Deux ans après (1)

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Dans une rue de Londres une maison paraissait particulièrement vivante, ce soir de mai. Si on s'approchait des fenêtres on pouvait distinguer trois jeunes gens affairés à accrocher des guirlandes, sortir des verres et faire de la place dans la cuisine, dans les rires et la bonne humeur.

Enfin on ne pouvait s'en rendre compte qu'à condition de ne pas être un moldu, car cette maison se situe au 12 square Grimmaurd et seuls quelques sorciers en particulier savent la trouver, et les personnes à l'intérieur sont ni plus ni moins que les héros de guerre Ron Weasley, que l'on peut apercevoir dans le coin de la cuisine, debout sur une chaise à pratiquer des Wingardium Leviosa sur tout un tas de collations pour les disposer sur une grande table, Hermione Granger, en grande discussion avec l'elfe de maison bien connu Kreatur, assise à même le plan de travail entre les rondelles de tomates et les bouteilles de bières au beurre, et enfin le célèbre Harry Potter à côté d'elle, qui décapsulait les dites bouteilles en écoutant distraitement leur discussion animée.

Mais son esprit était ailleurs.

Ils s'étaient démenés pour organiser cette soirée, une fête en l'honneur de l'''anniversaire'' de deux ans de la fin de la guerre et de la mort du plus grand mage noir de tous les temps – chose qu'ils ne s'étaient pas permise l'année dernière, alors que beaucoup étaient encore en deuil et qu'ils croulaient sous les procès et les reconstructions – et maintenant que l'espoir reprenait du terrain et que beaucoup avaient à coeur de célébrer la fin de cette sombre période voilà qu'ils invitaient tous les membres de l'ancien ordre du Phénix et de l'AD, et l'esprit d'Harry ne pouvait s'empêcher de songer à tous ceux qui ne seraient pas présents pour partager cette liesse avec eux.

Il maudissait en silence ses pensées incapables de s'arrêter sur le bonheur du moment, mais le passé lui revenait souvent à la figure dès qu'il se sentait quelque peu heureux dans sa vie. Le monde des sorciers avait béni la chute du Seigneur des ténèbres, le soulagement les avait gagnés en masse et le temps de l'apaisement était venu, mais pas pour les trois amis, et encore moins pour l'Elu.

Il n'avait même jamais vraiment eu le temps de faire ses deuils. Cette période ne lui avait laissé aucun répit : d'abord les feux des projecteurs « notre nouvelle star internationale, le grand Harry Potter », des mois de harcèlement journalistique et politique. Puis cela s'était couplé au ''temps de la purification'' comme la gazette des sorciers l'avait renommé, qui pour Harry s'était plus ressenti comme le ''temps des procès, encore des procès, toujours plus de procès, puis re un procès pour changer, et du procès, sur son lit de procès, saupoudré d'un peu de procès pour relever un peu le tout''.

Sa présence avait été systématiquement requise et la pression fut immense car sa parole était pratiquement d'or, et son témoignage pouvait à lui seul décider du sort des accusés. Le pire eut été celui du professeur Rogue : Harry était encore en train de gérer son propre ressenti par rapport à ce personnage – qu'il avait haï pendant tant d'années et pour lequel ses sentiments étaient en constante évolution aux vues de ce qu'il avait appris dans la pensine – et il s'était retrouvé à le défendre passionnément devant une cour sceptique, alors que lui-même restait encore confus quant à ce qu'il devait éprouver. Il avait finalement obtenu pour son ancien professeur une réhabilitation posthume et même l'ordre de Merlin pour « acte de bravoure ».

S'en étaient suivi d'autres procès plus ou moins faciles, ceux de tout un tas de mangemorts, certains avaient été faciles à identifier et à faire enfermer ; d'autres, en fuite, avaient été jugés sans leur présence ; encore d'autres pour qui l'allégeance envers Nous-Savons-Qui avait été un sacré travail à prouver ou à démentir ; et enfin d'autres pour qui les choix avaient été de réelles tortures de l'esprit, comme les Malefoy, pour lesquels Harry avait, après beaucoup de nuits blanches, décidé de plaider en faveur de la mère et du fils et contre le père, et encore une fois la presse s'était emballée...

L'affaire GoldsteinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant