Chapitre 1 - Fragments de sentiments.

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Ma tante : « Allez viens Ezia installe-toi, regarde, je t'ai préparé quelque chose à manger ».

La table était généreusement garnie. Ma tante savait recevoir, c'était indéniable.

Moi : « Merci tata fallait pas vraiment, et puis j'ai pas.. ».

Sofiye, me coupant : « Arrête de parler et mange ! Tu vois bien comme t'es maigre Ezia », elle ricane légèrement.

Je la regarde l'air de lui montrer mon agacement vis-à-vis des remarques sur mon apparence. Elle se contente de trouver la tête et m'ignore.

Ma tante : « Elle a raison Ezia tu dois manger, tu sais.. » elle marque quelques secondes de silence et affiche une mine plus triste, « malgré ce qu'il t'est arrivé.. Enfin, ce qui vous est arrivé.. Il faut pas que tu te laisses aller ma petite ».

Elle prend le plat au centre de la table et commence à remplir la totalité de mon assiette.

Elle : « Allez ! Mange ! Tu es une femme maintenant, elles sont où tes formes dis moi, comment tu vas plaire aux hommes comme ça ». Elle rigole grossièrement, convaincue par ses dires.

... : « Comment ça plaire aux hommes, tu as perdu ta tête ! ».

Une voix plus grave ce fait entendre au loin vers le couloir. Mon oncle fait son apparition devant nous.

Lui : « Personne dans cette maison ne plaira à qui que ce soit, laisse la petite tranquille », il tourne sa tête vers moi. « Comment ça va Ezia depuis tout ce temps ? ».

Moi, très timidement et à voix basse : « ça va, merci.. »

C'était un cauchemar, je voulais m'enterrer sur place. Toute l'attention était sur moi, on ne se souciait que de moi et surtout, on faisait de multiples réflexions sur ma personne. Je sais pertinemment que je ne pouvais pas reprocher aux gens d'avoir de la pitié à mon égard, en revanche, je ne pouvais pas nier à quel point cela pouvait m'embarrasser. J'en avais marre de devoir repenser à mon chagrin à chaque fois que l'on me demandait si ça allait. Mais, je ne pouvais pas leur en vouloir puisque au fond, il ne voulait que mon bien.

Cela dit, leur réflexion autour de mon poids commençait à m'agacer. C'était compliqué de devoir me contenir, mais j'avais juste envie de leur crier que mon apparence physique était le dernier de mes soucis. Et, puis plaire aux hommes ? Quelle ridicule suggestion. Mais, bon, cela ne m'étonnait pas vraiment venant de ma tante, il s'agit là de son sujet favori et elle pourrait en parler sous toutes les formes pendant des heures, à n'importe qui. Maintes et maintes fois, on avait eu à écouter l'histoire enivrante de sa rencontre avec son mari.

Je mange silencieusement pendant qu'ils continuent leurs discussions aléatoires.
Je m'éclipse au bout de quelques minutes pour aller dans la salle de bain faire mes besoins, mais aussi me retrouver avec moi-même quelques minutes.
Finalement quand je passe devant le miroir, je me surprends à m'arrêter. Mon corps se bloque et je reste figée devant la silhouette qui se dessine. Faiblement éclairée par la petite lumière jaunâtre de l'ampoule, je passe ma main sur ma mâchoire tracée. Je la descends, lentement, vers mon cou, et plus encore, vers mes clavicules apparentes. Désormais, je pivote l'entièreté de mon corps pour observer ma ligne de profil. Mon regard se pose sur chaque parcelle de mon corps, que je semblais tristement redécouvrir. Les pensées commencent à surgir quand ma main frôle mes fessiers quelque peu inexistant et surtout très plat.

Ezia - L'âme de mes larmes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant