Chantage (57)

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Une nouvelle journée.

Ou peut-être était-ce le milieu de la nuit ?

Il n'en avait aucune idée.

Le temps semblait à l'arrêt, il ne savait plus depuis combien de temps il était là, entre les évanouissements et les vrais moments de sommeil qu'il avait dans cette même pièce sans fenêtre il n'avait plus aucune chance de s'y retrouver.

Il avait mal. Et soif. Si soif. Il se souvenait vaguement qu'Eira lui avait donné un bol d'eau fut un temps, mais cela aurait pu être autant hier qu'il y a trois mois. Ses lèvres tiraient fortement, et ses muscles n'arrivaient plus à retenir quoi que ce soit.

Quand Roummez l'avait réorienté face au sol, tout son corps s'était décalqué vers l'avant, se décollant totalement de la plaque de métal qui lui servait de support depuis le début de sa captivité. Les liens qui le maintenaient toujours attachés par les extrémités lui enserraient violemment les membres. Ils lui firent adopter une position anormale et anguleuse particulièrement douloureuse, mais il n'avait plus aucune force pour lutter contre.

Il pendait lamentablement vers le sol, la tête ballante, quand Rabastan fit son entrée. Harry était incapable de le regarder, mais il le reconnaissait au bruit de ses pas. Il parlait à voix basse avec Roummez mais la vapeur qui lui embrumait le cerveau l'empêchait d'y comprendre quoi que ce soit. La seule chose qu'il était capable de saisir en cet instant était à quel point son corps n'était devenu qu'une somme de souffrances plus aiguës les unes que les autres.

Son cou et ses épaules tendus à l'extrême, son bras cassés, ses membres et son torse lacérés, les multiples hématomes, sa lèvre inférieure gonflée et son arcade sourcilière fendue, tout se rappelait à lui à chaque mouvement, à chaque respiration.

Ainsi suspendu, ses poumons semblaient incapables de se remplir convenablement, il avait l'impression constante d'étouffer. Il toussota faiblement, ce qui fit rire Roummez, et ce dernier retourna vers lui :

- T'es prêt pour une nouvelle séance ? ronronna-t-il, pédant

Harry ne répondit rien, incapable d'articuler un son sensé. Alors Roummez l'attrapa brusquement par le menton pour lui faire relever la tête, il tenait à ce qu'Harry voie ce qu'il gardait entre ses doigts : une seringue argentée, dont un produit vert translucide emplissait le réservoir. Le jeune homme n'avait pas grande idée de ce que cela faisait mais aucun doute qu'il lui était destiné. Toutefois ce fut Rabastan qui prit la parole :

- Mais tout d'abord, il reste une interrogation qui me taraude, déclama-t-il, et au cas où cette expérience te tue, j'aimerais d'abord que tu y répondes !

Harry eut envie de lui répondre avec sarcasme mais encore une fois l'épuisement prit le dessus. Alors Lestrange reprit :

- Nous avions mis au point plusieurs alarmes pour démasquer un éventuel retour de mon neveu. Une sur sa marque évidemment, mais dès que Roummez a commencé à le voir faire joujou avec son patronus nous avons jugé qu'il serait aussi peut-être pertinent de mettre une détection sur ce genre de sorts dont nous n'avions de toute façon pas l'utilité entre ces murs. Mais nous n'avions pas vraiment compris pourquoi Drago avait eu besoin de cela, je ne m'y suis pas plus penché. Sauf que, lorsque c'est cette alerte qui nous a permis de te localiser, là, je me suis dit que nous étions peut-être en train de passer à côté de quelque chose... Alors dis-moi, Potter, à quoi vous servent tous ces patronus ?

Harry aurait voulu rire, mais il rassembla toutes ses capacités pour tenter de prononcer quelque chose de probant :

- Vraiment ? souffla-t-il péniblement, Vous m'avez pas tué pour cette réponse... ?

L'affaire GoldsteinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant