Second

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Un soupir profond me quitta, mon corps et mon cœur étaient légers, pour la première fois depuis de nombreuses années. Alors, encore pour un instant je pris le temps d'oublier, un instant pour me reposer après l'éprouvante nuit que je venais de passer et dont seulement quelques bribes il me restait.

Je me souvenais de cet homme, cet alpha qui avait pris possession de moi, de bien nombreuses fois. La vision de ses yeux rougeâtres persistait et me donnait des frissons. Tout de lui avait été impressionnant de la manière dont ses yeux se posaient sur moi à son calme complet en passant par le contrôle qu'il me laissait tout en prenant soin de moi. Je me souvenais avoir tout aimé, avoir été entièrement satisfait, c'était comme si, sans nous être jamais rencontrés auparavant, nous nous étions trouvés. Je n'étais pourtant pas bien romantique, enfin, c'était plutôt dur à cerner vu le peu d'interactions que j'avais eues avec des humains ces dernières années, davantage avec des mâles.
Un autre soupir me quitta, même si cet endroit était confortable et portait son odeur si addictive et rassurante, je ne pouvais pas rester là, ce n'était pas chez moi. Et même si j'avais beaucoup aimé nos moments, je ne comptais certainement pas les recommencer, la fougue de l'instant m'avait emporté et je n'avais pas même cherché à lutter. La chaleur de mon être m'avait enveloppé et avait été bien trop douce pour que l'envie d'y résister ne tente de se manifester.
Mon loup encore éreinté dormait, et j'aurais préféré également me replonger dans un sommeil profond, loin des bras de cet inconnu, ce que j'appréciais, mais je ne le pouvais pas. Je devais aller le remercier pour l'hospitalité, même si je ne lui avais rien demandé, avant de retourner chez mes parents et surtout m'excuser auprès d'eux pour mon comportement, un petit tour à la pharmacie ne devrait également pas être de trop.
Avec la seule envie de rentrer chez moi pour retrouver mon lit, qui avait été bien trop réquisitionné la nuit dernière, je rejetai les couvertures loin de moi. Mon corps tout entier alors se réveilla, je pus à peine m'étirer que de nombreuses douleurs se révélèrent à moi. Après tout, j'avais fait le fou, ce qui ne devrait pas tarder à recommencer, le mieux était de s'échapper.
A bien regarder, mon corps était recouvert d'une douce chemise d'un rouge sang et d'un bas de jogging beaucoup moins seyant. Tout ce que je portais était de lui, et son odeur, après une si longue nuit, s'était mélangée à la mienne, ce mélange était plaisant mais également terrifiant. Après tout, cet homme, je ne le connaissais pas, et même si je voulais rester calme, le fait qu'il ait volé ma première fois dans ces conditions ne m'enchantait pas.
Un peu plus pressé de partir cette fois, et sous les doux rayons de soleil de cette belle journée, j'ouvris l'une des deux portes de cette chambre. Un petit couloir s'offrit alors à moi, mon cœur battant se calma un peu, rassuré de ne pas tomber sur le séduisant propriétaire des lieux. C'était déstabilisant d'être là, certes, mais je ne me sentais pas en danger pour autant. Au fait, quand je le verrai, devrai-je plutôt le vouvoyer ou le tutoyer ? Il avait pénétré si profondément en moi que je n'étais même pas sûr de pouvoir le regarder dans les yeux. Et puis, vu les nombreuses barrières que nous avions franchies, il ne se formaliserait sûrement pas de cela. Je ne pouvais qu'espérer qu'il ne soit pas assez fou pour croire que j'allais rester ici et le laisser me baiser, ou pire, qu'il soit collant.
Je m'arrêtai, prenant un instant pour respirer et faire évacuer toutes mes pensées. Cet homme devait être quelqu'un de confiance pour que mes parents me laissent partir avec lui.
A peine inspirai-je une nouvelle fois qu'une agréable odeur de nourriture accapara chacune de mes pensées, mon ventre gronda au même instant. J'avais si faim !
Puis, mes yeux se rouvrirent, me dévoilant la pièce de vie, mais surtout ce grand homme dos à moi. Ce n'était pas lui qui s'était occupé de moi la nuit dernière. Je le savais, parce que je le reconnaissais, de ses cheveux bruns à ses larges épaules et sa si grande taille, cet homme que j'avais si longtemps recherché, cet homme qui encore aujourd'hui me manquait. Mes yeux me brûlèrent alors que mes larmes remontèrent. J'avais longtemps imaginé ce moment, mais jamais ainsi, au lendemain de mes chaleurs, alors que je les avais passées avec un inconnu. Pourtant tout correspondait, son effluve, bien plus brute qu'auparavant, elle que j'aimais tant, son apparence, sa présence, je le reconnaissais et je savais à quel point il me rassurait.
Toute la colère qui m'avait un temps habitée et qui n'avait laissée qu'une profonde tristesse s'évapora, il était là. Malgré la fébrilité de mes jambes, je courus, jusqu'à encercler son corps, à coller le mien contre son dos, sans hésiter à laisser mes larmes imprégner son tee-shirt. Je me fichais bien de savoir la façon dont il m'avait retrouvé, la raison pour laquelle il était ici, c'était notre moment à nous et je comptais bien en profiter.

Toi, moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant