Malgré la persistante ombre qui m'enveloppait, une légère lueur persistait, un dernier espoir parmi l'obscurité. C'était celle de ma fuite que j'entrevoyais, la seule chose qui me restait, en laquelle je croyais.
Partir.
Il me fallait partir, ou tout cela recommencerait, ou mon loup parviendrait à les embobiner, juste pour être satisfait. Je n'avais aucun problème avec cela, de le laisser être pris par des inconnus, tant qu'ils restaient des inconnus.
Ma vie avait bien trop soudainement basculé, tout était devenu si compliqué. Je n'avais pas la force d'y penser, je devais m'éloigner. Quelques jours auparavant, j'étais seul dans ma grande chambre, personne n'était là pour m'écouter ou encore m'aimer. Et à présent, je me retrouvais là, entre les doux draps de mon frère, après m'être honteusement laissé contrôlé par mon loup, mes chaleurs, par lui.
Le monde entier m'était opposé, et je sentais, là, en restant dans la douceur de ce foyer étranger que je changeais. A chaque seconde qui passait, cet autre moi prenait le dessus, il se dissimulait grossièrement dans mon esprit, il se trahissait en m'oppressant, en me faisant sentir différent. Il me rappelait à chaque instant que je n'étais plus seul, que, constamment, j'étais épié.
Je devais partir, malgré la fébrilité de mon corps et la douleur de mon cœur, mon esprit d'une profonde clarté me donnerait la force d'y arriver.Mes mains éloignèrent le tissu de moi, cette effluve si douce qui me donnait envie de rester autant que de m'éloigner. Elle me soufflait la sécurité, mais je savais à quel point ce n'était que ce qu'elle montrait. Alors, sans un bruit, par peur d'éveiller la bête qui m'avait laissé seul dans sa chambre, je me levai. Mes premiers pas silencieux me guidèrent tout d'abord vers son armoire. La prudence serait nécessaire dans ma fuite.
Sans hésitation, les secondes défilant bien trop rapidement, je changeai mes vêtements, adoptant ceux qui possédaient son odeur, pour camoufler la mienne. Il serait plus difficile pour lui de me retrouver. Mes yeux finirent par se poser sur mon téléphone, délaissé sur la table de chevet, il était plus sage de le laisser là, de ne pas l'emmener, pour ne pas me faire retrouver.
Le cœur battant, mon corps finit par avancer vers sa liberté, l'impatience le consumant. Le vent glacial qui me frappa lorsque j'ouvris la fenêtre me libéra d'un lourd poids, je me sentis prendre vie, c'était comme si j'existais au-delà de cet endroit où je m'étais retrouvé piégé. Cette sensation persista, bien que le poids qui reposait sur moi ne disparut pas. L'émotion me gagna, quelque chose que je ne pouvais identifier, la tristesse, la peur, la déception, tout se mélangeait. Et tout fut balayé lorsque je me laissai tomber du premier étage, la douleur s'imposant, celle de ma cheville qui m'avait réceptionné. J'étouffai mon cri en serrant les dents, les lèvres et les poings. Je repris mon souffle un instant, collé contre le mur, sous cette fenêtre, la douleur s'amenuisant faiblement. Je pus m'échapper, d'une marche rapide et silencieuse, une capuche sur la tête, avant de laisser mes jambes se déplier, utiliser leur puissance pour, plus loin, me porter.
D'autres bâtiments se dévoilèrent à moi, ceux que je connaissais et que j'appréciais. Je revis dans ces lieux que je reprenais le contrôle de moi-même, de ma liberté. Les regards curieux, parfois effrayés traînaient sur moi, mais je ne m'en souciais pas, je savais qui j'allais retrouver.-Nao ?
Je tombai presque dans les bras de cet homme, mon meilleur ami, un bêta. Il me réceptionna, me permettant de ne pas m'effondrer sur le sol froid. Il m'attira plus près, dans son appartement, me redressant contre le mur tandis qu'il allait vérifier que personne ne me suivait.
-Mais qu'est-ce qu'il se passe ?
Il revint vers moi, mon corps épuisé tenta de reprendre son souffle, mais la légèreté de mon estomac ne l'aida pas.
-Tu sens fort l'alpha, qu'est-ce tu as encore fait ?
Il s'agaça presque, parce qu'il avait peur pour moi, parce qu'il m'aimait assez pour s'en soucier.
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Toi, moi...
RomanceCe fut d'une façon bien particulière que cette nuit là, il se réveilla, il était bien loin de se douter, de son esprit embrouillé, que sa vie entière était sur le point de basculer, de plonger dans une abysse de clarté, à présent que la vérité allai...