L'affaire Goldstein

Catanzano (46)

Harry tournait en rond dans le salon. Mais qu'est-ce qui lui avait pris de dire une chose pareille à Drago ? Il avait passé toute la journée à se torturer l'esprit avec ces considérations. La nuit tombait qu'il navait pas pensé à autre chose.

Oh non pas que ce fut des mensonges, il ne faisait pas suffisamment l'autruche pour se voiler la face sur ses propres sentiments, il savait que si c'était sorti à ce moment-là, ce n'était pas un hasard : ils avaient eu besoin de jaillir ainsi, expliquer autant au blond qu'à lui-même les raisons de son comportement. Mais si l'auror était capable de l'accepter, il n'était vraiment pas persuadé que le serpentard, quant à lui, soit en mesure d'y faire face.

Sauf qu'il n'était pas possible de revenir en arrière : c'était dit, c'était ainsi. Peut-être qu'il avait tout gâché... Pourquoi fallait-il toujours que Drago le repousse ? Pourquoi ça ne pouvait pas se jouer plus simplement ?

Parfois il en venait à se demander si la nuit qu'ils avaient vécue était bien réelle.. Pourtant dès qu'il y repensait un instant, son érection, elle, était bien réelle ! Comment avaient-ils pu se retrouver si proches, si connectés ? Pour le lendemain se rejeter encore et encore...

Et si tout cela confusionnait l'espion, et qu'il faisait un faux pas par sa faute ? "Tu te donnes trop d'importance, mon vieux..."

Ou s'il refusait définitivement d'entrer en contact avec Harry ? L'auror avait remarqué que la meilleure technique de protection de son ancien rival était bien souvent la fuite... Et il ne se le pardonnerait pas.

Il ressassait cela en faisant les cent pas, quand un élément vint contredire le fil de ses pensées. Luna était entrée pour le rejoindre, et lui proposer d'avaler quelque chose qu'il s'apprêter déjà à refuser, quand soudain une boule lumineuse se matérialisa au centre de la pièce.

Il ne fallut que quelques secondes pour qu'elle prenne la forme bleue translucide d'un magyar à pointe qu'Harry reconnaissait bien. Les deux jeunes sorciers s'en approchèrent rapidement, et la voix de Drago résonna entre les murs depuis le patronus, il parlait très vite :

« Dans le bureau de Lestrange, il y a des documents recensant tous les biens et propriétés des mangemorts en fuite, qui n'ont pas encore été saisis. Mais je n'ai pas beaucoup plus pu fouiner, Roummez, le français, ne me fait pas trop confiance, je crois qu'il me surveille... Je me sens souvent épié ici. Mais mon oncle lui veut m'intégrer le plus vite possible, il m'a dit que je verrai bientôt la cave, demain ou après-demain. Il attend le retour de Carter et Jugson, apparemment ils seraient en mission dans le sud de l'Italie, à Catanzano, tentez d'augmenter la surveillance. J'essaie de vous recontacter vite, je ne promets rien. »

Le patronus se tut, mais le dragon virevolta encore quelques instants au-dessus de la cheminée, avant de s'évaporer sous le regard circonspect du gryffondor. Il conjura un morceau de papier pour prendre note des nouvelles informations, qu'il transmit à travers la cheminée à son département ministériel. Luna restait immobile à fixer l'endroit où le dragon se trouvait quelques instants auparavant, elle dit alors :

- Oh, c'était un très joli patronus.

- Mmmh, acquiesça Harry en refermant le réseau cheminette

- Ça devait vraiment être un très beau souvenir ! Je me demande à quoi il a bien pu penser, déclara-t-elle alors

Harry sentit ses oreilles bourdonner, il se prit à espérer que peut-être c'était à lui qu'il avait pensé, à eux.. Peut-être que tout n'était pas complétement pété finalement... Mais cette douce impression fut vite étouffée, dans les jours qui suivirent. Drago continua de les contacter pendant quatre jours, puis de nouveau plus rien.