Vingt-quatrième

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Ma tête partit vers l'avant, faisant exploser les battements de mon cœur sous ma frayeur, toute somnolence me quitta. Je soupirai en me réinstallant dans mon siège, mon corps retenu par une ceinture de sécurité.

-Nous n'allons pas tarder à arriver, tu pourras te reposer, je nous préparerai à manger.

Mes yeux se fermaient pourtant déjà, mon esprit trop lassé pour l'écouter. Un sursaut me réveilla une seconde fois, bien désagréablement, le moteur coupé, les lumières de la voiture me fixant face à l'obscurité du parking souterrain. Je bâillai follement en m'étirant, pendant qu'Adam sortait de la voiture. J'eus l'envie de lui dire de me laisser là, mais l'optique d'un bon lit bien chaud me tenta bien trop, ainsi que du repas qui l'accompagnerait. Ma portière s'ouvrit soudainement, me dévoilant Adam, prêt à m'aider pour monter. Je me détachai bien mollement, enclin à me remettre dans ses bras pour ce bien court trajet, mais la chaleur soudaine de mon corps me rappela à qui je la devais, et alors, je sortis à mon tour, le snobant en le dépassant, avançant jusqu'à l'intérieur, bien que je ne connaissais rien à l'endroit.

-Tu leur as vraiment fait du mal.

Mon esprit s'éveilla à peine, épuisé par cette folle journée, pour se poser sur Adam, alors que nous étions dans l'ascenseur. Mon regard se posa sur sa force calme, attendant mon prochain mauvais pas pour m'attaquer.

-Cela les a vraiment blessé que tu les ignores, que tu ne les appelles que par leurs prénoms.

Mes épaules se haussèrent, les portes de l'ascenseur s'ouvrant, nous laissant sortir tous deux. Je suivis mon frère jusqu'à son appartement, me laissant reposer contre le mur pendant qu'il déverrouillait la porte.

-Ils en ont fait tout autant.

Ses yeux s'arrêtèrent sur moi, sans que les miens ne tentent de les fuir.

-Tu ne sais pas ce que c'est que d'être parents, de devoir gérer ça.
-Et je ne veux pas le savoir.

Négligemment, je retirai ma veste et mes chaussures, laissant le tout en tapon dans l'entrée. Adam en soupira, une fois la porte refermée. Il voulut continuer cette conversation, mais je le fuyais, m'engouffrant plutôt dans la chambre pour les prochaines heures.
Mes battements de cœur résonnèrent jusque dans mon esprit, rendant ma tête lourde et douloureuse, emplie des souvenirs frais de cette fin d'après-midi. Notre rencontre tous les quatre avait été écourtée, j'avais refusé de continuer et je commençais à somnoler, malgré la tension glaciale de la pièce. Plus rien de tout cela ne comptait, de toute façon, je ne souhaitais rien changer, je ne le pouvais certainement pas.

-Nao.

Mon esprit s'apaisa immédiatement, tout comme ma bête bafouée, cette effluve, cette chaleur et cette voix me retournèrent complètement, rendant la marque étrangement fiévreuse.

-Tu es brûlant, est-ce que tu te sens bien ?
-Je crois
, soufflai-je à mon tour, c'est la marque, je ne sais pas ce qu'elle a, elle est toute...

Mon souffle se coupa en sentant sa main la recouvrir, entièrement. Mon corps se réchauffa davantage, un gémissement manquant de m'échapper, mes dents mordirent ma lèvre inférieure férocement pour l'en empêcher. Sa peau s'éloigna de la mienne, apaisant la tension de mon corps, de mon sang.

-Excuse-moi, ce doit être lié à la morsure de mon loup, j'ai cru que tu avais mal.

Je me redressai dans ce grand lit, fuyant la chaleur étouffante des couvertures tout en prenant mes distances avec lui.

-Pourquoi tu m'as réveillé ?

Il sembla se rependre, son regard sur moi s'adoucissant.

-Le repas est prêt, ça te fera du bien de manger un peu.

Toi, moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant