Chapitre 20

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Ce titan est en train d'avaler les restes de l'un de mes camarades. Je ne peux m'empêcher de le regarder faire sans ne pouvoir bouger ne serait-ce qu'un seul doigt. Mes yeux sont rivés sur cette image de l'horreur que j'aurais préféré ne jamais voir. Le cadavre du cheval de Koari est étalé au sol, il a dû se faire broyer. Dans mon champ de vision, j'aperçois que Kin et Isas s'empressent de monter sur leurs chevaux pour pouvoir prendre fuite. Cependant moi, j'en suis incapable. Je ne peux pas abandonner Kaori et Hiro, pas après tout ce temps. Pourquoi a-t-il fallu qu'il y ait un déviant sur notre chemin ? Pourquoi eux ? Isas m'extirpe de cette vision épouvantable en m'attrapant par le bras. Il me fait grimper sur sa monture avant de partir à toute allure pour s'enfuir en direction du mur. Je me retourne pour examiner le déviant. Celui-ci est toujours occupé avec ce qui semble pour lui être des mets délicieux. Mon fidèle cheval nous poursuit au galop sans que je n'ai eu à le lui demander. Une fois que ne nous sommes mis en sécurité, les nerfs lâchent pour Isas et Kin. Leurs yeux sont remplis de larmes qui menacent de plus en plus de couler sur leur peau. De mon côté, je suis toujours en état de choc. Je n'arrive pas à l'admettre, c'est impossible. Les probabilités étaient trop faibles pour que cet incident puisse exister. Une fois que nous sommes quasiment arrivés au quartier général, Livaï et Hanji viennent à notre rencontre sur leurs chevaux. Je dirige mon regard vers le sol, je ne souhaite pas croiser leurs yeux. Je crains qu'en le faisant, je me prenne la réalité en pleine face. C'est une honte, je n'ai rien pu faire pour eux.

Hanji- Quel soulagement, vous avez réussi à vous en sortir ! Nous nous apprêtions à vous prêter main-forte. Hiro nous a prévenu de votre situation.

Instinctivement, je relève mon menton pour regarder Hanji.

Moi- Il est où ?!

Hanji- Il est arrivé au quartier général il y a quelques minutes.

Je m'empresse de faire partir au galop mon cheval à l'entente de sa phrase. Une fois arrivée dans la cour, je descends à toute allure de ma monture sans prendre le temps de l'attacher. Je manque de chuter, le sol glissant s'est dérobé plusieurs fois sous mes pieds. Je fonce jusqu'à rejoindre l'infirmerie où Hiro est en train de sangloter sur le lit. Ses vêtements sont encore mouillés et pleins de boue. Il répète sans cesse les mots suivants : 《 je suis désolé 》. Sans le prévenir, je le serre fort dans mes bras.

Moi- Tu es en vie !

Hiro- Loeiza... C'est de ma faute. Ce qui est arrivé à Kaori est survenu parce que je ne suis qu'un froussard. Ce déviant a déboulé et j'ai failli me faire engloutir. Kaori m'a poussé pour prendre ma place en m'ordonnant de m'enfuir. Je suis désolé, tout est ma faute.

Je serre davantage mon étreinte sur lui en essayant de retenir mon envie de pleurer. Je ne peux pas craquer devant lui, je ne veux pas le faire culpabiliser. Je retiens ma respiration avant de parler pour éviter d'être en sanglot.

Moi- C'est de la faute de personne, Kaori savait pertinemment ce qu'il faisait. Saisis la chance de vivre qu'il t'a offert. Vis en sa mémoire.

Lorsque j'ai fini ma phrase, je me détache d'Hiro pour m'en aller. Je marche rapidement tandis que les larmes que j'essayai de contenir coulent à flots sur mes joues. Sans que je ne m'en aperçoive plus tôt, je découvre que j'ai marché jusqu'à me retrouver devant le bureau de Livaï. J'entends des pas rapides se diriger vers moi. Lorsque les pas s'arrêtent, la personne se trouve à quelques pas derrière-moi.

Livaï- Je t'ai enfin trouvé. Dit-il quasiment à bout de souffle.

Je me retourne et m'empresse de me réfugier dans ses bras. Il accepte ce rapprochement en ne disant rien puis en serrant son étreinte sur moi. J'ai terriblement mal, si bien que j'ai la sensation d'exploser. Mes larmes se déversent abondamment sur mon visage. Soudainement, nous entendons une personne se diriger dans le couloir. J'allais me détacher de lui, néanmoins, il m'attire dans son bureau puis referme derrière moi. Je m'adosse contre la porte en ne le lâchant pas d'une semelle. Je ne voulais plus connaître ce sentiment de solitude à cause de la mort. J'espérais secrètement que nous soyons assez fort pour ne pas connaître cette situation. Javais sincèrement espoir que cela ne nous arrive jamais. Je m'agriffe à ses vêtements en ayant peur que lui aussi, il me laisse un jour seule. Je ne pourrais jamais l'accepter.

Moi- tu vas rester avec moi ? Tu promets de ne pas me laisser ?

Livai- tu ne te débarrassera pas de moi comme ça.

À l'entente de sa réponse, mon corps se relâche subitement dans ses bras. Je suis épuisée, je ne tiens quasiment plus debout. Toutes ces émotions ont pompé mon énergie.

Livaï- Tu devrais aller te reposer, tu manques de sommeil.

Moi- Je ne veux pas, je vais ressasser en boucle.

Je m'agrippe à lui si fort que même lui en ressent la douleur.

Livaï- Je suis sérieux, il faut vraiment que t'ailles te reposer.

Moi- Je ne veux pas être seule.

Livaï- Laisse-moi le temps de me changer et je te rejoins.

Je lâche la prise que j'avais sur lui pour l'observer. Ses vêtements sont crasseux et trempés par ma faute. J'allais m'excuser au moment où il essuie chaleureusement mes larmes de ses doigts.

Livaï- T'en fais pas pour ça. Allez, vas-y.

Je l'observe avant de lui tourner le dos de façon à pouvoir ouvrir la porte et sortir de la pièce. J'espère sincèrement qu'il me rejoindra d'ici ces quelques minutes. Je ne veux pas être esseulée. Je prends le temps de retirer mes vêtements sales et les remplace par des vêtements propres. Je m'assieds sur le bout de mon lit en regardant à l'extérieur. Je suis comme dans un état végétatif, mon cerveau essai de faire le vide pour éviter de me remémorer ces derniers épisodes de ma vie. Je me sens complètement apeurée à l'idée de me retrouver seule avec mes funestes pensées. Mon corps tremble au moment où Livaï entre dans la pièce.

Livaï- Ce n'est pas dans cette position que tu vas dormir.

Il s'assied à côté de moi en ne sachant pas quoi faire pour me rassurer. J'attrape son bras et l'entraîne avec moi pour s'allonger. Je me blottis contre lui et garde sa main contre-moi de façon à ce qu'il ne puisse pas se dérober. Son odeur et sa présence me tranquillisent. Malheureusement pour moi, je ne peux pas m'empêcher de ressasser les images que je souhaite éloigner de ma mémoire. Vite, que je m'endorme avant que les larmes ne reviennent.

Je ne pourrais décidément jamais encaisser si jamais Livaï disparaissait de ma vie.

Pour Ma Survie Et Celle De L'humanité (TOME 2) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant