Crise (50)

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Drago déboula sur le palier de la chambre, baguette en main, et un peu débraillé, croyant à une attaque. Constatant que le désordre émanait de lui, il scanda :

- Mais qu'est-ce que vous foutez là-dedans ?

Harry reconnut immédiatement la voix du garçon, releva la tête, et ses yeux lancèrent des éclairs. Le serpentard le regarda, décontenancé :

- Et toi, qu'est-ce que tu fous, Malefoy ? s'indigna-t-il en lui fonçant dessus

Pris par surprise, Malefoy n'eut pas le temps d'esquisser une défense que son adversaire lui avait déjà saisit le bras. Il remonta sa manche d'un coup sec. Il tenta alors un mouvement de désengagement, mais Harry développait une forme surhumaine et il ne put s'y soustraire.

Alors l'auror constata, Hermione disait vrai. Encore. Du tatouage infect partaient des lignées noirâtres, suivant le trajet veineux, qui atteignaient au plus loin le creux de son coude.

- Tu ne m'as rien dit, prononça Harry avec une grande dureté dans le ton

- Ça ne te regarde pas, soupira-t-il

- Tu vas mourir et ça ne me regarde pas ? Tu oses me dire ça ?! Il y a trois semaines tu m'assénais de « il faut que j'y retourne, pour toi, pour qu'on puisse être ensemble », et maintenant ça ? Oh mais j'ai un scoop, Drago, on ne peut pas être ensemble si t'es mort ! s'énerva-t-il

- Harry, tenta d'intervenir Hermione

- Et toi ! se retourna-t-il, Tu le sais depuis quand ? Je vois... comprenait-il, Tous ces bouquins que tu lisais c'était pour confirmer ta petite théorie ! Et maintenant Drago va mourir, mais tout va bien ! Hermione avait bien raison !! T'es rassurée dans ton égo !?

- Harry je... commença la brune les larmes aux yeux, Je ne voulais pas que tu fasses quelque chose d'irréfléchi avant d'être sûre...

Harry lâcha le serpentard, retournant au centre de la pièce, et commença à gesticuler avec désespoir, sentant qu'une autre explosion pouvait survenir à tout instant. Il se crispa :

- Sauver quelqu'un ? C'est ça qui est irréfléchi ?! SAUVER L'HOMME QUE J'AIME, C'EST IRREFLECHI ??

- Non Harry je... Ce n'est pas ce que... bredouilla la sorcière plus qu'affectée

Drago marcha vers lui, il prit sa tête entre ses mains et la colla contre son front, en le regardant droit dans les yeux, Harry attrapa ses poignets mais le sorcier maintint sa prise, ce qui eut pour effet de le calmer légèrement.

- Tu ne peux pas me sauver Potter, je te l'ai déjà dit, tu te souviens ? Tu ne peux pas. Ça va me tuer, comme ça a tué mon père et les autres, déclara Drago, Mais moi, moi je peux les sauver... Il faut juste que tu restes en dehors de ça.

- Il y a forcément un moyen... répondit l'auror en reprenant son souffle

- Tu crois qu'ils cherchent quoi dans leur manoir de l'enfer ? répondit-il désabusé

-... « ils ne veulent pas mourir », répéta Harry, C'est donc ça ? Je croyais à un nouveau délire d'immortalité à la Voledemort...

- Oui je crois que tout le monde a pensé à ça... Mais.. Non. Pas d'immortalité... Juste la survie, soupira l'espion

- Tu survivras, assura le gryffondor

- Stupide gryffondor borné... sourit-il faiblement, Ecoute-moi, je ne veux pas que tu joues les héros pour moi, ok ? Les héros font des choses idiotes par héroïsme et ils meurent...

- Il est hors de question que je te laisse subir ton sort sans rien faire, contredit-il

- Tu n'as pas le choix Potter, accepte-le... soupira-t-il

- Non. Je te l'ai déjà dit. Je – ne – te – laisserai – plus – partir ! Essaie encore de m'éloigner de toi, ça ne marchera pas. Je suis pire qu'un strangulot, déclara Harry

Drago eut un sourire triste, et d'un geste doux replaça une mèche derrière l'oreille du brun. Celui-ci baissa la tête, la secouant négativement. Alors Drago passa les bras autour de ses épaules et l'attira contre lui, et Harry réagit vivement : il entoura la taille du blond, referma les mains dans son dos et serra avec force son corps contre le sien. La tête dans son cou il murmura :

- Ne me laisse pas te quitter, alors que je suis sûr de moi...

Drago caressa sa nuque, comme pour calmer ses angoisses, et lui répondit :

- Concentre-toi sur ce qu'on doit faire demain, déjà, après on verra...

Harry soupira, mais il ne négocia pas. Après quelques instants passés dans cette position, immobile et en silence, Hermione se racla la gorge, gênée, pour manifester sa présence. Harry releva la tête, il lâcha Drago, et elle leur dit calmement :

- Je... Je vais aller me coucher... Peut-être que vous devriez aussi, il se fait tard, et il faut être en forme pour demain.

Elle s'apprêtait à quitter la pièce, quand soudainement Drago s'arqua en arrière et tomba sur le sol sans qu'ils n'aient le temps de réagir. Il commença à se tordre de convulsions sous les yeux paniqués de l'auror qui se laissa tomber à côté de lui :

- Par Merlin, Drago ! Qu'est-ce qui t'arrive ? cria-t-il

Le blond fermait les yeux et sa bouche se tordit dans une grimace de violente douleur, continuant à trembler de tout son long. Hermione les rejoint précipitamment, et s'agenouilla à son tour :

- C'est la marque Harry ! s'écria-t-elle, Elle s'accroît, elle l'épuise et elle le heurte pour faciliter son expansion !

Pendant son explication elle avait soulevé la tête du jeune sorcier d'une main et tentait avec son bras de le maintenir légèrement surélevé. Avec son autre main elle conjura une serviette mouillée qu'elle lui appliqua sur le front. Elle se retourna vers le brun :

- Soulève la manche ! ordonna-t-elle alors qu'il s'exécutait, Maintenant serre très fort au niveau de son biceps !

Harry obéit, sous ses yeux il voyait le poison noir se répandre lentement, alors il compressa son bras aussi puissamment qu'il put. Il ressentit soudain comme de l'électricité contre ses paumes, et Drago arrêta de remuer. Son corps se détendit d'un coup, et sa tête tomba sur le côté. Sa respiration reprit une allure normale, et Hermione regardait sa serviette avec stupéfaction :

- Je l'avais imprégnée de venin de verlieu, bien dilué il a des vertus soporifiques, mais je ne pensais pas que ce serait si efficace, s'étonnait-elle

Elle réorienta son regard sur le visage et sur le bras du serpentard, et Harry aurait pu voir les rouages de son cerveau s'activer tant sa réflexion semblait intense. Mais lui n'avait pas le coeur à disséquer Drago en cet instant, et se releva en le portant dans ses bras.

- Ça va aller Hermione, tu peux partir, je m'occupe du reste.

Elle comprit bien que ce n'était pas le temps des questions, elle lui sourit avec bienveillance avant de lui souhaiter bonne nuit et de s'en aller.

Une fois seul, il allongea l'autre homme sur son lit, il lui retira méticuleusement son pantalon, mais ne s'attaqua pas au t-shirt de peur de le réveiller. Il recouvrit son corps avec le drap, et se glissa à côté de lui.

Il n'arrivait pas à s'empêcher de le regarder : ainsi endormi, il n'avait jamais eu l'air si serein. Harry songea alors que quand il l'aurait sauvé - parce qu'il le sauverait - il déploierait toute son énergie pour que cette expression ne quitte plus jamais son visage. Même si cela nécessitait de modifier un peu les plans du lendemain...

L'affaire GoldsteinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant