Chapitre 69

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Livaï ne me donne aucune réponse. Pour combler le vide, je décide de parler à sa place.

- tu as l'embarras du choix pour un meurtre. Couteau, fourchette peut-être même avec une cuillère ? Tu veux tenter ?

Il souffle longuement en adoucissant son visage tout en retirant sa main de mon épaule. J'avoue que j'ai surtout parlé pour combler ma gêne. La situation avec lui un peu plus tôt m'a laissé des marques. Quand il est présent, cela me met mal à l'aise. Il prend alors la parole.

- je pensais qu'il était facile de mettre de la distance, mais ton regard de chien battu me prend en pitié.

- hein ? J'en veux pas de ta pitié écœurante, ferme les yeux si ça te gêne. Tu es passé à autre chose et j'essaie de m'y familiariser. Ne complique pas la situation.

- j'essayais d'être amicale, mais tu ne comprends pas les choses simples.

- j'en veux pas de ta soi-disant amitié. Je te l'ai dit, je n'attendrai plus rien venant de toi alors ne devient pas quelqu'un que tu n'es pas par culpabilité, ça en devient que plus blessant. Si tu as un minimum de considération, garde ton comportement habituel.

Je me dirige vers la table pour attraper du pain, mais finalement, je reste figée devant celle-ci. Cette situation était déjà horrible à vivre, mais en plus, il vient de pimenter le tout. En fait, je n'ai même plus faim. Je me dirige vers la porte de sortie en l'ignorant et continue mon chemin jusqu'à parvenir à ma chambre. Je ferme la porte derrière moi et me laisse glisser contre elle jusqu'à être assise au sol. J'ai le cœur palpitant de colère et d'amour pour lui. Il est vraiment difficile pour moi d'y renoncer. J'ai encaissé la distance car je pensais vraiment qu'il m'aurait attendu. Au lieu de ça, je viens le perturber dans ses plans, et c'est simplement l'effet que je lui fait. Je l'avoue, c'est blessant et terriblement douloureux. Je n'ai pas le pouvoir de changer les choses.

Les jours se sont écoulés depuis ce moment. Je me suis fait la promesse de me reprendre définitivement en main. Reprise du sport et d'une alimentation saine. Depuis mon départ, j'ai dû perdre plusieurs kilos. Il est vrai que je n'ai plus autant de capacité physique qu'auparavant, mais je sais encore me servir de mes atouts ainsi que de ma tête. Quant à Isas, il vient souvent me voir, mais ne décroche pas beaucoup de mots. Il est très certainement en réflexion par rapport à ce que je lui ai dit, il ne m'a pas encore donné de réponse. Il a raison de prendre le temps de réfléchir, car à tout moment, nous pouvons devenir des ennemis.

Alors que je fais un circuit training, je reçois de la visite. Quand on parle du loup... Isas arrive vers moi avec une marche plutôt rapide. Alors qu'il s'approche, je me concentre à nouveau sur mon exercice. J'ai pour habitude que ces derniers temps, il ne décroche quasiment pas un mot.

- je dois te parler. Je suis enfin prêt à te donner ma réponse quant au fait de savoir si je t'assisterai pour arrêter Eren.

J'étais en train de faire la planche quand il m'a sorti cette phrase. J'ai hésité à me relever pour lui faire face, mais j'ai l'impression que si je le regarde, il ne va pas oser dire ce qu'il a sur le cœur. Je n'ai alors pas bougé d'un pouce. Ça promet pour mes abdos...

- j'ai retourné la situation dans tous les sens pour avoir une solution, alors sache que je ne te donne pas une réponse de manière hâtive. Tu as parlé de contrer Eren, mais je ne sais pas réellement de quelle manière tu comptes t'y prendre puisque tu n'es pas rentrée dans les détails. Comptes-tu faire preuve de fourberie ? Ou encore, est-ce que tu penses à y aller directement de front ? Serais-tu toi-même capable d'endosser son rôle de meurtrier ? Je n'en sais rien, je ne sais pas ce que tu as en tête. Tu t'imagines bien qu'avec aussi peu d'éléments, il est préférable de rester en retrait, extérieur à tes plans. Pourquoi accepter les projets de quelqu'un qui ne parle quasiment pas de ses futurs agissements ? Tu n'as fait qu'être l'émetteur entre Eldia et le peuple Mahr. C'est-à-dire que toi-même, tu ne veux appartenir à aucun de ses endroits. Tu te serais contenté de la situation s'il n'y avait pas eu pour projet la guerre. D'ailleurs, tu ne souhaitais pas qu'Historia règne. Si tu avais pu quitter cette île sans remords, tu l'aurais déjà fait, et ce, depuis longtemps. Mais ce qui te pousse à rester ici à te battre, ce sont pour ces personnes avec lesquelles tu t'es attachée. Alors, tu sais quoi, je suis peut-être un crétin ou un idiot demeuré, mais j'ai décidé de te suivre. Je me dois d'être ton éternel bras droit. Je t'ai toujours promis de ne pas faillir, alors pardonne-moi pour cet égarement. Je ne peux pas être ton ennemi, pas toi.

Je me suis levée pour le prendre dans mes bras. Je suis contente d'enfin le reconnaître à nouveau dans ses agissements. Qu'importe était son choix, je l'aurai respecté. J'avoue cependant que sa réponse est celle que j'espérais, de plus, il a pris le temps de me donner une réponse complète ce qui est apprécié.

-je n'ai pas eu ce genre de retrouvailles moi...

Je me tourne surprise vers cette voix qui n'est autre que Pixis. Je m'éloigne instantanément d'Isas. Alors que je relâchais la pression sur le fait que l'on s'est fait surprendre, je remarque que Livaï est présent. Je sais que ça peut paraître idiot de se sentir gênée tandis que je n'ai rien fait de mal, mais c'est ce que je ressens en ce moment même. Je ne réponds donc pas à la phrase de Pixis, j'ai comme perdu ma répartie. C'est alors que le vieux Pixis prend la parole pour me sauver.

- Livaï vient simplement faire un rapport à Hanji sur ta situation. Eren ne t'a pas contacté, n'est-ce pas ?

- non et de toute façon, je suppose qu'il ne le fera pas. Voilà tout ce que j'ai à dire. Si Hanji veut davantage d'information, elle n'a qu'à venir.

J'ignore totalement Livaï malgré son regard pesant sur moi. Finalement, je décide de partir après quelques secondes sans que personne ne parle.

Alors que Loeiza vient de partir, Pixis outragé se tourne vers Livaï.

- pourquoi tu t'es dégonflé ?

Livaï ne répond pas et fixe longuement Isas dans les yeux. Étonnement, Isas lui rend son regard. C'est la première fois qu'un froid s'installe entre eux. Ce qui est certain, c'est qu'une discussion s'impose.

Pour Ma Survie Et Celle De L'humanité (TOME 2) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant