15 Mai.

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Je me suis assise sur le banc vert de la plus haute des collines. J'avais cours cet après-midi, mais l'idée de profiter du soleil était beaucoup plus grande. J'ai toujours aimé regarder le paysage et les vues extravagantes.
Mon téléphone se met à vibrer. C'est ma mère.

Moi, timidement : « Oui ? »

Ma mère : «  Oui Ezia l'école m'a appelé, où est-ce que tu es encore ? »

Moi : « Euh.. » je toussote légèrement. « Je.. c'était pas un cours très important. S'il te plaît ne dis rien pour cette fois. »

Elle : « Tu sais très bien ce qu'on avait dit. Tu abuses trop ces derniers temps. Dépêche-toi de rentrer. »

Elle raccroche immédiatement. Comme toujours, elle ne cherche pas à m'écouter ou me comprendre. Je la vois déjà me disputer en rentrant. Je vais rester encore un peu pour repousser au plus cet événement désagréable.

Je parcours mon téléphone et défile ma galerie photo. Je crois qu'aucun téléphone ne puisse avoir autant de photo du ciel que moi. Je m'aperçois qu'entre quelques photos, mon père a laissé une dizaine de selfies de lui grimaçant. Je ricane en voyant son air enfantin. Je parie qu'il est fier de sa plaisanterie. Je lui envoie un message avec sa photo la plus ridicule.

Moi : « j'imprime ça en rentrant, je vais les coller sur les voitures du quartier. »

Il me répond quelques minutes après :

Mon père : « je vais t'enlever du livret de famille. »

Je rigole grossièrement.

Après avoir passé une vingtaine de minutes au soleil à contempler le paysage, je me décide enfin à rentrer et affronter mes problèmes. Je prends le métro qui d'ailleurs était particulièrement remplie au vu de l'heure de pointe. Je fais le trajet silencieusement, maussade à l'idée de me faire sermonner un énième fois. Je n'ai jamais réellement compris pourquoi ma mère se comportait aussi sévèrement avec moi. Elle est tout l'inverse de mon père qui lui arbore parfaitement l'image du farceur rempli de laxisme. Souvent, je me demande comment ils ont bien pu réussir à faire durer leur mariage avec des personnalités si opposées. J'imagine qu'il y a là un secret que je ne connais pas, ou du moins pas encore.

Je marche lentement les mains dans les poches, mon sac pendant sur mon épaule droite. Les humeurs de ma mère ont tendance à me déprimer. La jovialité de mon père contrebalance cette ambiance pesante.
Je souffle et entre ma clé dans la serrure. La chaleur de la maison parcourt mon visage et le bruit de la télévision se fait entendre.
Je me déchausse tranquillement et pose mon sac de cours à l'entrée. Rapidement la silhouette de ma mère fait son apparition devant moi.

Ma mère, d'une voix monotone  : « T'étais où ? »

Moi, calmement : « Au parc. »

Elle : « Tu crois pas qu'il y a mieux à faire que d'aller au parc ? ».

Je ne lui réponds pas, fixant un axe derrière elle.

Elle : « Réponds-moi Ezia ! »

Moi, sèchement : « Oui, tu as raison. »

Évidemment, elle n'avait pas raison. Mais pour ma paix intérieure, je me devais d'écourter le plus rapidement cette conversation.

Elle : « Quand est-ce que tu vas grandir un peu ? T'as plus dix ans ! » elle pose sa main sur son front lassement. « Toutes les semaines, j'ai quelque chose à te dire, tu n'écoutes rien et tu en fais qu'à ta tête. Regarde tes cousins et cousines de ton âge, tu crois qu'ils passent leur temps à sortir au lieu d'étudier ? »

Ezia - L'âme de mes larmes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant