Adieux (74)

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Robards avait dit oui.

Sa seule condition était qu'il soit accompagné par Dean, ce que Drago avait accepté avec docilité, et Seamus nettement moins. Il avait fulminé contre Robards, Drago et Dean tout le vendredi matin, mais il les avait finalement laissés partir sur les coups de midi.

Drago sentait son coeur se serrer à l'idée de quitter Potter pour un endroit si loin de lui, mais il savait qu'il devait le faire.

Quand il passa les portes de la SHARE et que Christine le serra de toutes ses forces dans ses bras, il sut qu'il avait pris la bonne décision. La sérénité de cet accolade n'avait pas d'égal.

- Drago ! Quel bonheur de te revoir ! lui avait elle dit contre l'oreille

Il lui avait souri avec une grande sincérité. Dean fut reçu avec beaucoup de chaleur aussi, le jeune homme avait réussi à se faire bien apprécié par les moldus.

Drago suivit naturellement le chemin des cuisines, et l'accueil de Carlotta et Lila fut éclatant. Carlotta l'avait ensuite traîné à travers les plans de travail pour lui montrer comme elle s'était améliorée en cuisine, et Lila les suivait en lui racontant ce qu'il avait manqué depuis son absence.

Drago ressentait une joie tellement immense à les revoir, que la raison de sa venue lui revint encore plus difficile, il devait leur faire des adieux.

Il n'y parvint pas.

L'après-midi se déroula dans ce cadre qu'il aimait tant, à se balader sur les différents postes et revoir ces bénévoles qui l'avaient si bien accompagné, qu'il n'arrivait pas à évoquer les motivations qui l'avaient poussé à revenir. Dean semblait aussi peu pressé de partir que lui. Sortir de l'atmosphère hospitalière du 12 square Grimmaurd devait lui faire un bien fou.

Drago était attablé avec Carlotta sur une chaise au soleil, et il profitait du vent sur sa figure en écoutant les histoires de son amie :

- Le pauvle jé té joure, l'était pas plêt ce gars-là..! Madame Rey en a fait qu'oune bouchée ! Il est palti en coulant et on l'a jamais levou !

- Ah ça, répondit Drago en riant de bon coeur, Tout le monde n'est pas compatible avec ce genre de bénévolat.

- C'est vlai, mais toi tou l'étais bien... lui dit-elle en haussant les épaules, Tou penses qué tou va levenil ?

Son coeur se serra, il ne voulait pas répondre. Il ne le pouvait pas. Elle le perçut et lui prit la main :

- Ça nous fait tous tlop plaisil de te levoil Dlago, mais poul té dile la vélité, j'ai l'implession qué tou né va pas tlès bien...

- ...Crois-moi Carlotta j'aimerais revenir, vraiment, mais je ne suis pas sûr que je puisse... prononça-t-il avec un immense chagrin dans la voix, C'est compliqué ma vie, en ce moment.

- Est-cé qué c'est à cause dé Hally ? demanda-t-elle sincèrement

-... En partie oui, avoua-t-il, Mais ce sont surtout...

Il s'interrompit car Dean courrait en sa direction l'air affolé.

- Des choses que je n'ai pas encore réglées, finit-il dans un souffle alors que le métis avait atteint son niveau

- Et une de ces choses demande après toi à l'interphone, articula le gryffondor en reprenant son souffle et en écarquillant les yeux pour qu'il saisisse l'allusion

Drago se releva immédiatement :

- C'est impossible, il était dans le Westminster ! Et personne ne savait que j'étais ici... !

- Drago je te promets que c'est pas une blague, je l'ai vu dans la caméra...

L'air paniqué de son condisciple altéra toute possibilité de doute et il mesura enfin la gravité de la situation. Alors Dean lui attrapa le poignet :

- Il faut partir, maintenant ! lança-t-il

- Non ! rétorqua Drago en se dégageant, S'il sait que je suis ici il n'hésitera pas à s'en prendre aux moldus pour m'atteindre ! Tu le sais très bien !

- Merde, merde, merde... répétait Dean en proie à la crise d'angoisse

- Mais il sé passe quoi là Dlago ? intervint Carlotta déboussolée

- Je.. Euh... Je ne sais pas trop Carlotta, mais il faut que tu m'écoutes d'accord ? Ecoute moi attentivement c'est très important : d'abord va chercher Lila, ou n'importe quelle aide, et faites rentrer tous les résidents, et tu les enfermes dans leur chambre ok ?

- Oui Dlago bien-soul mais /

- Pas de mais, juste s'il te plaît suis mes directives...

- D'accold.. ?

- Ensuite tu interdits à quiconque de ressortir, résidents comme bénévoles. C'est clair ?

- Oui oui, bredouillait-elle perplexe

- Trouvez-vous un coin à l'étage, restez avec les résidents, et ne sortez que quand Dean ou moi reviendrons. Exécution !

L'hispanique hocha vivement la tête et s'en alla précipitamment.

- Il faut prévenir Robards, suppliait Dean quand elle fut plus loin, et vite !

- Drago mon chou ? hurlait la voix de Christine depuis la fenêtre de son bureau, quelqu'un te réclame à l'interphone, tu veux que je le fasse entrer ?

- Surtout pas tante Chris ! cria Drago en retour, Je m'en occupe ! Reste où tu es s'il te plaît !

Il se retourna vers le gryffondor :

- Ton bras, ça va ? Parce que je crois qu'on n'a pas le temps pour Robards... lui dit alors le serpentard

- Merde Drago ! T'es pas sérieux ?! Tu peux à peine te battre !

- Lui aussi je te rappelle, rétorqua le blond en sortant sa baguette

- Mais non enfin, c'est de la folie ! Bien trop dangereux ! Et même ! Imaginons cinq minutes que ça marche, une fois immobilisé tu comptes en faire quoi ??

- Je ne comptes pas l'immobiliser, répliqua Drago le regard animé par la vengeance

- Arrête Drago ! s'emporta-t-il, tu me fais flipper là ! Ecoute je transplane, et je préviens Maisy, et toi tu surveilles que rien ne dérape d'ici mon retour !

Il regarda rapidement les alentours avant de disparaître dans le tournoiement propre au transplanage. Mais Drago n'avait pas du tout la volonté de suivre ce plan. Son oncle l'avait trouvé, et il était hors de question de le laisser filer ou de mettre qui que ce soit en danger à cause de lui. Encore. Il devait mettre fin à cette folie lui-même.

Conforté dans ses idées, il raffermit la prise qu'il avait sur sa baguette et prit la direction de l'entrée : sa priorité était d'éloigner Rabastan du centre. Il se doutait d'ailleurs que si le sorcier n'avait pas déjà tout fait exploser c'est probablement qu'il n'en avait plus la force, donc le dialogue pourrait être possible.

Alors il se dirigea vers l'entrée, d'un pas assuré. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été aussi sûr de lui. Peut-être allait-il mourir mais il ferait absolument tout pour amener son ennemi avec lui. Il arriva à la porte, et parla à travers l'interphone.

- Vous vouliez me voir, Rabastan ? dit-il aussi sèchement qu'il le pouvait

- Ah Drago, j'ai failli attendre ! Enfin te voilà ! lui répondit la voix de l'autre côté

- Qu'est-ce que vous me voulez ? coupa Drago

- Tu le sais.

- Mmmh. Pas ici. Il y a un terrain vague derrière, rejoignez-moi là-bas, ordonna Drago en tentant d'étouffer le tremblement de son larynx.

L'affaire GoldsteinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant