Dixième

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Ses yeux me guettaient, de là où il se trouvait, rien ne lui échappait. Mon regard nerveux l'évitait, il était posé sur cette tasse que je tenais contre moi, alors que mes jambes étaient repliées. Il attendait, il voulait que ça vienne de moi, comme si tout cela était à cause de moi, j'étais la raison pour laquelle on en était là, une raison inconnue.

-Pourquoi ?

Ce n'était que mon souffle, alors que mes yeux se relevaient, qu'ils s'ancraient dans les siens qui contenaient une grande dangerosité.

-Pourquoi moi ?

Ses lèvres se pincèrent, ses yeux se firent plus doux sur moi, il n'aimait pas l'insécurité que je lui renvoyais.

-La reconnaissance ne se choisit pas.
-Tu aurais pu éviter cela, il suffisait de se contenir, de s'éloigner, de rejeter ce que vous pensiez avoir senti.

Il se redressa, contrarié que je remette en cause cette reconnaissance qu'il m'affirmait.

-Nous t'avons reconnu Nao, tu n'as pas à en douter.

Un soupir de frustration le traversa tandis qu'il se recoiffa, me lâchant des yeux un instant.

-On devrait plutôt parler de ce qui t'es arrivé ces derniers jours. Tu as complètement disparu, sans laisser de traces et voilà que tu reviens avec cette autre odeur de mâle sur toi !

Un rire nerveux m'échappa, un sourire dur se dessinant sur mes lèvres.

-En attendant, depuis que je suis revenu avec cette odeur de mâle tu me laisses tranquille, tu ne m'as pas changé et pas touché, si seulement j'aurais pu le savoir avant.

Un grognement lui échappa, la lueur rougeâtre de ses yeux prenant le pas.

-Ne joue pas à cela avec moi Nao ! Tu ne connais pas mon loup, et ta petite escapade l'énerve déjà bien assez, alors ne le cherche pas.

Mes jambes se déplièrent sous mon agacement, avec force, je reposai la tasse que je tenais auparavant, renversant le liquide chocolaté sur la table basse alors que je me levai, la colère me rongeant.

-Je ne sais même pas ce que je fais encore là, si c'est pour que tu m'imposes tes volontés d'Alpha !

Je me retournai déjà, lui échappant. Des pas ne tardèrent pas à me suivre, à me rattraper. Mon propre loup s'éveilla, pour s'opposer à moi. Je n'eus pas l'occasion de rétorquer que je me fis plaquer contre le mur, poignets maintenus par une poigne ferme tandis que deux yeux d'un rouge profond me fixaient.

-Tu fuis encore.

Cette voix était plus basse, plus sombre, c'était une part sauvage indomptée qui pouvait faire de moi ce qu'elle voulait, même si tout de mon esprit s'acharnait à lui résister.

-Je me demande bien à cause de qui.

Ma propre voix agacée ne se plia pas, irritant davantage ce loup qui ne voulait que ma soumission. Il ne m'effrayait pas, j'avais déjà trop perdu, même si ses yeux devinrent dangereux. Son visage s'avança près du mien, sans me faire reculer, ses yeux tentèrent de me faire plier.

-Tu restes, nous n'avons pas fini de parler.

Un sourire ironique se fixa à mes lèvres, je n'étais pas un soumis.

-C'est amusant venant de quelqu'un qui ne sait pas parler, qui ne sait qu'agir sans me concerter.

Le sourire du loup se fit bien plus effrayant que le mien. Ses traits s'adoucirent, son nez effleura ma joue, son souffle s'abattit sur sa marque, ce qui me coupa le souffle. Son corps finit par se redresser, ses yeux revinrent prendre les miens, découvrant une faiblesse que je ne pouvais lui cacher.

Toi, moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant