Cinquante-quatrième

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-Faut vraiment que t'arrêtes de te laisser marcher sur les pieds, soupirai-je.
-De quoi tu parles ?

Je tournai la tête vers Adam qui semblait avoir un retard au cerveau. Lui à côté de moi, notre cadi presque vide se trouvant derrière nous, je le regardai avec exaspération.

-Ta superbissime secrétaire, c'est d'elle dont je te parle.

Il tourna la tête vers moi, arrêtant lui aussi sa recherche.

-Superbissime n'existe pas. Et c'est mon assistante, pas ma secrétaire.
-Là n'est pas la question.

Il soupira en détournant ses yeux de moi.

-Écoute, comme je te l'ai déjà dit, elle ne fait que son boulot, rien de plus.

Il se foutait de ma gueule ? Comment pouvait-il ne pas le voir ?

-Est-ce que tu as reçu un coup à la tête quand tu étais plus petit ? Ou dans ta vie en générale, je sais pas moi !

Il fronça les sourcils.

-De quoi tu parles ?
-Il y a un truc qui ne va pas Adam, toi et ton loup, vous avez un problème. Est-ce que vous êtes bigleux ou bêtes ou
, je soufflai pour me calmer.Observez-là plus de cinq minutes et vous comprendrez. Votre bienveillance, non, ta bienveillance va te perdre Adam.

Je repris ma recherche dans le rayon alors que je sentais encore leur regard sur moi.

-Vous savez ce qu'on dit, quand on est trop bon, on est trop con.
-Excusez-moi monsieur, mais est-ce que vous pourriez vous décaler pour que je prenne la rillette dont j'ai besoin ?

Je me tournai vers la personne qui avait osée nous interrompre. C'était une petite et vieille bêta, mon regard la détailla de haut en bas, mon irritation se décupla soudainement.

-Mais vous pouvez pas attendre deux secondes pour un pot de rillette ! C'est pas possible, quelle impolitesse ! C'est pas comme si vous pouviez venir faire vos courses la journée quand il n'y a personne.

Je soufflai bruyamment sous le regard impuissant de la pauvre bêta. Je pris au hasard un pot de rillette avant de prendre une tranche de mousse de foie, les mettant tous les deux dans le cadi. Nous nous éloignâmes du rayon alors que je pestai encore.

-Les vieux je vous jure.
-Nao ton langage. Excusez-le madame, il a passé une mauvaise journée.

Je ricanai sombrement dans un murmure inquiétant.

-C'est ça ouais, une mauvaise journée.

Nous nous éloignâmes, Adam poussant le cadi alors que je regardais la liste, près de lui.

-Quel rayon ?
-Fromage, c'est à côté.

Le silence persista entre nous. J'étais plutôt et étonnamment pensif alors que je choisissais les différents fromages dont nous aurions besoin. Je revins quelques secondes plus tard avec plusieurs formages empilés sur mes bras, je les laissai tomber dans le cadi sans y faire plus attention.

-Oh ! Tu as pris du saint-nectaire.

Je repris ma route, il me suivit rapidement.

-C'est normal, c'est ton formage préféré, bougonnai-je.

En passant le regard sur lui, je pus le voir tout heureux, un léger sourire prit aussi place sur mes lèvres.

-Ce n'est que du fromage, lui rappelai-je.
-Pas n'importe quel fromage, c'est celui que je préfère.

Toi, moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant