L'affaire Goldstein

Rejet (48)

Harry retenta un rapprochement maintenant qu'il n'y avait plus personne ; il tendit la main pour la poser sur celle du serpentard. La réaction fut immédiate, il retira sa main comme si le contact l'avait brûlé, et s'empressa de remettre de la distance entre eux. Harry resta coi face à cette réaction, le serpentard avait donc bien conscientisé de l'éloigner, mais pourquoi ?

- Reste loin de moi, Potter... prononça-t-il lentement

- Mais pourquoi ? répondit le brun en s'approchant de nouveau

- Parce que tu n'aurais jamais dû t'approcher autant, dit Drago à voix basse

- Qu'est-ce que tu me dis là ? bredouilla-t-il

Pour la première fois depuis leur arrivée dans la salle à manger Malefoy le regarda, et ses yeux reflétaient une expression entre la colère sourde et la profonde tristesse. Harry repensa alors à la façon dont ils s'étaient quittés il y a trois semaines, et ne put s'empêcher de lui demander faiblement :

- C'est à cause de ce que je t'ai dit ?

Il s'approcha encore, et Drago fit un bond en arrière pour maintenir une distance entre eux. Harry s'arrêta, soucieux de le ménager un peu, mais continua dans un monologue :

- Je suis désolé que ce soit sorti comme ça, mon intention n'était pas de te brusquer... Ça m'a brusqué aussi si ça peut te rassurer, tenta le brun

- Potter, si tu crois que tu m'aimes, tu te trompes, le coupa-t-il soudainement, T'es juste bouffé par tes hormones ou englué dans une espèce de syndrome de l'infirmier ou j'en sais rien. Mais je suis pas un gars qu'on sauve, ou qu'on aime, d'accord ? Eloigne-toi de moi, avant de te persuader du contraire, ordonna-t-il avec sévérité

- Il t'arrive quoi là enfin ? renchérit Harry sans rien n'y comprendre

- Tu ne m'aimes pas/

Hermione fit irruption dans la cuisine, Ron à son bras.

- Et je ne t'aime pas non plus, finit-il plus discrètement

Harry sentit le sol se dérober sous ses pieds. Son ventre semblait se fendre à partir du nombril, jusqu'à sa gorge, et l'air commença à lui manquer.

Malefoy s'assit avec nonchalance à l'autre bout de la table, comme si tout ça ne l'affectait pas le moins du monde, et la vision du brun se troubla : il vit apparaître contre ses yeux une myriade de petites taches noires et vacilla sur ses jambes. Hermione se rua sur lui, le retenant par l'épaule :

- Harry ! Tu ne vas pas bien ? s'enquit-elle rapidement

Le gryffondor tenta de lui répondre la langue empâtée :

- unpeudhypoglicémiejecrois...

Son amie, peu convaincue, l'aida à s'assoir et prit place à ses côtés tandis que Ron les rejoignait :

- Mon vieux t'en fais une tête ! On dirait que tu viens de passer sous le saule cogneur !

Harry agita faiblement la main, geste qui voulait dire « ce n'est rien » mais qui en réalité faisait passer le message contraire dans son exécution. Ron lui claqua le dos :

- Bah tu pourrais au moins faire semblant d'être content de me voir !

Ron essayait clairement de détendre l'atmosphère (sans vraiment saisir ce qu'il fallait détendre), et Harry lui rendit un sourire en coin pour le remercier de cet effort, mais le visage inquiet d'Hermione contrebalançait sévèrement.

Alors, alors que ses organes fondaient à l'intérieur de lui, il engagea une conversation futile sur ses progrès en quidditch avec son meilleur ami pour distiller les interrogations. Ron s'engouffra dans cet échange, il discutait passionnément de ses derniers entraînements sans sembler être au courant pour sa soeur.