Quarante-et-unième

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Ses doigts massèrent soigneusement mon cuir chevelu, longuement, me faisant fermer les yeux, respirer calmement, oublier, rien qu'un peu, ce qu'il s'était passé.

-Comme je suis en télé-travail, j'irai te chercher des médicaments dans la matinée.

La peine remonta, lentement, elle s'invita. Il prit soin de me laver, sous l'eau brûlante de la douche, tendrement, sans parvenir à apaiser le déchirement de mon cœur et de mon âme.

-Je t'aime.

Ses lèvres se posèrent sur mon épaules, ses yeux rouges me fixèrent, mais je ne réagis pas.

-Reste sous l'eau, je vais aller te chercher des vêtements.

Je le fis, sans le vouloir, sans y prêter attention. Lorsqu'il revint, il m'attira hors de la douche et m'essuya. Il avait pris le temps de s'habiller lui aussi, loin de moi et de mon regard. Ses mains glissèrent le long de mes hanches, m'enfilant l'une de ces culottes omégas. Puis, un fin tissu de soie me recouvrit, d'une clarté qui me laissa la contempler, légèrement en transparence, encore une fois, il voyait tout de moi.

-Je savais qu'elle tirait parfaitement, tu es magnifique.

Il m'attira à lui prudemment, en voyant mon corps trembler, le froid de mon être s'intensifier.

-Je vais te sécher les cheveux.

Ses yeux profonds m'attrapèrent, mon corps se laissa manipuler par ses mains et, un vent chaud souffla bientôt entre mes mèches dont il prit grand soin. Longuement, il caressa mes cheveux, jusqu'à ce qu'ils soient entièrement secs. Il prit ensuite ma main et me mena jusqu'à canapé, là, il m'emmitoufla dans un plaid puis me quitta.

-Je vais te faire un bon petit-déjeuner.

Il revint, avec un plateau garni et chaud qu'il déposa à mes côtés. Nerveusement, il se recoiffa, vérifia que tout s'y trouvait avant de se racler la gorge. Il alluma soudainement la télé, alors qu'il s'apprêtait à parler.

-Normalement tu as tout, dis moi si tu as besoin de quelque chose, je vais commencer à travailler.

Il réduisait ses instincts, pour moi, après ce qu'ils avaient fait, il les ignorait, ne me nourrissait pas comme il le voulait. Il se négligeant aussi, à mon profit, mais j'étais bien trop affligé pour y penser, en colère pour lui parler. Machinalement, je mangeai un peu, malgré mon ventre noué par l'appréhension.

-Je vais appeler le médecin.

C'était comme s'il avait remarqué mon état se détériorer, immédiatement, il s'éloigna, le téléphone à la main. J'éloignai le plateau, m'allongeant complètement, fermant les yeux, essayant de faire passer la douleur de mes muscles, la fatigue de mon être. Mais il entra déjà perturbant mon repos.

-On a rendez-vous à 17h30 chez le docteur.

Le silence plana, à la hauteur de leur descente, après la nuit qu'ils avaient passé, plus rien, jamais, de mon corps, ils feraient. Les minutes défilèrent, ponctués par le son du clavier. Jusqu'à ce que mon téléphone ne résonna, soudainement, me faisant sursauter. Je pris mon téléphone sous l'œil curieux du loup.

-Allô ?
-Oui Nao, c'est Nathan. Comment ça va depuis hier, j'ai appris que monsieur Conrad est en télé-travail.

Mes lèvres se pincèrent, il était le seul à qui je pouvais parler, mais le loup était là, à m'observer.

-Je t'avoue que nos loups ont pris le contrôle, après que vous soyez partis et qu'Adam soit rentré, alors, ils ont passé la nuit ensemble.

Il y eut un silence long, pesant, me faisant presque monter les larmes aux yeux.

Toi, moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant