Cinquième

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Mes pleurs avaient fini par cesser, mais la tristesse était restée, alors même que son corps n'était pas parvenu à se décoller du mien. Mon nez s'était collé contre son torse, inspirant à chacun de mes disgracieux reniflements sa reposante fragrance. Elle me berçait, alors même que je sentais l'humidité de mes larmes sur son tee-shirt. Ses mains sur moi étaient partout, pour me rassurer, et quand elles n'étaient pas là, c'étaient le reste de ses bras que je sentais.
Même la panique avait cessé, dans ses bras, je me relaxais, il me faisait tout oublier, même la gravité de ce que nous avions fait. Il avait ce contrôle sur moi qui me terrifiait. Il me donnait à la fois l'envie de fuir et de rester.

-Tu ne veux pas manger un petit peu ?

J'avais faim, oui, à présent qu'il en parlait, je sentais mon estomac se tordre et gronder. Les chaleurs m'épuisaient et m'affamaient. Je voulais pourtant continuer notre conversation, la conclure avant de repartir pour me mettre en sûreté, loin de sa sécurité.

-Je veux partir et oublier ce que nous avons fait.

Ses mains s'immobilisèrent, il avait des choses à dire, des choses que je n'avais pas écoutées, que j'avais voulu fuir pour ma propre sécurité. Mais je ne pouvais pas y échapper, je devais savoir pour mieux me cacher.

-Je suis désolé.

Ses mots glissèrent sans parvenir à s'imprégner, je ne savais plus pour quoi il l'était. Sa présence s'éloigna légèrement, juste assez pour que nous puissions nous observer. Nous étions bien miséreux, là, tous les deux. Même si cette tendresse qu'il m'adressait ne l'avait pas quitté, elle était toujours là, alors que moi même, je me répugnais.

-Je suis heureux que tu ne l'aies pas deviné, que tu aies pu vivre ta vie comme tu le voulais, sans avoir ce fardeau à porter, à te conformer aux envies de la société.

Je ne savais plus si j'avais l'envie de savoir ce dont il parlait. J'étais seulement certain que cela, davantage, m'enfoncerait. Nos problèmes ne venaient que de commencer.

-Nous sommes des liés Nao, toi et moi.

Je n'avais plus la force de comprendre ce qu'il disait, ce que tout cela impliquait, cette situation, entièrement, me dépassait.

-Tu mens.

Le précipice dans lequel il venait de me jeter était trop profond pour que je parvienne à croire qu'il l'avait fait.

-Non, je ne te mentirai jamais.

Ses yeux étaient bien plus miséreux que les miens. Je le blessai en remettant en doute ce qu'il disait. Cela éveillait une douleur dans son regard, quelque chose qu'il avait enfoui longtemps et qui, à présent, ressortait. Mais je m'en fichais bien, il n'y avait plus que cette marque immonde qui comptait, qui me démangeait, elle me donnait l'envie de m'arracher la peau jusqu'au sang, de l'effacer complètement.

-C'est la vérité Nao, je t'ai reconnu quelques minutes après ta naissance seulement.
-Je n'étais qu'un bébé Adam, et toi un petit garçon d'à peine quatre ans.

L'une de ses mains se colla contre ma joue, mais je la rejetai. Il parut davantage blessé, mais je m'en fichais, son cœur que j'émiettai passait bien après la colère qui en moi s'éveillait.

-Ce lien particulier ne se choisit pas, et tu le sais très bien.

Je sortis soudainement de ses bras, m'éloignant de nombreux pas alors que sa voix pulsait.

-J'ai tout de suite su qu'il n'y aurait que toi, qu'aucune autre personne ne m'intéresserait. Tous les signes de protection étaient là.
-C'est ridicule.

Toi, moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant