L'affaire Goldstein

Altercations (19)

Harry n'eut pas le temps de s'inquiéter que déjà ils s'évaporaient. Arrivés sur le parquet du salon, Luna continua de le tenir par le poignet bien que, conscient de l'urgence, il courait déjà naturellement vers la chambre d'ami.

Il le trouva recroquevillé dans un coin, le corps parcouru de tremblements saccadés, Kreatur à son côté qui essuyait la sueur perlant sur son front. Ses cheveux habituellement retenus en arrière lui tombaient sur le visage en longues mèches blondes et mouillées. Mais Harry y discerna son regard quand il leva les yeux sur lui :

- Qu'est-ce qu'il fait là ? arriva-t-il à demander en direction de Luna d'une un voix faible, hachée, mais dure

- J'ai pensé que je pourrais aider... répondit Harry un peu pris au dépourvu

- Et bien à l'avenir, évite de penser.

Harry aurait voulu lui lancer une réponse cinglante mais le visage de Malefoy se crispa dans une nouvelle expression de souffrance, le dissuadant immédiatement de l'envoyer paître. Il tenta alors d'approcher la main de son front pour prendre sa température, mais sans surprise Malefoy le repoussa. Le coeur du gryffondor se serra.

Il baissa la tête, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui. Malefoy avait d'autant plus de raisons de le rejeter maintenant. Luna s'approcha à son tour, et ouvrit une petite fiole qu'elle appuya sous le nez de Malefoy, une petite brume s'en dégageait : il l'inspira, ses yeux frémirent alors et ses paupière se fermèrent. Mais les spasmes continuaient.

- Harry, va me chercher de l'eau et du sel tu veux ?

L'auror se leva à contre-coeur.

Quand il remonta à la chambre, Malefoy était couché dans son lit et semblait s'être assoupi. Luna récupéra le vers d'eau et le mit sur la table de nuit. Elle y ajouta le sel et une poudre verte qu'elle sortit de nulle part.

- Poudre de camomille. Ça lui fera du bien s'il se réveille cette nuit, expliqua-t-elle à Harry

Harry hocha la tête d'un seul et bref mouvement. Au moins il n'avait plus l'air de souffrir maintenant. Luna et Kreatur sortirent, mais Harry ne put résister, avant de quitter à son tour la pièce il effleura le dos de la main du serpentard. S'il avait quitté son bureau pour finalement ne servir à rien, il y trouva là une compensation. Sa peau froide est douce sous ses doigts, et ce contact lui procura une étrange sensation au creux de l'estomac.

Toute la nuit il fut hanté par d'étranges rêves à base de regard d'acier envoutant, d'enivrante odeur citronnée, et de lèvres si tentantes qu'il n'y résistait pas. Lorsqu'il se réveilla, il sentait sa tête tourner dangereusement. Il essaya de se ressaisir mais la raideur qu'il sentait sous son caleçon le fit gémir.

Pourquoi fallait-il qu'il ressente tout ça ? Pourquoi fallait-il que sa première pensée soit pour l'homme qui dormait au-dessus de lui ? Dans une dernière tentative de contrôle, il se précipita sous la douche ouvrant le robinet d'eau froide à fond. Le traitement qu'il s'imposait fit son effet rapidement : il claquait des dents mais son esprit était plus clair. Il doit résister. Quoi qu'il ressente pour Malefoy il ne doit pas laisser cela l'envahir, et encore moins impacter ses comportements. Car tout cela n'est que pure folie, et Harry Potter n'est pas fou.

Résistant à l'envie d'aller voir si Malefoy se portait mieux, il descendit. Il se sentit soulagé d'avoir réussi à remettre de l'ordre dans sa tête, résolu plus que jamais à reprendre l'anormalité de son quotidien en main. Toutefois, il se demandait si Malefoy accepterait de jouer la partition du « il ne s'est rien passé » avec lui... Il se demandait même si le jeune homme reviendrait pour son entraînement, après les évènements de la veille, Harry peinerait à lui en vouloir s'il ne s'y pointait pas, mais la perspective de devoir expliquer cela à son supérieur était particulièrement peu réjouissante.