L'affaire Goldstein

Alerte (70)

Se déverser ainsi allégea légèrement le poids qu'il avait sur les épaules, si bien que c'est totalement assoupi que le retrouva Hermione quand elle revint. Elle ne le réveilla pas, le laissant se reposer, sa main effleurant presque celle de Potter, et la kneazle sur les genoux. C'est d'ailleurs l'animal qui le tira de son sommeil lorsqu'elle décida de descendre de ses jambes.

Drago entrouvrit les paupières dans un demi-réveil désagréable, et il aperçut alors la silhouette de Granger plongée dans son livre les sourcils froncés par la concentration. Il se demandait vraiment si cette dernière lisait pour de vrai toujours autant. Néanmoins sa lecture avait l'air de la dérouter quelque peu, mais Drago n'avait pas l'énergie de s'y intéresser à cet instant.

Il aurait voulu replonger dans sa précédente torpeur, à côté du brun, mais les habituels picotements au niveau de son avant-bras gauche lui signifièrent qu'ils avaient d'autres plans pour lui. L'inquiétude de l'anticipation le gagna et presque malgré lui il tourna rapidement la tête vers Hermione. Alertée par le mouvement brusque de sa tête, la jeune sorcière releva à son tour le regard vers lui, et nonobstant le manque de lumière de la chambre elle sembla comprendre immédiatement ce qui se tramait.

Avec un calme et une efficacité qui lui allaient si bien, elle ferma son livre et se précipita vers une des mallettes sur le bureau de l'auror. Elle en sortit des compresses et une sangle et elle se dirigea vers lui, alors qu'il commençait à sentir ses veines prendre feu. Sans un mot elle serra la sangle au niveau de son aisselle et lui appliqua la compresse sous le nez, il se laissa faire.

Le produit qui imbibait les compresses lui fit tourner la tête lorsqu'il l'eut inspiré, et la sangle lui faisait mal, mais ce n'était rien comparé aux attaques de la marque. Il la sentait se propager comme un millier d'épines dans son corps, elle grimpait, gagnait du terrain, encore un peu plus, dans des sillions douloureux.

Tout son corps était contracté, aucun son ne sortait de sa bouche mais son cerveau hurlait. De façon lointaine il sentait Granger s'agiter à ses côtés, mouiller son front et prendre ses mains, mais il n'avait aucun moyen d'interagir avec elle, rien ne répondait hors de ses nerfs à vifs.

Encore une fois la notion de temps lui échappait, il ne voulait qu'une chose : que ça s'arrête.

Quelque chose qu'il prenait pour la main de Granger lui tomba sur le poignet, et la douleur s'estompa petit à petit, jusqu'à devenir très supportable. Sa vision se déflouta, il percevait les contours du visage d'Hermione, qui le regardait avec circonspection.

Son ouïe fonctionna de nouveau pour entendre une sonnerie régulière sur sa gauche, et Hermione demander s'il allait bien. Déboussolé, il tourna son attention sur Potter, pour constater que c'était sa main qui reposait sur son poignet, tenue par celle de Granger.

Alors il n'osa plus bouger.

Mais cette petite bulle éclata par l'entrée fracassante d'une tornade rousse dans la pièce. Elle se précipita sur son patient en fusillant les deux autres du regard :

- Mais qu'est-ce que vous avez fait ? crachait-elle à leur attention

Drago fronça les sourcils sans comprendre, jusqu'à ce qu'il fasse attention à la provenance du « bip » qu'il entendait : l'électrocardiogramme de Potter s'était emballé. Il se releva en chancelant pour y regarder de plus près.

- Il se passe quoi ? demanda-t-il, inquiet

- C'est la question que je te pose, Malefoy ! s'énerva la médicomage

- On n'a rien fait Ginny, temporisa Granger, Drago a eu une crise et la tachycardie a commencé juste après !

- Je t'avais dit qu'il ne fallait pas le mettre de surveillance avec ses instabilités ! reprocha la rousse