Vingt-neuvième

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Le parquet craqua doucement sous nos pas fatigués. Nos corps se rapprochèrent, dans le secret de notre entrée, les doigts chauds d'Adam glissèrent le long de ma nuque, jusqu'à s'emparer du tissu de ma veste, le descendant, dévoilant mon haut finement dentelé, dissimulant les marques sur ma peau, les atrocités qu'elle avait dû endurer. Son souffle secoua mes cheveux, dans une résonance particulière qui se répandit jusqu'en mon âme.

-J'y ai longuement réfléchi.

Ma tête se redressa à l'entente de cette voix profonde, sans que jamais nos corps ne tentent de se détacher, de s'éloigner, de s'observer.

-Je ne veux pas te forcer à dormir avec moi, tu es déjà obligé de vivre ici, je ne veux pas te contraindre davantage.

Mon cœur s'accéléra, son corps se reculant, acceptant d'être hors de ma portée.

-Suis moi.

Lorsque je me retournai, il avait déjà avancé, sans aucun contact. Un peu en retard, mon corps le suivit, jusqu'à une porte secrète, fermée à clé. Il la déverrouilla sous mon cœur battant, l'appréhension me rongeant. Tout se calma, soudainement, lorsque je la vis, mon regard se bloqua sur chaque chose qui s'y trouvait, que j'adorais.

-Elle est à toi, c'est ta chambre.

J'y avançai sans crainte, m'y familiarisant sous sa profonde tristesse.

-Pourquoi ne pas l'utiliser ? Elle est davantage à ton goût.

Il croisa les bras, s'appuyant contre la porte sans oser avancer, ces tons foncés et dorés évoquant pour lui seulement dangerosité.

-Elle est aussi aux tiens, cette pièce me faisait trop penser à toi, c'était si douloureux et insupportable, mon loup finissait toujours par lutter pour prendre le contrôle et te rejoindre. Il n'en pouvait plus d'attendre vos chaleurs, il voulait les attendre avec vous, pour se rassurer.

Mes yeux revinrent sur lui, cet être qui comme moi, avait souffert de notre séparation.

-Quand tu es parti, je me suis réfugié dans ce que tu nous avais laissé, au plus près de toi, je me rapprochais, alors que toi, tu me fuyais.
-C'était différent, et puis, les choses se sont inversées.

Un sentiment amer me prit le cœur, j'acquiesçai, mon regard s'égarant loin de lui.

-Vous auriez fait quoi si elles n'étaient pas arrivées, que j'étais stérile ? demandai-je curieusement.

Je m'approchai d'un meuble, attrapant le globe en fer noir et or, avec tous ces pays auxquels je n'aurais jamais accès, à cause d'une simple marque.

-Un mois.

Sa voix m'électrisa, m'immobilisant, des frissons se répandirent dans mon corps à mesure que leurs pas s'approchèrent, s'arrêtant derrière moi, son corps me surplombant, me recouvrant.

-Nous nous laissions un mois avant de venir te chercher pour les attendre ensemble, ici.

Je reconnus son loup dans ces mots, dans cette voix. Mon cœur dérailla complètement, la dangerosité de son être tout près de moi.

-Peut-être qu'au moins, je n'aurais pas eu votre marque.

Sa main se posa sur la mienne, l'autre sur ma hanche, sa bouche s'empara de ma nuque nue, ses lèvres glissèrent jusque mon oreille.

-Jamais.

Des frissons.

-Jamais tu n'aurais pu nous échapper.

Toi, moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant