Soixante-douzième

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Je frissonnai en ramenant contre moi les pans de ma robe de chambre. Depuis qu'Adam était parti, j'avais l'impression d'avoir plus froid, d'être soudainement seul dans ce grand appartement. Je me motivai pourtant, j'avais des choses à faire ! Mon ventre comblé, mon frère partit, l'énergie déferla en moi, c'était le moment pour m'occuper du dessin de la future gravure. Assis derrière le bureau, une feuille blanche devant moi, je laissai faire mon imagination. Ce fut avec une belle écriture plus travaillée qu'habituellement, que mon œuvre prit forme. J'avais finalement décidé de la signer de mon prénom et d'y inscrire sa date d'anniversaire ainsi que l'année où nous étions. Il pourrait alors se souvenir de moi et de la date à laquelle nous nous étions séparés.
Je me redressai, observant d'un œil critique mon travail. J'étais plutôt fier du résultat, le petit cœur ne manquait pas, je pouvais l'envoyer au bijoutier. Ma tâche terminée, je soupirai en reposant mon téléphone. La pluie s'était manifestée, me donnant l'envie de rester bien au chaud ici. Adam avait pourtant bravé ce temps pluvieux pour aller chercher nos affaires, il était vraiment adorable. Je devrai peut-être lui cuisiner un petit truc pour ce soir ? Pour le remercier d'avoir pris soin de moi par la même occasion. Aujourd'hui n'avait pas dérogé à la règle, Adam m'avait préparé de bons en-cas copieux, que ce soit pour le petit-déjeuner, le repas ou le goûter. Sans oublier qu'il n'avait pas hésité à me garder près de lui, me jetant de nombreux coups d'œil pendant son travail.
Oui, c'était une bonne idée. Je voulais le remercier pour avoir pris soin de moi. Décidé, je me levai avec entrain de ma chaise. Mais qu'est-ce que je pourrai bien lui faire ? Mon loup me souffla la réponse, rapide et facile, nous n'aurions qu'à cuire à la dernière minute les croques. Cette idée me conquit et je m'activai, me lavant les mains pour commencer ma préparation.
L'assiette de croque-monsieur mise au frais, je me redressai en soufflant. J'aurais dû m'asseoir pour les préparer, j'avais mal au dos maintenant. Pourtant, j'oubliai bien vite cette douleur légère pour me concentrer sur le tiraillement provenant de la marque qui s'amplifiait au fil des secondes. Ce n'était pas particulièrement intolérable, mais c'était tout de même désagréable, assez pour ne pas pouvoir l'omettre. Je soufflai en fermant les yeux, en attendant que ça disparaisse.
« Le docteur nous avait dit de le contacter si notre marque nous faisait mal. »
«
C'était rien, c'est déjà passé, pas de quoi s'affoler. »
« Quand même, je pense que tu devrais au moins leurs en parler. »

Je recommençai à m'activer dans l'appartement, oubliant bien vite ce tiraillement ainsi que mon loup. Il n'y avait pas grand chose à faire, Adam s'était occupé de tout.

-Je suis là.

J'entendis la porte claquer juste après. Je m'empressai de rejoindre mon frère dans l'entrée, le débarrassant de mes sacs que je retrouvai avec joie.

-J'ai été déposer ses sacs chez les Bradford, ils avaient l'air assez occupé alors je ne me suis pas éternisé. Je n'ai pas été trop long ?

Je secouai la tête en inspectant mes affaires partiellement.

-Tu as bien eu une voiture de prêt ?
-Oui, ne t'en fait pas, elle est propre et de taille moyenne.

J'acquiesçai faiblement, lui prouvant que je l'écoutais, je fus pourtant surpris en sentant soudainement ses bras m'entourer. Ma trouble s'évapora, je sentis un besoin singulier, là, de le serrer contre moi, j'en lâchai mes sacs, nouant mes bras dans le bas son dos. Notre étreinte ne dura pas, nos corps se détachèrent à peine que je lui souriais grandement, prenant une voix guillerette pour le remercier.

-Merci.

Un sourire tendre se révéla sur ses traits, ses mains m'invitèrent à me diriger vers le salon. Je voulus prendre mes sacs, mais il fut plus rapide que moi.

Toi, moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant