Toute la journée, j'avais été un roi, nouvellement couronné, bien soigné, aux désirs à peine émis qu'ils étaient déjà comblés. Adam, son loup, ils avaient tous les deux pris soin de moi, me laissant déconcerté, ne rien toucher. Ils m'avaient dorloté, si tendrement, m'avaient préparé à manger, avaient veillé sur moi pendant mon repos.
Et à présent, à présent ils me conduisaient au supermarché, faire des courses, après m'avoir couverts eux-mêmes d'une écharpe, qui dissimulait pourtant leur marque, comme le froid glacial d'hiver s'installait.-Tu voudras faire quelques boutiques ?
La mélancolie avait imprégné mon âme, je n'étais pas sûr de vouloir me confronter au monde, à celui là, bien que ce soit nécessaire. Je n'étais pas mort, je sentais chacune de mes cellules plus vivantes qu'elles ne l'avaient jamais été, et pourtant.
-Tu as fini tôt.
-Je m'organise bien et comme je peux gérer mes horaires, c'est agréable de pouvoir travailler comme je le veux.Je n'avais pas le cœur à lui répondre, il avait l'air apaisé en parlant, et il n'avait pas l'air de manquer de quoi que ce soit. Son travail semblait bien loin du petit boulot d'oméga que j'avais eu, moi, dans un bar, mal réputé, avec des clients parfois grossiers.
-Je vais prendre le cadi, tu peux prendre quelques sacs dans le coffre ?
Il ne tarda pas à revenir, avec la même joie qui l'avait habité toute la journée. Il posa sa main tout près de la mienne, son regard tendre ne parvenant pas à apaiser la lourdeur de mon esprit.
-Tu peux te détendre, tout va bien.
Alors, je restai près de lui, dans chacun de mes pas, sous son regard protecteur familier, bien difficile à éviter. Il commença, chargeant ce qu'il voulait, dont nous aurions besoin, avec moi, à ses côtés, inutile, à l'observer. Nous avançâmes, effleurant quelques rayons, me familiarisant à cette nouvelle vie que je n'avais pas choisi, que j'avais attendue, bien malgré moi.
-C'est par là les sous-vêtements.
Je m'y laissai conduire, le trouvant à mes côtés, dans ce rayon isolé, aux pièces particulièrement attrayantes. Je m'y retrouvai bien vite, un seul portant, pour les omégas mâles, c'était déjà beaucoup. Je m'en approchai, fouillant un peu pour y dénicher un lot de boxers noirs élégants, simples comme je les aimais. En retournant près du cadi, je remarquai le regard étrangement rougeâtre d'Adam se perdre sur des pièces bien plus osées et plus féminines également, j'en levai les yeux au ciel.
-Ne rêve pas trop non plus.
La lueur dévorante qui venait d'allumer ses yeux le poussa à me faire un clin d'œil, me laissant de marbre.
-Je n'en ai pas besoin, le fuscia te va si bien.
Une chaleur profonde se répandit sur mes joues, je me détournai alors de lui en marmonnant. Il n'y fit pas attention, loin d'être gêné lui.
-Je reviens, je crois avoir vu un bel ensemble hivernal qui t'irait très bien.
Il me laissa seul, m'apaisant au moins de mon embarras, je pus me replonger plus tranquillement dans ce portant m'étant dédié.
-J'en reviens pas, Nao ? Nao Conrad, c'est ça !
Je sortis à moitié du rayon faisant face à un glandu qui me connaissait mais dont sa tête ne me disait rien.
-Ouais, on se connaît ?
Il cligna des yeux, me laissant le temps de sortir complètement du rayon, un autre lot choisi, qui tomba directement dans le cadi. Le bêta devant moi sembla reprendre vie lorsque nos yeux se retrouvèrent et il acquiesça. Son regard m'échappa déjà, se posant plus loin, plus haut, sur l'être portant l'effluve qui embrasa mon sang froid. Mon garde du corps méfiant se colla contre moi, laissant sa main recouvrit ma hanche, sa fragrance m'entourer tendrement.
VOUS LISEZ
Toi, moi...
RomanceCe fut d'une façon bien particulière que cette nuit là, il se réveilla, il était bien loin de se douter, de son esprit embrouillé, que sa vie entière était sur le point de basculer, de plonger dans une abysse de clarté, à présent que la vérité allai...