L'affaire Goldstein

Dialogue (62)

Cela dura cinq minutes ? dix ? ou peut-être trente ? Il l'ignorait, la brume qui régnait dans son cerveau le déconnectait du réel. Il finit par sentir la douleur être aspirée du reste de son corps depuis la marque, et les ténèbres, qui l'avaient étouffé, perdre de leur épaisseur jusqu'à leur totale disparition.

Quand son corps lui appartint de nouveau, il se sentait plus qu'affaibli. Quelqu'un appuyait avec fermeté sur son bras, il lui fallut quelques instants pour discerner Finnigan à côté de lui, et la Weasley en face le regardait avec insistance.

- Il revient à lui Seamus, tu peux lâcher, indiqua-t-elle, aide-moi à le mettre debout.

Elle ne s'enquit pas plus de son malaise, et les deux gryffondors lui soutinrent les bras pour lui permettre de se relever. Cette sollicitude le mit mal à l'aise, mais son état physique ne lui permettait pas de refuser.

Une fois sur ses deux jambes (qui tremblaient encore trop), il s'appuya contre le mur dans son dos et regarda les deux témoins de cette scène. Finnigan le lâcha et se passa la main sur la nuque l'air incertain.

- Ça va ? demanda-t-il alors avec maladresse sans croiser son regard

Drago se contenta dun faible acquiescement. Bien que ce ne fût pas totalement vrai, il se refusait à être l'élément central de ce moment alors que les heures de Potter étaient présentement en danger.

La jeune femme sembla se rendre compte de ce faux-semblant, et elle tira d'une trousse nouée à sa taille une petite bouteille d'un rouge intense. Elle fit volte-face vers son visage, et pressa sans préambule ses doigts sur la mâchoire d'un Drago surpris, mais encore trop pantois pour réagir, et déversa son contenu dans sa bouche.

- Avale, dit-elle avec autorité, c'est de la pimentine, ça te donnera un coup de fouet.

Légèrement décontenancé par cette prévenance de la part de la gryffondor, Drago avala maladroitement. Il sentit le liquide brûlant se déverser le long de son oesophage et une sensation de chaleur l'enveloppa alors, chassant les dernières traces d'ombre. Il reprenait sa respiration avec plus de facilité, et les images contre ses rétines se firent plus nettes.

Mais l'apprentie guérisseuse ne lui laissa pas le temps de se remettre plus en profondeur de ses émotions, elle reprit la parole :

- Allez, ce doit être prêt, ne perdons pas plus de temps, asséna-t-elle en vitesse

Elle les dirigea tous les trois dans la salle de bain. Harry se trouvait là, le brancard sur le sol était devenu rouge de son sang, et il gardait cette expression inerte que Drago détestait.

La rousse vérifia la température de l'eau et quand elle en fut satisfaite elle y déversa le contenu d'un flacon, sous le regard attentif de Finnigan, tandis que Drago gardait ses yeux rivés sur le blessé, incapable de s'en détourner.

Elle se retourna ensuite vers Potter les sourcils froncés, leva sa baguette et supprima d'un sort rapide son caleçon.

Les réactions furent immédiates : Finnigan se détourna avec pudeur mais Drago l'incendia du regard, choqué et rancunier. La jeune femme ne sembla pas comprendre, elle leva les yeux au ciel et les rappela à l'ordre :

- Faites pas les prudes, on peut pas le laisser fusionner avec ce morceau de tissu ! s'énerva-t-elle, Aidez-moi plutôt à le soulever !

Drago ne se sentait pas mieux, il lui en voulait de se comporter comme si tout lui appartenait. Surtout comme s'il lui appartenait. Serait-ce de la jalousie...? Il n'eut pas vraiment le temps de plus s'introspecter, qu'elle pointait de nouveau sa baguette vers l'auror. Il continuait de lui accorder un air des plus réprobateurs, mais elle n'en sembla pas affectée le moins du monde, donnant ses consignes avec efficacité :