Toi, moi...

Soixante-dixième

-Il est l'heure pour nous de rentrer !

Nathan qui avait un énorme sourire ne semblait pas être triste de devoir me quitter. Légèrement vexé, je décidais de le taquiner un peu, dans un soupir piteux avec une expression morne.

-Quel dommage que tu n'aies pas acheté ce petit ensemble, vous auriez pu prendre du bon temps pendant la pause...

Où était passé mon ami ?

-Mais qui a remplacé Nathan par une tomate ?
-Hahaha, très drôle, grimaça-t-il.

Nous rangeâmes nos affaires dans le coffre avant de monter dans la voiture. Mais je ne l'avais pas oublié, cela, non, jamais. Un sourire jusqu'aux oreilles, j'insérai dans le lecteur une perle, pas n'importe quelle perle, un CD des génialissimes chanteurs Sud-Coréens que j'affectionnais tant. Un soupir d'aise franchit mes lèvres en écoutant leur douce voix, je me permis alors de mettre le contact et d'attacher ma ceinture. Notre petit duo en règle, je pus quitter notre stationnement. Ce fut alors en chantant comme de véritables casseroles que nous débutâmes notre trajet, nous rapprochant lentement des entreprises Bradford. La circulation était plus dense que ce matin, heureusement, la route se dégagea rapidement.

-Je devrais peut-être appeler Liam pour lui dire qu'on arrive dans cinq minutes à peine.
-Ouais, et si il pouvait prévenir Adam aussi, ce serait bien.

Je m'arrêtai à un feu rouge en soupirant.

-Je lance un appel en visio, comme ça ce sera drôle.

Je gloussai légèrement, avançant comme le feu passait au vert. La musique baissée, les bips résonnèrent au-dessus. En tournant mon regard vers la droite, j'aperçus une voiture qui se rapprochait aussi rapidement que dangereusement de nous.

-Mais il fout quoi ?

Je compris que trop tard qu'elle ne comptait pas s'arrêter. Tout se passa rapidement, j'eus à peine le temps de mettre un coup de volant en accélérant pour éviter qu'il ne fonce dans Nathan que je me sentis secoué dans tous les sens sans que je ne puisse rien faire. Comme dernier recours, je coupai le contact en essayant de m'accrocher tant bien que mal. Trop choqués, nos voix s'étaient tues. Par manque de chance, la voiture du fou nous traîna jusqu'au fossé où nous roulâmes. Putain, le seul endroit qui donne sur un champ bordant les terres les plus opposées de la mer. Trimballés dans tous les sens, l'envie de vomir monta en moi, s'accentuant surtout lorsque nous nous arrêtâmes enfin, malheureusement, la tête à l'envers. Plusieurs fenêtres étaient fissurées et deux d'entre elles s'étaient brisées, du côté de Nathan seulement.
Comme si nous avions été coupés du monde soudainement, j'entendis à nouveau autre chose que de désagréables bruits de ferrailles qui se tordent, de vitres qui se brisent ou de pneus. Je mis mes mains sur ma bouche, essayant de me contenir. J'avais l'envie de sortir pour crier sur l'imbécile qui nous avait fauché, mais d'un autre côté, je ne voyais pas vraiment comment faire, et il y avait d'autres priorités.

-Putain j'ai envie de gerber. Nathan ? Nathan ça va ?
-Hm, gémit-il difficilement.
-On a besoin d'aide, tu saignes de la tête Nathan.

Je tendis ma main que je posai sur l'épaule de mon ami, le secouant un peu.

-T'endors pas Nathan, des personnes vont arriver.

Il ouvrit légèrement les yeux en observant à peine notre position qu'il les referma douloureusement.

-Est-ce que vous allez bien ? Nao ? Nathan ?

Ne comprenant pas d'où venait cette voix qui me sembla familière, j'observai les alentours.

-Oh, Nathan, Liam nous parle, il a eu le temps de répondre. Liam, vous m'entendez ? On a besoin d'aide ! Une voiture vient de nous percuter.
-Vous êtes où ?