Interrogatoire (53)

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Une douleur lancinante au niveau du sternum tira Harry de sa torpeur.

Il mit du temps avant de comprendre où il se trouvait.

Il était allongé sur le dos, partiellement dévêtu, contre une plaque dure et de froide, et une lumière aveuglante l'empêchait d'ouvrir correctement les paupières. Lorsqu'il essaya de lever le bras pour se protéger de cette attaque violente contre ses pupilles, il se rendit compte que ses poignets, comme ses chevilles, étaient entravés par de gros liens solides.

Alors qu'il tenta de tirer frénétiquement dessus à deux reprises, le souvenir des évènements récents lui revint en mémoire : il avait été capturé par les mangemorts et se trouvait probablement encore entre leurs murs. Et son sternum le faisait toujours souffrir.

Il tenta alors de relever la tête, pour découvrir l'origine de cette douleur, pour se rendre compte qu'un bandeau serrait son front le maintenant immobile. Il gigotait désespérément contre la table froide pour échapper à l'espèce de brûlure qu'il sentait grandir sur son torse, quand une voix se fit entendre :

- Ah ça réveille hein ?

L'homme eut un rire gras et, à l'accent, - semblable à celui de la famille Delacourt en nettement moins chantant - Harry en conclut qu'il avait affaire au français Roummez.

Ce dernier fit passer devant la lumière ce qui s'avérait être un tison dont le bout rougi fumait légèrement. Harry déduisit de cette vision que c'était l'instrument avec lequel il tentait de le réveiller.

Il vit ensuite le visage de son tortionnaire : des énormes yeux noirs et fous, le visage creusé par le temps et les cicatrices, d'épais sourcils gris, une barbe éparse et irrégulière, une bouche si fine qu'on aurait dit une fente faite au couteau dans ce visage disgracieux, surplombée d'un nez épaté et d'une chevelure grisonnante approximative. L'effet général était peu reluisant, et ainsi excité par son fer chauffé à blanc, Harry le trouva répugnant, tant qu'il en eut une grimace de dégoût.

L'homme semblait ravi de son petit effet, et approcha l'objet encore plus près du visage de l'auror. Il ferma les yeux en anticipation de la douleur cuisante qu'il redoutait de ressentir sur sa joue, mais rien ne vint. Roummez rit de nouveau :

- Ah tu fais moins le malin que dans ma réserve hein ?

- Détachez-moi et on verra qui fait le malin, grogna Harry la voix affreusement pâteuse

- Oh non je ne crois pas non. J'ai encore un ou deux projets pour toi, déclara-t-il sur un ton qui ne laissait rien présager de bon

Il apposa alors le tison brûlant sur son épaule et Harry serra les dent pour retenir un cri de douleur. Au-dessus de son visage celui de Roummez affichait une expression démente. Quand il retira l'objet de sa peau meurtrie, il tourna la tête pour ne plus avoir à supporter sa vision, ni l'odeur de chair brûlée, ainsi que pour échapper un tantinet soit peu à la lumière aveuglante qui le surplombait. L'auror perçut alors plus loin qu'un autre homme était entré dans la pièce.

Un grand sorcier enveloppé dans des tissus sombres, les cheveux bruns coupés courts, le visage pointu, les traits sévères, deux petits yeux sombres qui scrutaient le jeune homme. Il était accompagné d'une sorcière dont la moitié du visage semblait ravagé par les restes d'un incendie, qui avait le teint basané, un oeil entièrement blanc et pas de cheveux. Roummez leur adressa la parole :

- Rabastan ! Tu viens voir notre nouvel invité ? s'exclama-t-il

- Mmmh... Je m'assure que tu ne le détruises pas avant qu'on ait eu le temps d'en faire bon usage, répondit-il sans prosodie

L'affaire GoldsteinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant