Invisible (31)

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Ils étaient quatre à se démener pour tout organiser du repas.

Lila s'occupait des entrées dans un coin tout en répondant à des questions d'un homme avec un micro, Ron ouvrait des conserves de fruits à l'huile de coude, Carlotta préparait les plateaux assignés à chaque résidents à l'aide d'une fiche « rappel des régimes alimentaires », et Drago.

Il était le plus occupé, jonglant entre la préparation des légumes et la cuisson de poulets aux fours. Harry le trouva particulièrement fatigué, des cernes lui mangeaient les yeux et ses gestes étaient fébriles. Mais il ne perdait rien de son savoir-faire, et le gryffondor continuait de ressentir de drôles de sensations dans son ventre lorsqu'il l'apercevait. Il portait le "sur-bras" d'Hermione, tout à fait discret, et avait relevé ses cheveux dans un chignon dissimulé sous une charlotte qui lui serrait le front perlé de sueur.

La chaleur de la pièce était étouffante, et il y avait beaucoup d'autres personnes avec des caméras et autres micros, qu'Harry renonça à repérer qui était B.R., il opta pour une autre technique. Il fallait qu'il mette son ami sur le coup, lui au moins aurait plus de liberté de mouvements. Alors il se glissa avec beaucoup d'adresse sous le plan de travail du rouquin : de là où il était, il l'entendait jurer à voix basse contre la technologie moldue, dirigeant sa rage envers un ouvre-boîte maléfique qui lui faisait des ampoules.

Harry se retint de rire, ignorant encore comment le contacter sans se faire repérer. Un bout de manche de couvert qui dépassait du bord de la table lui donna une idée : il lui jeta un petit sort pour le faire tomber, obligeant de la sorte son ami à descendre pour le ramasser. Dos aux caméras, quand Ron passa sa tête sous son établi pour récupérer sa cuillère, il lui dévoila une part de son visage en gardant un doigt sur sa bouche pour lui intimer de garder le silence.

De surprise Ron manqua de tomber à la renverse. Mais, merci Mélusine, il ne dit rien, se contentant d'afficher une expression plus que déconfite. Harry lui fit signe de faire mine d'avoir à refaire ses lacets, le temps qu'il lui parle. Son meilleur ami l'écouta avec attention : habitué aux utilisations impromptues et intempestives de la cape d'invisibilité, il se concentra facilement sur la finalité de l'intervention de l'auror, au delà de la forme. Il lui fit un bref acquiescement de tête pour signifier qu'il était de la partie.

Si Harry pouvait déléguer la surveillance du four à son ami, cela lui permettrait de suivre Carlotta pour l'empêcher de se faire percuter les bras chargés, perdant dans sa chute le résultat de longues heures de travail et un peu de son sang-froid probablement. Il quitta l'atmosphère chargée de la cuisine pour suivre à la trace les allers-retours de la jeune fille.

Il n'eut cette fois aucune difficulté pour repérer le X.C. : un homme suivait Carlotta avec un appareil photo, et il portait un badge «Xavier Calum» épinglé à sa veste. Et alors qu'il commençait à être fatigué de la suivre sur son troisième aller-retour, Xavier se décida à agir : Carlotta allait sortir de la cuisine, chargée, et il l'attendait juste derrière la porte, pour certainement lui jouer la partition du «Oh zut la porte m'a empêché de vous voir» et lui rentrer dedans.

Harry fut plus rapide : avant que sa collègue ne sorte, il se précipita pour coincer discrètement la lanière de son appareil photo au petit panneau en relief qui indiquait la cuisine. Ainsi lorsqu'il voulut avancer pour accomplir son méfait, il fur retenu en arrière et tomba lourdement sur ses fesses au lieu de Carlotta. Cette dernière prit le temps de s'arrêter pour lui demander si tout allait bien, ignorant l'attaque à laquelle elle venait d'échapper. Puis elle se relança dans ses livraisons de repas.

Malheureusement pour l'auror, cette mésaventure ne découragea pas le photographe qui recommença à chercher à l'avoir. Alors pendant le reste de la tournée de la jeune fille, Harry déjoua attentats sur attentats, croisant par la même occasion Charles et Patricia au ménage des salles de bain.

L'affaire GoldsteinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant