Excuses (41)

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Au centre le souvenir de Malefoy était si imprégné dans chaque recoin qu'Harry avait du mal à se concentrer sur autre chose. Les préoccupations, dont il s'était débarrassé sur le terrain le matin-même, lui revinrent massivement à l'esprit. Le pire fut quand Lila et Carlotta vinrent aux nouvelles, lui demandant comment allait leur ami, et qu'il ne pouvait rien répondre, car il n'en savait rien.

Grâce à la mobilisation de ses amis l'absence de Drago ne pesait pas sur l'efficacité de l'association, mais les moldus semblaient attendre son retour ardemment, et Harry ne pouvait que compatir. Heureusement le serpentard avait prévu la suite et avait pris ses précautions auprès de Christine, ce qui lui évitait des questions plus intrusives.

Ce jour-là Ron et lui récuraient les salles de bain à la force du poignet. Ron s'acharnait sur une trace tenace quand il souffla à l'intention d'Harry :

- Et dire que je fais tout ça pour que tu puisses t'envoyer en l'air avec un serpentard !

Harry le regarda avec une gêne palpable, et Ron se mordit les lèvres et questionna :

- Trop tôt ?

- ...un peu.. admit-il

- Bon.. Tu me devras quand même, disons... Un kilo de chocogrenouilles, déclara-t-il

- Avoue, dans le fond t'aimes bien venir ici ! lança Harry

Ron marmonna entre ses dents mais Harry savait que derrière ses grands airs son meilleur ami s'était attaché à l'association, ses pensionnaires et ses bénévoles.

Ils restèrent à la SHARE tout l'après-midi, Harry croisa Dean de loin, mais se contenta de le saluer d'un signe de main sans aller le voir directement, ne sachant pas comment aborder ce qu'il avait appris par Ron à propos de lui. Au moins son meilleur ami arrivait à l'occuper, car quand il se retrouva seul chez lui, la douleur de l'ignorance lui serra de nouveau les entrailles.

Il rejoignait péniblement sa chambre, et, en passant devant celle de Luna, il perçut des espèces de gloussements étouffés. Il s'approcha discrètement et discerna l'émission de deux voix différentes qu'il n'eut aucun mal à distinguer : celle gazouillante de Luna et celle beaucoup plus grave de Maisy. Et lorsqu'il prit conscience qu'il était en train d'écouter des manifestations de plaisir non dissimulé il se sentit profondément embarrassé et fila sous ses draps dans l'instant.

Et la solitude vint s'ajouter à son inquiétude dans une danse lassante dont il connaissait déjà les mouvements. Le noir l'oppressait, la lumière l'agressait, le temps semblait s'être arrêté et chaque bruit le faisait sursauter. Aucune nouvelle. Deux jours et aucune nouvelle. Ce n'était pas normal. Ce n'était pas censé se passer comme ça. « Drago mais qu'est-ce que tu fous... ? »

Harry ne pouvait pas le contacter lui, c'était trop risqué, pourtant cette perspective lui démangeait sérieusement la baguette.

A travers le mur mitoyen les gémissements de son amie commençaient à lui parvenir, Harry tenta d'obstruer ses oreilles en coinçant sa tête entre son oreiller et le matelas, mais le malaise qu'il ressentait à l'idée d'entendre cela se mua peu à peu en manque physique d'un certain serpentard. « Harry... Franchement ? Tu crois que c'est le moment-là ? »

L'incertitude, le stress et le désir formaient ensemble un étrange cocktail qui lui tournait la tête, inlassablement. Tout cela sentait encore l'insomnie à plein nez, et Harry commençait à envisager sérieusement de se frapper violemment la tête contre un mur pour s'assommer le temps d'une nuit. Mais son crâne le faisait déjà suffisamment souffrir pour lui faire abandonner ce projet.

Au bout d'un moment, il finit par s'endormir, la boule au ventre.

Le lendemain matin il croisa Maisy dans la cuisine, qu'il salua sans trop oser la regarder dans les yeux se souvenant des bruits de la veille. Luna les rejoignit et s'enroula amoureusement autour de sa partenaire qui lui caressa la joue.

L'affaire GoldsteinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant