Chapitre 72

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Isas prend mon avant-bras et me tire en courant.

- il n'y a plus rien que nous puissions faire, Eren et Sieg sont entrés en contact. Il faut partir immédiatement.

Les bruits des craquements et du choc des pierres sont des sons sourds accompagnés d'un souffle de vent tellement puissant qu'il est difficile de marcher et de respirer confortablement. En me protégeant de la poussière, je trébuche sur une pierre et cela réveille ma douleur au pied. Ce n'était vraiment pas le moment…

Soudainement, une voix me parle et finalement, je comprends que cette voix s'adresse à tous les eldiens et que c'est Eren qui en est à l'origine.

《 mon nom est Eren Jäger, je m'adresse à tous les descendants d'Ymir via le pouvoir du titan originel. J'ai rompu la pétrification des trois murs de Paradis et lancé à l'assaut tous les titans qui y sommeillaient. Mon objectif est de protéger la population de cette île qui m'a vu naître et grandir. Le reste du monde, lui, souhaite l'annihilation de Paradis, et ne s'arrêtera pas là. Il cherche à éradiquer l'intégralité de la descendance dYmir. Je ne laisserai pas ce souhait se réaliser. Les titans des murs vont quitter cette île et fouler au pied le reste du monde, jusqu'à en avoir exterminé la dernière trace de vie. 》

À nouveau dans la réalité, je prends sur moi et continue d'avancer, car si nous n'avançons pas, nous courons davantage le danger d'être piétinés par tous ces titans. Peut-être que si Isas n'avait pas été présent, je serais resté là-bas, à observer en étant subjuguée de voir tous ces titans avancer, imaginer l'immensité du désastre que court l'humanité toute entière. Isas avait raison, je n'ai fait qu'être l'émetteur entre les eldiens et les mahrs. J'ai sans cesse cherché à comprendre pourquoi. Pourquoi ces deux parties cherchent-ils la guerre ?  Pourquoi faut-il que d'innocents civils doivent en pâtir pour le choix d'autrui ? J'ai sans cesse voulu comprendre. Les marhs avaient-ils tort ?
En tant qu'eldiens, Ymir apportait la prospérité, mais aux yeux des mahrs, ils ont subi les atrocités des Eldiens en leur confisquant leurs terres, obligeant les femmes Mahrs à enfanter des Eldiens, dans le cadre de la Grande Épuration et tout cela pendant près de deux mille ans.
C'est alors par vengeance et par peur que les mahr nous ont fait payer. La peur a détruit plus de choses en ce monde que la joie n'en a créée. Mais alors, qui a raison et qui a tort ?

Je pousse un gloussement de nervosité et de fatigue ce qui surprend Isas qui se retourne vers moi suite à mon comportement impromptu. Croiser son regard me permet de comprendre que nous sommes près d'une forêt, à l'abri d'Eren ainsi de son grand terrassement et que la nuit est tombée.

- nous allons nous installer ici pour se reposer.

- pourquoi faire ? Tu souhaites laisser davantage de temps à Eren pour piétiner de nombreux innocents ?

- nous sommes tous les deux exténués, ce serait du suicide. Me répond-il calmement.

- si nous ne faisons rien, c'est la mort qu'attend le reste du monde.

- réfléchis deux secondes ! Quand tu jouais au caporal, tu avais le mérite de jouer ton rôle correctement. Alors même si ce temps est révolu, pense avec ta tête et agis avec méthodologie.

Je le regarde surprise par les mots qu'il a utilisés à mon égard. Il s'assoit sur ce qui semble être un tronc d'arbre et fixe le sol en joignant ses mains sur ses genoux.

- je suis sincèrement désolé Loeiza, mais il faut que l'on prenne une pause, auquel cas, nous ne tiendrons pas le coup. Du moins, je ne tiendrais définitivement pas le coup. Je t'avoue que tout ça me remue, je suis complètement perdu.

Je m'assieds à mon tour à même le sol en tailleur avant de prendre ma respiration pour parler.

- c'est moi qui m'excuse, j'ai moi aussi perdu la raison pendant quelques minutes et toi pendant ce temps-là, tu as sauvé notre peau. Je te remercie sincèrement.

Alors que le silence s'installe, laissant place au brouhaha au loin provoqué par les titans colossaux dans leur marche frénétique, Isas prend la parole.

- il y a quelque chose dont il faut que je te parle.

Alors que je m'apprêtais à l'écouter, nous nous faisons couper par un soldat accompagné d'un titan qui arrive au loin.

- alors là, ça craint. Ce sont des soldats Mahrs. Dis-je presque en chuchotant à Isas.

Nous nous mettons alors debout. L'homme nous met en joug avec son arme et nous ordonne de ne pas bouger. Isas passe devant moi en levant les mains en l'air en signe de paix et prend sereinement la parole.

- nous ne sommes pas ennemis, vous aussi vous cherchez à abattre Sieg, je vous ai vu tirer avec le canon d'artillerie.

- vous étiez sur le champ de bataille ? Demande l'homme surpris en nous dévisageant de haut en bas.

- je vous l'ai dit, notre but à nous aussi est de le tuer.

- vous ? Vous ne manquez pas d'air !

Il baisse finalement son arme et continue de nous observer intégralement. C'est alors qu'il prend à nouveau la parole.

- vous êtes qui au juste ?

- qu'importe qui nous sommes, nous devons joindre nos forces.

- joindre nos forces à de simples civils ? Vous vous moquez de moi.

Alors que je m'apprêtais à perdre patience, Isas positionne son bras devant moi et m'invite à faire la paix.

- il est vrai que nous ne serions certainement pas d'une grande aide, toutefois, si vous veniez à croiser le bataillon d'exploration, s'il vous plaît, faites preuve de clémence et soyez ouvert à la discussion. Demande Isas.

L'homme soupire longuement avant d'engager le pas pour repartir suivi du titan.

- décidément, vous êtes culottés.

Nous les regardons s'éloigner avant que je ne décide de rompre le blanc.

- pourquoi ne pas les suivre ?

- tu crois que l'on pourrait devenir utile au bataillon d'exploration ? Je veux dire, ton pied…

- vue sous cet angle, il est clair que moi je ne suis pas d'une grande aide, de plus, nous sommes dépourvus d'équipement tridimensionnel et n'avons plus les mêmes conditions physiques qu'auparavant. Or, ne faudrait-il pas tenter le coup ? Et puis, imagine que les négociations se passent mal avec le bataillon d'exploration.

- j'ai enfin retrouvé mon ancien caporal. Déclare-t-il en souriant.

- alors c'est décidé. On les suit furtivement.

Pour Ma Survie Et Celle De L'humanité (TOME 2) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant