que ça ne lui prendrait pas mille ans de comprendre ce qui se jouait sous son nez.