Vingt-troisième

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-Vous avez immédiatement été heureux, ensemble. Adam était toujours près de toi, à t'observer, même si c'était silencieusement. C'était assez étrange à voir, tu as tout de suite été un garçon énergique Nao, mignon également, par ta nature d'Oméga, mais tu avais ton petit caractère. Tu réservais toujours tes petits sourires adorables à Adam, tu avais besoin d'avoir son attention, son approbation, inconsciemment. Même si, parfois, tu voulais t'affirmer, et alors, tu n'hésitais pas à le remettre à sa place ! Adam et son loup le respectaient, au fil du temps, tu as fini par comprendre qu'ils n'étaient pas tes ennemis, mais un soutien de poids, infaillible, qui te protégerait toujours.

Mon cœur battait fort, il battait vite, j'avais envie de crier, le besoin de fuir en courant face à cette abomination m'étouffait.

-Nous avons perdu la joie de notre premier petit garçon, cette joie de vivre que tu as récupéré Nao. Malgré tout ce qu'il se passait, les difficultés que nous rencontrions, tu étais toujours là, lumineux, à tenter de nous apaiser.
-C'est impossible, Adam n'était qu'un petit garçon, ces spécialistes se sont trompés.

Mon trouble s'accentua face au regard plus doux de ma mère, ses mains tendres parvinrent à attraper les miennes.

-Dès que nous vous avons réuni, tous les deux, tout s'est arrêté, vous étiez apaisés et plus rien ne pouvait vous séparer.
-Vous auriez dû...

Je me fis couper, soudainement, par la voix de mon père, mes mains bercées par des caresses.

-Nous avons tenté des choses. Adam a rencontré des jeunes de son âge, des gens à qui son loup pourrait s'attacher, omégas, bêtas, alphas, mais personne n'a réussi à capter son attention, il n'y avait que toi qui comptait, alors que tu te reposais dans les bras de ta mère, il n'y a que toi qu'il regardait. Adam n'a plus jamais été un petit garçon après ta naissance Nao, tu lui as pris son enfance.

Mes yeux papillonnèrent, les mots un peu trop durs de mon père me déstabilisant. J'avais pris son enfance, alors il m'avait volé toute ma vie.

-Ce n'est pas ce que ton père voulait dire Nao, Adam a passé sa vie à veiller sur toi, jusque là, et à présent, tu le rejettes.
-Vous n'auriez pas dû écouter ces gens, nous sommes frères, rien ne se passera jamais entre nous !

Je m'arrachai à ces mains et à tous ces regards, m'éloignant d'eux en croisant mes bras.

-Votre lien, entre frères, et même frère et sœur, ce n'est pas un cas isolé, ça arrive plus fréquemment qu'on ne le croit, et alors, c'est le lien de la destinée qui triomphe. Je sais que ça peut être choquant à entendre et à voir, mais vous ne vous ressemblez pas, et les gens acceptent plutôt bien un lien comme celui là, parce que vous êtes les deux parties d'une même âme, frères ou pas.

Je secouai la tête, tentant d'oublier toutes ces sottises.

-Jamais moi je ne pourrai l'accepter.
-Il faut que tu arrêtes de lutter Nao, le lien finira par se dévoiler à toi, et lorsque ce sera le cas, tu souffriras.
-Je préfère encore souffrir plutôt que de rester lié à mon frère !

Mon cri jeta un grand froid dans la pièce, un froid qui resta. Adam ne prit pas pour lui mes mots, se contentant de m'observer, en simple spectateur, comme il l'avait toujours fait.

-Nao, je peux te parler en privé ?

La voix de ma mère avait perdu toute tendresse, elle n'était plus que tension.

-Tu peux le faire là, de toute façon, je n'ai plus rien à cacher, pour personne.

Mes yeux s'égarèrent sur mon frère, survolant ses traits tendus par la conversation qu'il avait avec son loup.

Toi, moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant