Neuvième

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C'était le dernier parmi tous les autres, de simples mots qui me retournèrent, imprégnés d'un désespoir profond. C'étaient ces mots qui m'avaient fait fuir, ce n'étaient pas ceux qui me ramèneraient. Ils alourdirent mon corps au point de le figer devant la maison de l'inconnu qui avait possédé mon corps ces derniers jours. Comment pouvais-je espérer lutter contre un amour qui me dépassait, contre une marque qui m'aliénait ?
Ce furent pourtant ceux qui me firent avancer. Le courage me fuyait, je n'osai pas regarder les autres messages qu'ils m'avaient envoyés, de peur de m'effondrer, alors, je les ignorai.
Mon cœur, douloureusement, cognait, le sentiment de tout avoir perdu s'était amplifié. Pourtant, alors que je ne savais où aller, mon corps avançait.
Parmi l'épaisse noirceur de la nuit que tentait de traverser le scintillement de la lune, je le vis, lui. Cette silhouette imposante, désespérée, mal en point. C'était ce que mes yeux captaient, sa fragrance était partout autour de nous, dans cette ville et dans nos cœurs martyrisés. Elle me figea, par cette douceur qu'elle incarnait, davantage par une brutalité que je ne lui connaissais pas. Son loup.
D'un seul souffle, il se redressa, ses yeux me virent aussi, sans y croire. L'empressement avec lequel il vint jusqu'à moi me donna l'envie de le fuir encore une fois. Une certaine honte osa s'éveiller lorsque je le vis de plus près. Il était épuisé et négligé.

-Adam, ça va ?

Il ne sembla pas m'entendre, ses bras m'enfermèrent dans une chaude étreinte,' dans cette nuit glacée. Elle détendit mes muscles gelés, me donna l'envie de rester contre lui, dans ce silence que je ne savais interpréter. Il me serrait contre lui, me recouvrait de son corps, m'apaisait de ses mains, inspirait mon effluve mélangée à celle de cet autre alpha. J'eus un mouvement de recul lorsqu'il se détacha de moi, que sa main voulut caresser ma joue. Cela l'affola davantage.

-Quelqu'un t'a fait du mal ?

Ses yeux scrutèrent mes traits, ses mains attrapèrent les miennes, les serrant délicatement.

-J'ai pas pu te rattraper, je suis tellement désolé ! J'aurais du être capable de te retrouver, de ne pas les laisser te toucher, te faire du mal comme ils l'ont fait !

Des larmes firent scintiller ses yeux, coulant de ses yeux foncés, creusant davantage ce visage qui avait seulement voulu me protéger, me faire passer en priorité. Il me ramena de nouveau contre lui, me permettant d'échapper à cette vue déstabilisante. Il me sentit davantage, comme pour s'assurer que c'était bien moi qu'il tenait.

-Je vais t'emmener à l'hôpital, ils pourront prendre soin de toi là-bas.

Cette phrase me rendit ma voix, de ma gorge qui s'était nouée, des regrets qui s'accumulaient.

-Ce n'est pas la peine, je vais bien.

Il se recula, tout en me gardant dans ses bras, de mes yeux qui le fuyaient, qui lui échappaient encore une fois.

-Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?

Cette brisure dans sa voix me fit relever les yeux vers lui, j'osai enfin le regarder, voir à quel point je lui importai, je l'avais brisé, mais pas autant que lui l'avait fait.

-Je le voulais.

Il ne comprenait pas ce que je lui disais, ma voix était trop fragile, pas assez assurée pour qu'il comprenne que ce n'était pas lui que je désirais.

-J'ai été rejoindre cet autre alpha parce que je le voulais, j'ai passé mes chaleurs avec lui et il s'est bien occupé de moi.

Mon cœur battait, il était sur le point de céder face à ses yeux sombres qui venaient seulement de réaliser, de prendre conscience de la réalité. Il sortait de son illusion, tout comme il m'avait délogé de la mienne pour me jeter dans le malheur de la vérité.

Toi, moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant