Trente-et-unième

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Comme un moins que rien, retenu contre le canapé, sous le regard de jubilation de cette femme, un garde du corps fouilla mes poches, tombant sur la feuille que je voulais leur montrer.

-Tu peux le relâcher, il n'a rien de dangereux sur lui.

La faible menace que je représentais fut relâchée, glissant sur le sol, dos à eux. J'entendis la feuille se déplier, mais rien de plus qu'une voix s'imposa, l'effluve puissante exigeant l'attention.

-Que faites-vous dans mon bureau ?

Mes émotions s'anéantirent, dernier vestige d'un espoir disparu.

-Monsieur, cet oméga s'est introduit dans votre bureau, il vous a volé de l'argent et comptait également s'emparer de votre veste.

J'usai du peu de dignité que je possédai encore pour me relever, faisant face à son regard renfrogné, posé sur moi. Sa prestance m'écrasa, tout autant que sa beauté, il était aussi époustouflant que cet endroit, bien loin de moi. Je dissimulai le tremblement de mes mains et la tristesse de mon cœur, il ne la méritait pas.

-Il comptait s'en prendre à nous, heureusement, il a été immobilisé.

D'un simple regard de lui, les gardes du corps s'éclipsèrent discrètement, sous les yeux faussement inquiets de la femme.

-Vous le connaissez ?

Il ne prit pas la peine de lui répondre, à la place, il s'avança de quelques pas jusqu'à moi. Pourtant, je l'esquivai, le dépassant, et dépassant cette femme.

-Je vais te laisser, je n'aimerais pas qu'un petit oméga dérange ton travail.

Mes lèvres tremblèrent, dos à lui, le regard perdu dans le vide, sa main refermée autour de mon poignet.

-Alors dis moi ce que l'homme veut, pas l'oméga.

Sa voix si tendre reconstitua mon cœur égaré, prenant soin de l'envelopper d'un voile de douceur. Son corps se rapprocha, me surplombant, me contemplant, toute trace de fermeté égarée.

-Rien d'important.

Ma main s'arracha de sa prise, nos deux êtres dans un même monde, loin de tous.

-Monsieur, nous n'avons pas le temps.

La douleur me démangea, elle rongea mon être, mais je m'en distançai.

-Sortez Margo.

La femme resta encore un instant, troublée d'être ainsi traitée. Elle finit pourtant par nous laisser, révélant à nous tous ces yeux qui nous observaient. La porte se referma, nous éloignant de tous ces gens, nous laissant seulement nous.

-Nao.

Cette voix tendre me fit frissonner, elle déstabilisa mon cœur par sa douceur.

-Dis moi ce qui ne va pas, tu n'es pas venu ici pour rien, je suis là, maintenant.

Je refusai sa main, cette chaleur qui me rappela tout ce que j'avais traversé, tout ce que j'avais fait pour le retrouver lui.

-Si tu ne veux pas me parler, alors rentre.

Je l'entendis se retourner, s'éloigner, me mettant face à mon désespoir de le voir me laisser. Avant de me laisser m'exprimer, mon corps le rattrapa, mes bras s'enroulèrent autour de lui, le retenant, le menaçant de me laisser là, pleurant contre son dos.

-Oh Nao, je suis désolé.

Je n'eus pas le temps de me sentir seul que j'étais déjà entouré, par ses bras, son être tout entier, bercé par ses caresses et ses baisers.

Toi, moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant