Organisation (65)

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Thomas les avait accompagnés, ils l'avaient sorti de la cuve sans trop se parler, et ils l'avaient installé sur son lit, préparé au préalable par la Weasley. Maintenant que Granger était revenue, la rouquine s'activait autour du lit et Drago ne pouvait que regarder de loin un Potter inerte.

Il gisait sur le dos, la peau pâle, les cheveux en bataille, et les lèvres si sèches que même de là où il était il y distinguait les gerçures. Thomas avait eu la pudeur de remonter un drap jusqu'au milieu de son ventre, mais la médicomage le bougeait régulièrement pour ses soins sans plus de considération, ce qui continuait de l'irriter.

Le fait de ne pouvoir intervenir contribuait aussi à son mal-être général. Thomas s'en sortait mieux, à moitié assoupi sur la chaise de bureau. Mais quand Ginny eut terminé, et que Granger et son roux étaient montés les rejoindre, ils se retrouvèrent tous les cinq à veiller Potter comme un mort, dans un silence de mort, une pénombre vespérale de mort, une ambiance de mort.

Drago en avait envie de vomir.

Ils restèrent ainsi, immobiles et mutiques, pendant de si longues minutes que Drago pensa qu'il s'agissait là certainement de plusieurs heures. Personne ne pipait mot, jusqu'à ce que Granger intervienne, en chuchotant :

- Il faut qu'on s'organise, souffla-t-elle

- Hermione... la coupa Weasley encore en rémission

- Non, Ron, c'est urgent, s'emporta-t-elle sans hausser le ton, Robards a déjà sécurisé le réseau de cheminette jusqu'ici, mais si Dean et Seamus sont impliqués il faut qu'on s'occupe de leur sécurité aussi, sans compter la nôtre, mon coeur. De toute façon tant qu'Harry n'est pas tiré d'affaire je ne partirai pas d'ici.

- Bien sûr moi non plus, bougonna Weasley qui ne voulait pas passer pour le mauvais gars

- Bien, alors tu conviendras que, même si c'est grand, ça fait quand même beaucoup de gens à loger... reprit-elle l'air songeur

- On devrait parler de ça avec les trois autres, et en bas, coupa la rouquine visiblement agacée par les discussions autres que celles sur l'état de son patient

Alors qu'elle aidait Thomas à se relever, et que Granger prêtait son bras à son copain, Drago, lui, n'arrivait pas à se soulever de son assise. Il trouvait cela trop cruel ces va-et-viens avec puis sans Potter. Il voulait qu'on le laisse là, peu importe l'organisation du square tant qu'on le laisse tranquille.

Il fit encore un effort incommensurable pour se mettre en marche à leur suite et quitter cet espace, et il songea qu'à la fin de cette journée de l'enfer, il serait probablement incapable de prononcer le moindre mot tant toutes ses actions lui coûtaient plus chères les unes que les autres.

Une fois dans la cuisine il se demanda pourquoi il s'était autant forcé à s'extraire de la présence du gryffondor, tant il sentait que sa présence ici était totalement superfétatoire. Le sujet d'ailleurs l'intéressait que très modérément, disons qu'à 52%, en effet il souhaitait tout de même comprendre ce qu'il allait se passer par la suite, et notamment savoir où il allait être relégué, bien qu'il fût convaincu qu'il ne quitterait plus la chambre de Potter une fois la réunion finie.

C'était sans compter sur Granger, qui avait commencé par parler d'un planning de « garde malade », où elle souhaitait voir deux personnes sur les mêmes créneaux :

- Juste pour qu'on soit sûr qu'il ne reste pas seul... avait-elle justifié son idée

Mais Drago ne le laisserait pas seul. Plus du moins. Sans pour autant vouloir partager des instants avec tout ce petit monde qui lui vouait une haine éternelle. Sauf que les trois autres avaient validé la proposition, alors voilà, tant pis pour lui.

L'affaire GoldsteinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant