L'affaire Goldstein

Bonne excuse (78)

Il voulait crier. Crier qu'il l'entendait, se lever, se manifester de quelques manières que ce soit ! Son esprit se débattait et son corps restait parfaitement immobile. Harry n'arrivait pas à faire le moindre mouvement, émettre le moindre son, malgré une volonté plus profonde que jamais.

Depuis que Ginny avait installé cet extracteur de toxines, après la suppression de son passager clandestin, il les entendait. Faiblement au début, comme s'ils étaient dans une pièce fermée, à côté. Puis de plus en plus distinctement.

Il essayait de reprendre contact mais son esprit et son corps semblait s'être dissociés. Il essayait déjà depuis une journée entière, mais jamais il n'y avait mis autant de force. Lorsqu'il avait reconnu la voix de Drago tout s'était réveillé dans son coeur et dans sa tête, mais le reste de son organisme jouait la sourde oreille.

Il avait l'impression qu'il se noyait dans son propre corps, mais Drago avait raison, la lâcheté ne faisait pas vraiment partie de sa programmation, alors jamais il ne cesserait d'essayer d'atteindre la surface. D'autant plus qu'il n'avait plus que jamais des raisons de se battre ; déjà son départ imminent pour la clinique magique, mais surtout : Drago l'aimait.

Cette révélation le fit redoubler d'efforts. Cela n'eut toutefois pas vraiment la réaction escomptée, son coeur s'emballait et il perçut sur sa droite le retentissement de son alarme cardiaque. Alors il sentit clairement le poids que représentait le corps de Drago se soulever du matelas et ce dernier se précipiter vers la source sonore en soufflant :

- Hé tu me fais quoi là ? Faut que t'arrêtes tout de suite ou ton ex médicomage va m'arracher la tête !

Et le serpentard n'avait pas tort car il perçut clairement les paroles de Ginny depuis le couloir :

- Malefoy, t'as intérêt à avoir une bonne excuse ! criait-elle

Malefoy pouvait remercier sa bonne étoile, la rouquine n'était pas seule, Hermione la talonnait de près. Ginny éloigna Drago d'un mouvement de bras pour voir ce qu'il se passait, et Hermione lui demanda d'aller chercher de l'eau, certainement pour le faire quitter la tornade qui fomentait dans le corps de l'autre fille.

Harry sentit alors Drago s'en aller, avec son trouble palpable et sa chemise déboutonnée. Cela ne lui donna que plus de force pour prouver qu'il était en vie. Il devait se lever, pour le rattraper !

- Mais qu'est-ce qui lui prend ? rouspétait la rousse

Pourquoi tu ne comprends pas, Ginny ? pensa Harry si fort qu'il espérait qu'elle l'entende.

Et il ne sut comment mais il sembla qu'elle eut saisit quelque chose car l'agitation autour de lui cessa en un instant.

- Quoi ? disait Hermione l'air sur le qui-vive

- Aide-moi, commanda Ginny, il faut lui relever la tête.

Harry connaissait ce ton chez la rousse, et visiblement Hermione aussi car elle lui obéit sans poser plus de questions (ce qui ne lui ressemblait pas vraiment). Il sentit les deux paires de main se glisser sous son cou et elles le verticalisèrent un peu.

L'effet fut immédiat : lorsque son corps se trouva légèrement plus relevé ce fut comme un éclair d'électricité qui le parcourut de toute part, et il retrouva le contrôle de ses membres. Ses yeux s'ouvrirent d'un coup en grand et ses mains montèrent à son visage, le palpant de part et d'autre pour vérifier qu'il était bien à nouveau lui-même.

- Harry, Harry ! Tu m'entends ? lui martelait Hermione à sa droite

Il tourna alors ses yeux écarquillés vers elle et lui répondit la seule chose qui occupait son esprit présentement :