L'affaire Goldstein

La marque (84)

- Tu es vraiment sûr de toi ? avait encore demandé Drago alors qu'ils se trouvaient devant l'entrepôt qu'avait installé Hermione pour l'expérience

- Certain, assura Harry en serrant ses doigts dans les siens

- Je serai là tout le long, je vous surveillerai depuis l'extérieur, annonça Hermione

- Moi aussi, compléta Ron qui avait été mis au courant la veille

Après tout c'était logique, songeait Harry, ses deux meilleurs amis avaient été présents dès les premiers instants de sa lutte contre Voldemort, il fallait qu'ils soient là pour la dernière purge de la magie noire de cet être redoutable. Mais Hermione avait reçu l'ordre de sa part d'intervenir uniquement si Drago était hors de danger.

La sorcière avait appliqué l'onguent sur l'espace originel de la marque, devenu entièrement noir, et avait poussé Drago à travers les portes de l'entrepôt. Alors que Harry allait s'y engouffrer à son tour, elle le retint par l'avant-bras :

- Sois prudent, surtout, lui dit-elle avec sérieux

Et Ron se saisit de son épaule pour ajouter :

- S'il t'arrive quoi que ce soit, Ginny va nous arracher la tête, alors pense à nous et ne prends pas de risque inutile mon vieux !

- C'est bien mal me connaître... rétorqua Harry dans un sourire ironique

Ginny avait été tenue loin de ces décisions, car il est certain qu'elle s'y serait opposée. Ainsi Luna et Maisy étaient chargées de l'occuper le temps de la manoeuvre pour laisser champ libre aux deux sorciers.

Il passa la porte, et Drago se tenait debout au fond du bâtiment vide. Il était torse-nu, et regardait son avant-bras avec distance comme si un boutefeu risquait d'en sortir. Harry voulut lui demander s'il ressentait quelque chose en particulier, mais il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche que Drago s'écroula d'un coup sur le sol. Harry commença à courir vers lui mais le corps de son partenaire fut soudainement propulsé dans les air, il lévitait à présent tel un pantin désarticulé : la tête en arrière, un bras dans un angle étrange, et les jambes pendantes, à quelques mètres du sol. Seul son bras gauche restait tendu vers l'avant. Harry tenta de l'appeler mais il eut beau remuer les lèvres, les mots qui sortaient de sa bouche restaient totalement désonorisés.

Il brandit sa baguette, se rappelant du fameux sortilège qu'il devait prononcer, tant enseigné par Hermione, prêt au combat. L'instant d'après, le corps de Drago fut saisi de rapides secousses, et l'immense tache noire, qui s'étendait de son bras sur une bonne partie de son cou et son buste, se rétracta jusqu'à son avant-bras. Puis elle en jaillit soudainement sous la forme d'épaisses volutes noires et sablonneuses, dont des espèces d'appendices se détachaient pour s'abattre à quelques centimètres à peine de l'auror.

Harry bondit en arrière pour éviter ces attaques, et plus il esquivait, plus la masse noire devenait violente et multipliaient ses offensives. Le gryffondor ressentait la faiblesse que lui provoquait la raideur de sa cuisse dans son potentiel de défense, alors, après quelques sauts fatigants et déstabilisants, il décida de passer en contre-offensive, et lança sur les grands bras vaporeux qui l'effleuraient des sorts de déliquescence.

C'eut pour effet d'énerver encore plus la marque, et sa véhémence manqua Harry d'à peine un cheveux. Leur danse dura pendant de longues minutes, Harry s'efforçait de rester imprévisible, tout en se rapprochant pour atteindre sa naissance, alors qu'elle semblait discerner ses schémas d'esquive pour ajuster ses prochaines attaques.

Il se sentait plus fort qu'elle, et ses attaques faisaient mouche presque systématiquement. Crispé sur sa baguette il redoublait d'efforts. Mais son ennemie était intelligente, calculatrice et froide. Elle se savait en mauvaise posture, elle le voyait s'avancer, et alors, semblant comme prise de lucidité, elle tourna un de ses bras au-dessus du corps de Malefoy.