Cinquante-septième

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-Salut Nao.
-Salut le lâcheur.

Il haussa les épaules alors que je montai dans sa voiture, il s'engagea sur la route sous mon ignorance totale pour lui.

-Çà fait longtemps qu'on s'est pas retrouvé tous les deux comme ça. Comment ça se passe avec Adam ?

Je soupirai, mes yeux s'échappèrent à l'horizon, mon esprit ne pouvait qu'y penser.

-Et bien, on peut pas dire que c'est comme ça que j'imaginais le revoir.
-Et la thérapeute, elle vous aide bien ?
-Ouais, elle semble assez optimiste, mais je me fais pas de films, je ne vais pas rester ici encore longtemps. Je vais peut-être attendre jusqu'à l'anniv' d'Adam puis je partirai.

Lucas resta silencieux pendant de longues minutes alors que j'observais les rues animées de notre grande ville.

-Réfléchis bien, c'est une grande décision.
-C'est déjà tout réfléchi, je ne compte pas rester là.

Le trajet continua ainsi, dans un silence pesant. Je fus presque rassuré en arrivant devant l'immeuble où je résidais temporairement.

-On se dit à demain pour la soirée. Bonne journée et appelle-moi si ça ne va pas, tu sais que tu peux venir n'importe quand à n'importe quelle heure.

J'acquiesçai avant de sortir, fermant la portière derrière moi. Il me fit un dernier petit signe de la main puis s'éloigna. Je soupirai, fourrant mes mains dans mes poches en le contemplant, pensif.

« Tu peux pas nous faire ça. On peut trouver un compromis, mais ne nous sépare pas, s'il te plaît. »
«
Si je ne pars pas, rien ne changera, je me retrouverai coincé avec vous pour le restant de mes jours. »
« Parles-en au moins avec eux, calmement pour qu'on trouve une solution tous ensemble. »
« Je n'ai pas de solution à trouver, ma décision est déjà prise depuis longtemps. »

Il ne me répondit plus rien, plus triste que jamais. Mes jointures me picotèrent douloureusement, je sortis mes mains de mes poches pour les observer. Mes mains sèches étaient abîmées au niveau de mes jointures, du sang menaçait d'en couler. Me décidant enfin à bouger, je rentrai dans le hall vide de l'immeuble. Rapidement, je fus arrivé à notre étage, je déverrouillais alors la porte avant de rentrer dans l'appartement, la chaleur qui m'enveloppa me fit un grand bien. J'enlevai mes chaussures puis mon manteau avant de me poser avec satisfaction sur le canapé. Mon téléphone posé sur la table en face de moi attira mon regard. Est-ce que je devrai vraiment lui envoyer un message ? Après tout, je n'avais pas besoin de lui pour vivre.
Je croisai alors mes bras, bien résolu à ne rien faire. Repensant aux propos de la thérapeute par rapport à cette position, je sursautai, laissant tomber furieusement mes bras le long du corps dans le même temps. C'était ridicule. J'attrapai alors la télécommande posée juste à côté de mon téléphone avant d'allumer la télé, je lançai alors un épisode de mon drama, attrapant un oreiller que je serrai contre moi.
Mes sourcils froncés, je tentai de me concentrer sur la lecture des sous-titres, évitant à mon regard de dériver vers l'objet de tous les malheurs. Pourtant, mes pensées y étaient constamment focalisées. Soufflant d'agacement, je mis en pause mon épisode, posant mes yeux sur ce fichu téléphone. Et puis merde ! J'allais lui envoyer un message pour enfin être en paix !
Je me retrouvai pourtant perdu en observant toutes ces lettres, qu'est-ce que je pourrais bien lui écrire ? J'optai finalement pour un truc simple.

« Bien rentré. Ton loup se sent mieux ? »

Avant que je ne puisse réfléchir à la raison pour laquelle je lui avais demandé des nouvelles de son loup, le message était envoyé. Purée, je suis bête ! C'était trop tard maintenant pour supprimer. Je soupirai de dépit en éteignant l'appareil, j'allais remettre le drama, mais sa vibration m'en empêcha.

Toi, moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant