Vingtième

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Mon esprit s'éveilla, mon corps blotti dans une couverture chaude, des draps à l'effluve puissante, baigné par la lumière apaisante du soleil. Mes yeux s'ouvrirent difficilement, me confirmant la pensée que je redoutai, alors que mon traître loup dormait. Le lit d'Adam. Encore une fois, sans avoir eu de contrôle sur moi. Je devais tout de même reconnaître que j'avais passé une bonne nuit, je me sentais reposé.
L'esprit un peu léger, je me retournai entre les draps, bien décidé à me reposer encore un peu, sans n'avoir rien à faire. Je ne voulais surtout pas prendre le risque de repenser à mes problèmes ou d'en croiser l'objet de ceux-ci. Un soupir me quitta, mes yeux se rouvrant, affrontant les rayons brillants du soleil. Ils finirent par tomber sur la table de chevet, mon téléphone sur lequel un post-it était accroché. Je tendis le bras, mes doigts frôlant le papier, ils s'en emparèrent plus fermement, le rapprochant de mes yeux. C'était un mot, écrit de la main de mon frère, malgré les années, je reconnaissais encore son écriture délicate.

« Bonjour Nao,
Je suis parti au travail jusqu'à ce soir. Repose toi bien et mange à ta faim, je t'ai préparé quelques petites choses, j'espère qu'elles te plairont. Je passerai rendre son téléphone à Lucas dans la journée.
A tout à l'heure, bisou, Adam. »

Un compromis, simple baiser égaré, exigé par une bête. Mon humeur s'apaisa pourtant, j'étais seul dans cet appartement, pour la journée entière, cette prison dorée que je découvrais. Mon corps se défit des couvertures, s'éloignant dans la salle de bain, pour bien commencer cette journée, avec une douche chaude.
En une heure, j'étais prêt, avec un loup calme et réveillé, en finissant mon petit-déjeuner. La solitude apaisante de cet appartement m'ennuyait. Tout cet espace ne suffisait pas à la suffocation de mon esprit. J'avais besoin de le libérer, trop de questions l'alourdissaient, des réponses qui m'étaient inaccessibles, que mes parents avaient. Mon meilleur ami me manquait, il était le seul qui pourrait me comprendre, le seul vers qui je n'osais aller, pas maintenant, alors qu'il savait.
J'en avais le droit.
Cette pensée me frappa, personne n'était là pour m'empêcher de faire quoi que ce soit. Adam et son loup ne pourraient me contraindre à rester là, ils étaient occupés, et loin de moi. Ils n'y avaient que ces murs, cette porte qui me maintenait prisonnier, mais pas ces fenêtres.
Follement, alors que mon loup couinait de désespoir, je me levai, m'en approchant, vérifiant qu'en sautant, j'en ressortirai vivant. Une certaine appréhension prit le dessus, je ne voulais pas me blesser, c'était assez risqué, fou, même pour moi. Une autre idée me frappa, quelques chose de plus réalisable et qui me plût.
Je pris le temps de soigner mon apparence et de réunir ce dont j'aurai besoin pour me rendre chez mes parents. Fin prêt, je m'approchai de l'entrée, attrapant le téléphone fixe qui y était adjacent, je tombai directement sur le concierge.

-Bonjour, excusez-moi de vous déranger mais je crois qu'Adam est parti avec les clés et le double, il a oublié de me les laisser et est parti en m'enfermant à clés.
-J'arrive, monsieur Conrad, c'est cela ?
-Oui, merci.

Mon souffle me revint lorsque je raccrochai. La première étape était franchie, il ne manquait plus qu'à paraître convainquant pour qu'il me laisse les clés.

-C'est assez malencontreux, ce genre de situation, monsieur Conrad devrait faire plus attention, enfermer un si joli oméga chez soi, ce ne devrait pas être légal.

Mes joues rosirent sous le compliment du bêta rondelet qui m'observa sortir de l'appartement.

-Je ne peux pas laisser les clés de l'appartement de monsieur Conrad à n'importe qui, vous comprenez.

J'acquiesçai dans un sourire d'embarras, découvrant la marque apposée sur mon cou. Le bêta cligna des yeux, me laissant me rhabiller dignement.

-Vous êtes son oméga ?
-Oui.

Toi, moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant